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PGE, prix des matériaux, factures énergétiques… B.Le Maire et O.Salleron font le point

Publié le 22 novembre 2022

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Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et Olivier Salleron, président de la FFB, se sont rencontrés lors des 24h du bâtiment. En première partie de leur discussion : les conditions de trésorerie des entreprises du bâtiment. L’occasion pour l’occupant de Bercy d’annoncer des mesures, notamment pour contrer l’explosion des factures énergétiques et des prix des matériaux.
PGE, prix des matériaux, factures énergétiques… B.Le Maire et O.Salleron font le point - Batiweb

Ce vendredi 18 novembre, se tenaient les 24h du bâtiment, évènement organisé par la Fédération Française du Bâtiment (FFB), « pour échanger, pour débattre, pour réfléchir à l’avenir de la profession », résumait son président Olivier Salleron. Après un échange avec Emmanuel Macron partagé dans la matinée, l'intéressé a enchaîné avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances.

Au coeur de ces échanges : les hausses des prix, tant sur les matières premières que sur les énergies, avec une multiplication par huit des prix de l’électricité sur les 24 derniers mois, selon la commission de régulation de l’énergie.

L’occupant de Bercy n’est guère étranger aux problématiques d’approvisionnement et plus globalement à la productivité des entreprises du bâtiment.

Factures énergétiques : un guichet d’aide aux entreprises simplifié

 

Dernière nouveauté annoncée par le ministre de l'Économie : la simplification du guichet d’aide au règlement des factures énergétiques pour les entreprises, y compris celles du bâtiment. Aussi bien destiné pour les factures de gaz que d’électricité, ce guichet allège ses démarches administratives, comme annoncé par le ministère de l’Économie et des Finances ce samedi 19 novembre. Prolongé jusqu’à fin 2023, le dispositif propose des aides d’un montant allant de 4 millions d’euros à 150 millions d’euros, selon la consommation énergétique.

Question cependant abordée par Olivier Salleron : les entreprises recourant au branchement électrique seront-elles incluses dans ces aides tarifaires ? « Toutes les entreprises qui ont des factures trop élevées, et qui ont un chantier de deux mois, trois mois, et qui paient la facture uniquement pour le raccordement et faire fonctionner la grue seront éligibles à ce guichet unique », répond Bruno Le Maire.

« En revanche, je vous le dis et d’une manière très directe : je ne pense pas qu’il sera possible de modifier les règles de l’Arenh [Accès régulé à l'électricité nucléaire historique, qui permet aux entreprises de bénéficier de tarifs avantageux dans leur contrat d’énergie, NLDR], dans les semaines qui viennent. Ce sont des règles qui sont très lourdes », complète-t-il.

Autre sujet abordé durant le débat entre le président de la FFB et le ministre de l'Économie : le lien entre l’explosion du prix de l’électricité et celle du prix du gaz - qui enregistre +35 % depuis deux ans sur le marché de gros. Or, comme l’évoquait Emmanuel Macron dans son entretien avec le président de la République, durant les 24h du bâtiment, la production électrique française se distance progressivement de la production gazière (7 %), de plus en plus connectée à la production nucléaire (76 %). 

Pourquoi dans ce cas ne pas décorréler ces deux productions ? « Nous voulons découpler le prix du gaz du prix de l’électricité. Simplement par que c’est absurde économiquement d’avoir un prix de l’électricité, qui dépend du prix du gaz. Et c’est absurde aussi écologiquement. On ne peut pas nous dire qu’il faut décarboner l’économie et indexer le prix d’une énergie décarbonée, l’électricité nucléaire, sur le prix d’une énergie carbonée, le gaz », reconnaît Bruno Le Maire.

Bémol évoqué par le ministre de l’Économie et des Finances : « Cela va prendre du temps parce que ce sont des négociations qui sont très difficiles. Ce n’est pas l’intérêt de pays qui ont encore du charbon ou du gaz, et qui du coup ne veulent pas ce découplage ».  

« La priorité absolue, du coup, c’est de faire baisser les prix du gaz, d’abord en trouvant d’autres approvisionnements, avec du GNL, on y arrive (…) par de l’achat groupé de gaz au niveau européen, pour qu’on puisse négocier les prix avec la Norvège, qui est un gros fournisseur », et ce dans les prochaines semaines, développe-t-il. 

 

La prolongation du PGE toujours autant défendue par Bercy

 

Le ministère avait déjà déployé, durant la crise sanitaire et les confinements, le chômage partiel, comme les prêts garantis par l’État (PGE), dont les délais de remboursement ont été allongés sous certaines conditions. Cette dernière mesure fait d'ailleurs l’objet de tensions entre les entreprises du bâtiment et leurs banques, qui craignent des défauts de paiement.

« Il y a quelques mois on avait dit "Avec les PGE, on va avoir une sinistralité de 7-8-10 % des entreprises" ». Seuls 0,6 % des entreprises ne sont pas arrivées à rembourser leur PGE. C’est un tout petit peu plus dans le bâtiment. On est très très loins des taux de sinistralités qu’on m’avait annoncés », compare Bruno Le Maire.

« On me dit ensuite il n’y a pas de notation pour les entreprises. 88 % des prêts garantis par l’État dans le secteur du bâtiment ont profité à de très petites entreprises, qui n’ont aucune notation à la Banque de France. Donc cette histoire de notation ne concerne que 12 % des entreprises. Et ensuite, quand je regarde ces mêmes entreprises qui sont notées à la Banque de France, pour toute sorte de raison : près de la moitié voient leur notation évoluer chaque année, ce n’est pas un drame », continue de décrypter l’intéressé.

« Ce goût qu’on a en France pour annoncer les catastrophes, qui finalement n’arrivent pas. Je préfère qu’on le remplace par un peu plus d’optimisme, de volontarisme et de détermination », conclut le ministre de l’Économie et des Finances. « Et si jamais vous avez une difficulté avec votre banquier, il y a un médiateur des entreprises, il y a un médiateur des crédits, il sont là pour régler vos difficultés », appuie Bruno Le Maire.


Vers la création d’un Observatoire des prix des matériaux 

 

Phénomène constaté en sortie de crise sanitaire, les hausses des prix de matériaux continuent d’aller de bon train, surenchéries par la guerre en Ukraine

« Il va falloir travailler sur la solidarité de la filière, surtout de nos fournisseurs », évoque notamment Olivier Salleron. Certes les annonces du vendredi soir actives le lundi suivant ont été remodelées avec certains fournisseurs, « mais ce n’est pas suffisant », estime le président de la FFB, dénonçant encore des effets d’aubaine courant 2021 et début 2022.

Si une charte de solidarité a été signée entre les acteurs du BTP et le gouvernement en juillet dernier, il convient selon Olivier Salleron de créer un observatoire dédié, avec le gouvernement. L'objectif ? Indexer les hausses des prix sur la réalité de la conjoncture, et même modérer les surprofits faits sur l’inflation. 

Réponse de Bruno Le Maire : « On va prendre la solution d’Olivier Salleron. Nous mettrons en place, au 1er janvier 2023, un Observatoire de l’évolution des prix des matériaux, pour s’assurer qu’il y ait une solidarité dans la filière et que personne ne fasse de profits sur le dos des petites entreprises ». 

Si une indexation des marchés publics a été possibles, y compris ceux remportés des années auparavant, qu’en est-il des marchés privés, avec lesquels les négociations demeurent « difficiles » et en « tête à tête », d’après le président de la FFB ?

En plus d’avoir assoupli les règles relatives aux pénalités de retard, « nous avons relevé le seuil des avances de 10 % à 20 % sur les marchés publics. Si tous les marchés faisaient la même chose en termes de trésorerie, je pense que ce serait une sacrée avancée », commente Bruno Le Maire, qui se dit prêt à réunir les représentants des TPE/PME et donneurs d’ordre privés sur le sujet. 

L’occupant de Bercy s’annonce également prêt à pérenniser les Assises du BTP. Censés durer courant septembre, ce grand rendez-vous entre le gouvernement les secteur du BTP pourrait devenir une rencontre régulière.

« Le secteur du bâtiment est un secteur extraordinairement complexe, avec des acteurs qui vont de l’entrepreneur indépendant et la très petite entreprise, jusqu’à des géants industriels au niveau mondial. Les intérêts ne sont pas les mêmes », justifie le ministre de l’Économie et des finances.  L’intéresse abonde : « Cela suppose, tous ces enjeux-là, toute cette complexité là, que nous nous voyons régulièrement. Et pour moi, une fois par an c’est bien le minimum pour qu’on tienne le cap, qu’on prenne les bonnes décisions et le bâtiment continue à se développer dans notre pays ».
 

Virginie Kroun 

Photo de Une : V.K

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