PLF 2026 : « prélèvements records » pour le logement social
Publié le 16 octobre 2025, mis à jour le 16 octobre 2025 à 17h15, par Virginie Kroun

Le projet de loi de finances (PLF) 2026, révélé le 14 octobre en Conseil des ministres, n’a pas tardé à faire réagir le monde du bâtiment.
Après la filière rénovation énergétique, au tour du logement social. L’Union social pour l’habitat (USH), fait les comptes à partir des premiers éléments dévoilés.
Premiers constats : « les ponctions opérées sur les organismes Hlm en 2026 atteindront un niveau record », lit-on dans leur communiqué.
Ce qui représenterait 550 millions de dépenses en plus et «750 millions d’euros de moyens en moins pour entretenir, rénover et construire». Les prélèvements prévus atteindraient les 2,175 milliards d’euros, voire un total de 16,169 milliards d’euros depuis 2017.
Vers une révision du RLS
Trois postes seraient concernés, dont les aides personnelles au logement (APL). Le programme 109 prévoyait 16,713 milliards d’euros en 2025 d’autorisations d’engagement. Un chiffre qui passerait à 16,112 milliards d’euros.
«Cette baisse est, en toute hypothèse, liée à une hausse de la RLS et donc du prélèvement sur le chiffre d’affaires des organismes Hlm. Depuis la loi de finances pour 2018, les organismes Hlm sont en effets contraints de compenser auprès des bénéficiaires le désengagement financier de l’État », décrypte l’union.
Le budget 2025 avait convenu de la réduction de loyer de solidarité (RLS), pour contrer l’impact sur « la capacité d’investissement des bailleurs sociaux » mais le PLF 2026 revient sur cette dynamique. Cela pourrait peser dans les charges financières des bailleurs sociaux.
Rénovation des logements sociaux : aucune aide affichée
« L’État confirmerait par ailleurs son désengagement dans le financement du Fonds national des Aides à la Pierre (FNAP), qui permet notamment la production de logements très sociaux », s’inquiète l’USH.
Les cotisations que doivent verser les bailleurs sociaux en compensation à la Caisse de Garantie du Logement locatif social (CGLLS) s’élèvent par conséquent à 375 millions d’euros. Soit une augmentation de 300 millions d’euros.
Que dire de la rénovation des logements sociaux et « changements de vecteurs » ? Fixés à 200 millions dans la loi de finances 2025, les montants prévus ne sont pas mentionnés dans le budget 2026.
Des dispositions jugées « inacceptables »
L’USH craint un « désengagement inédit de l’État », en particulier pour les Outre-mer. Les autorisations d’engagement logement descendent de 262 millions d’euros dans le PLF 2025 à 236 millions d’euros dans celui de 2026.
«La baisse porte essentiellement sur les aides à la pierre accordées aux organismes de logement social pour la construction et l’amélioration du parc (142 M€ sont fléchés aux organismes après 166 M€ en 2025) », est-il détaillé dans le compte rendu de l’USH.

Sa présidente, Emmanuelle Cosse juge ces mesures « inacceptables ». « Les montants considérables prélevés à la source sur les organismes Hlm depuis 2017 ne servent pas la politique du logement et vont se perdre dans le budget de l’État. Le débat parlementaire doit corriger significativement ce projet de loi de finances pour nous permettre de relancer l’économie », abonde l’ancienne ministre du Logement.
Elle appelle d’ailleurs le nouveau ministre du Logement et de la Ville, Vincent Jeanbrun, à « considérer que le premier combat à mener, en matière de politique du logement, est celui du budget ».
Reste à savoir si les débats entre parlementaires et exécutif sur le PLF 2026 rebattront les cartes…
Par Virginie Kroun