Réforme du DPE : le coefficient de l’électricité revu à la baisse dès 2026

Le gouvernement a officialisé une réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE), qui entrera en vigueur au 1er janvier 2026.
850 000 logements sortent du statut de « passoires énergétiques »
Selon l’arrêté publié au Journal officiel le 13 août, le coefficient de conversion de l’électricité passera de 2,3 à 1,9. Une évolution qui modifiera le calcul de la consommation énergétique des logements et qui sera plus favorable aux habitations chauffées à l’électricité. Cette mesure devrait permettre à environ 850 000 logements, aujourd’hui classés en F ou G, de sortir du statut de passoires énergétiques, sur un total de 5,8 millions de logements concernés.
Le Premier ministre avait justifié cette réforme en affirmant vouloir « corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité », pourtant moins émettrice de CO₂ grâce au nucléaire.
Les propriétaires n’auront pas besoin de refaire appel à un diagnostiqueur : l’actualisation des DPE existants pourra se faire gratuitement via la plateforme de l’Ademe. Il sera possible de télécharger une attestation de changement d’étiquette pour les diagnostics et audits concernés. Le passage au nouveau coefficient pourra faire gagner au maximum un cran sur l’échelle du DPE, allant de A à G.
Pour le gouvernement, cette évolution « envoie un signal fort en faveur de l’électrification des logements et de la sortie des chaudières fossiles ». La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a précisé qu’elle « favorisera un ciblage plus efficace des aides à la rénovation énergétique ».
Une réforme qui fait débat
Mais cette réforme ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les associations défendant le gaz. Jean-Charles Colas-Roy, président de Coénove, estime ainsi qu'avec « la publication de cet arrêté, nous avons l’exemple criant d’une décision arbitraire et contreproductive : pas de justification scientifique, pas de concertation réelle avec les professionnels et les sachants, aucune prise en considération des objections exprimées et un calendrier contestable en plein cœur de l’été ».
« Cette décision fragilise la crédibilité de nos outils scientifiques et réglementaires et brouille le signal envoyé aux ménages comme aux acteurs de la rénovation. Sortir artificiellement 850 000 logements du statut de passoires énergétiques aura des conséquences sociales majeures, fragilisant un peu plus les ménages en situation de précarité énergétique et les professionnels du secteur des bâtiments », poursuit-il.
À l’inverse, certaines voix saluent cette évolution. Brice Lalonde, président d’Équilibre des Énergies et ancien ministre de l’Environnement, a jugé la décision positive : « c’est une décision qui ne coûte rien au budget de l’État, qui ne pénalise aucun consommateur, qui encourage la décarbonation des logements et qui contribue donc à la protection du climat ».
Pour les fédérations de l’immobilier, la réforme va également permettre de maintenir dans le parc locatif des logements qui risquaient d’en sortir.
Ainsi, entre critiques et soutiens, la réforme du DPE cristallise les tensions.
Par Marie Gérald