« L'intérêt du particulier rejaillira sur l'intérêt de l'artisan », J-C. Repon

Durant son discours sur la dette publique, le Premier ministre François Bayrou a évoqué la nécessité de « renouveler la politique du logement », sans faire de propositions concrètes. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Christophe Repon : Pour nous, c’est novateur de voir un Premier ministre parler de la difficulté d'accès au logement et de mieux habiter son logement. C'est ce qui a été souvent absent dans les discours de politique générale.
La CAPEB a remis un rapport à la ministre du Logement en début d'été pour faire une trentaine de propositions, justement pour repenser l'accès au logement, que ce soit le passage du tertiaire au logement, etc.
Maintenant, bien évidemment que le vote de confiance pose problème, car si l'incertitude persiste dans un contexte économique compliqué, il n'y a pas une dynamique de confiance pour investir dans la rénovation ou le neuf.
Il faudra, quel que soit le verdict, qu'on ne recommence pas à convaincre tout le monde des propos et idées de la CAPEB qui vont, me semble-t-il, dans l'intérêt général des particuliers et de l'accès au logement.
La stabilité du gouvernement souhaitée par le secteur du bâtiment n’a pas empêché des coups de rabot sur le budget MaPrimeRénov’, voire sa suspension estivale pour les rénovations d’ampleur…
Jean-Christophe Repon : Je dirais que ce qui s’est passé sur MaPrimeRénov’ n’est certes pas satisfaisant, parce que les changements en cours d’année sont compliqués, mais cela s'inscrit dans une optique de budget révisé. Et l'optique du gouvernement, c'était de pouvoir servir le maximum de Français sur l'ensemble de l'année.
On nous a souvent expliqué la difficulté de la rénovation énergétique par le peu d'artisans compétents en France. Or, le nombre d’artisans RGE en France est stable depuis plus de deux ans quasiment. Le budget sur la rénovation de l'ampleur était bien trop généreux et pas très regardant. On a vu l'effet d'aubaine sur la rénovation de quelques-uns. Il faut le gommer et ainsi donner plus d'accès à cette dynamique à l'ensemble des particuliers, notamment les plus précaires.
Le remaquettage de MaPrimeRénov’ - c'est-à-dire la bonne utilisation de l'argent public pour une dynamique d'investissement des particuliers - est essentiel. C'est pour ça qu'on avait proposé le parcours de rénovation, qui a enlevé la problématique majeure du gros investissement.
L’artisanat du bâtiment fait de moins en moins de travaux de rénovation énergétique, alors qu'on a eu un budget qui a été quasiment capté dès le mois de juin 2025. Donc il y a un problème. Je ne sais pas qui fait les chantiers, mais ce ne sont pas les artisans.
En septembre 2024, période marquée par le flou politique en France, vous aviez appelé à une vision transpartisane de la politique du logement. Voyez-vous des évolutions depuis ?
Jean-Christophe Repon : On se confronte encore à des positions dogmatiquesde monogestes contre rénovation de l'ampleur, etc.
Au sein de la CAPEB, on essaie d'avoir un discours de réalité concrète économique du territoire et du pouvoir d'achat des particuliers sur l'ensemble du territoire. L'intérêt du particulier rejaillira sur l'intérêt de l'artisan.
Alors qu'un mouvement de grève s’organise pour le 10 septembre, sentez-vous un risque de tensions parmi les artisans du bâtiment ?
Jean-Christophe Repon : La CAPEB essaie justement auprès du gouvernement de porter des voix dans l'intérêt général. Si demain, la voix de la CAPEB, des TPE et des artisans n’était pas écoutée à leur juste valeur, on rentrerait dans un cadre de radicalité et d'énervement de l'ensemble des artisans sur l'ensemble du territoire.
Pour éviter cette radicalité, j'engage le gouvernement actuel et les futurs gouvernements à écouter tout particulièrement les TPE et les artisans.
Propos recueillis par Virginie Kroun