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CEE : n’oublions pas le non résidentiel, rappelle Pierre Maillard, PDG d’Hellio

Publié le 17 juin 2022

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Alors que le dispositif des Certificats d’Économies d’Énergies (CEE) est à la peine ces derniers mois, Pierre Maillard, PDG d’Hellio, appelle à « doubler voire tripler » le niveau d’obligation pour relancer la rénovation énergétique, et plus largement à promouvoir davantage le dispositif auprès des secteurs de l’industrie, du tertiaire, de l’agriculture et des transports, qui restent les plus gros consommateurs d’énergie en France, loin devant le résidentiel.
CEE : n’oublions pas le non résidentiel, rappelle Pierre Maillard, PDG d’Hellio - Batiweb

Aujourd’hui, les aides à la rénovation énergétique rencontrent un fort succès auprès des particuliers. Mais qu’en est-il pour les secteurs non résidentiel ? L’industrie, le tertiaire, l’agriculture et les transports représentent en effet plus de 70 % des consommations énergétiques, contre moins de 30 % pour le résidentiel. Or, paradoxalement, le résidentiel représente aujourd’hui 70 % des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) générés, contre seulement 30 % pour le secteur industriel.

 

Recentrer le dispositif des CEE vers le non résidentiel

 

« Le dispositif des CEE s’est focalisé sur les économies d’énergie à destination du résidentiel », résume Pierre Maillard, PDG d'Hellio. « Pourquoi on en est arrivés là ? Il y a un côté communication et facilité de la prise de décision. Tandis que dans l’industrie, c’est un peu plus complexe, cela demande un peu plus d’ingéniosité, de travail, de calculs, d’intelligence financière, et d’accompagnement dans la prise de décision », explique-t-il.

Selon lui, les secteurs de l’industrie et du tertiaire s’intéresseraient toutefois aujourd’hui davantage aux économies d’énergie, notamment d’un point de vue financier, alors que les prix des énergies explosent depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le secteur du tertiaire devrait par ailleurs être de plus en plus incité aux économies d’énergie avec le décret tertiaire, imposant aux sites de plus de 1 000 m2 de réduire de 40 % leurs consommations d’énergie d’ici 2030.  « Tous les sites que nous accompagnons là-dessus sont perdus. Beaucoup confondent les différents dispositifs d’aides (CEE etc.) qui existent, avec les obligations du décret tertiaire. Mais finalement, c’est la même question : comment vais-je être incité et aidé pour réaliser ces travaux ? », souligne le PDG d’Hellio.

Dans ce contexte, faudrait-il créer de nouvelles aides plus ciblées à destination des secteurs de l’industrie et du tertiaire ?

Selon Hellio, pas besoin de créer de nouvelles aides. Il s’agit plutôt de miser sur les aides existantes qui fonctionnent, et d’accentuer les incitations ou « bonifications » à destination des entreprises. « Gardons les dispositifs qui existent et qui fonctionnent, et trouvons des systèmes d’incitations supplémentaires pour les secteurs industriel et tertiaire. Comme on l’a fait dans le résidentiel. Je pense que les bonifications sur ces secteurs-là peuvent être intéressantes si elles sont contrôlées et gérées par des cabinets d’audit et bureaux d’études qui vont pouvoir accompagner ces acteurs dans leur prise de décision et dans les calculs d’économies d’énergie réelles qu’ils auront post-travaux », estime Pierre Maillard.

 

Privilégier un interlocuteur unique

 

Sur ce point, le PDG d’Hellio appelle de ses vœux un « interlocuteur unique » pour simplifier les travaux de rénovation énergétique : « Il faut un accompagnement de A à Z par un interlocuteur unique, qui va être capable d’auditer, de préconiser des travaux, de suivre les travaux, de confirmer l’atteinte d’une nouvelle classe énergétique ou l’atteinte d’un niveau de réduction de consommations d’énergie ». Et d’ajouter : « Arrêtons de chercher à multiplier les acteurs, car tout le monde se défausse dès qu’il y a un problème, et au final, celui qui trinque c’est celui qui a voulu faire les travaux. Si on a un seul interlocuteur, c’est à lui de prendre ses responsabilités, d’avoir ses certifications, son assurance, ses garanties décennales, son bureau d’études, et de certifier l’atteinte d’économies d’énergie. Ce côté interlocuteur unique est à mes yeux le dispositif qui permettra une massification de la rénovation énergétique en France ».

 

« Doubler voire tripler » le niveau d’obligation des CEE

 

Enfin, alors que le cours des CEE est en chute depuis plusieurs mois et que le reste à charge augmente, Pierre Maillard appelle à « doubler voire tripler » le niveau d’obligation, pour le faire passer de 2 500 TWhc à 5 000 ou 6 000 TWhc : « Si le nouveau gouvernement, comme il l’a promis, veut accélérer ce côté « fleuron de la transition et de l’efficacité énergétique au niveau mondial » et qu’on soit le premier pays à avoir atteint nos objectifs de rénovation énergétique, il est indispensable d’augmenter le volume d’obligation qui est fixé par l’État. Il faut doubler voire tripler l’obligation dès maintenant pour rattraper le retard que l’on a pris ».

Et de conclure : « Tout le monde y gagnerait : celui qui lance les travaux, celui qui les fait, et celui qui les finance. Donc le citoyen, l’État, l’environnement… Il n’y a pas un seul maillon de la chaîne qui serait perdant, tout le monde serait gagnant ».

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier

Photo de une : Pierre Maillard

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