Logements sociaux : un dilemme entre construction et rénovation

Selon une étude de la Banque des Territoires, les bailleurs sociaux n’auraient pas les moyens suffisants pour concilier à la fois construction de 100 000 nouveaux logements sociaux par an et atteinte des objectifs de décarbonation que s’est fixés la France.
En effet, le parc social doit s’adapter aux exigences de la loi Climat et Résilience concernant la rénovation énergétique des logements, mais aussi à l’objectif de neutralité carbone de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) d’ici 2050.
Parallèlement, le mouvement HLM et le ministère du Logement ont signé en février dernier un pacte fixant un objectif de production de 100 000 nouveaux logements sociaux en 2025, dans un contexte de crise du logement et de hausse du nombre de ménages en attente d’un logement social.
Des objectifs inconciliables face au manque de budget ?
Toutefois, maintenir ce niveau de production dans les prochaines années nécessiterait de réduire le nombre de réhabilitations. Selon les estimations de la Banque des Territoires, cela plafonnerait les réhabilitations à 82 000 par an en moyenne, faute de budget suffisant.
Avec ce scénario, les logements présentant un DPE E, F et G seraient bien rénovés pour respecter les objectifs de la loi Climat et Résilience, mais ceux de la SNBC ne seraient qu’à moitié atteints en 2050.
Inversement, en privilégiant les réhabilitations du parc existant, seuls 46 000 logements sociaux neufs pourraient être construits chaque année.
« Le niveau de fonds propres des bailleurs sociaux ne permet pas de traiter à un niveau ambitieux les deux exigences qui pèsent sur le secteur », résume Kosta Kastrinidis, directeur adjoint de la Banque des Territoires.
Pour trouver un compromis, la Banque des Territoires propose de viser la création de 75 000 logements par an et de rénover 5,3 millions de logements d’ici 2050, sans pour autant totalement parvenir aux objectifs de la SNBC.
Par ailleurs, la branche de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) souligne que d’autres dépenses n’ont pas été prises en compte, telles que l’adaptation des logements au changement climatique face aux inondations et au retrait-gonflement des argiles (RGA), avec des travaux qui pourraient encore faire grimper la note.
Afin de trouver de nouvelles capacités de financement, l’organisme évoque la production d’énergies renouvelables, ou encore la création de logements intermédiaires, présentant des loyers plus élevés que dans les logements sociaux.
Par Claire Lemonnier