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Rénovation énergétique : quels chantiers pour la synergie entre public et privé ?

Publié le 06 mai 2022

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Ce vendredi 6 mai, Batiradio consacrait une séquence de son Rendez-vous du Mondial du Bâtiment à la synergie entre public et privé dans la rénovation énergétique des logements. Un enjeu on ne peut plus important dans la consolidation de la filière, et qui n’est pas sans défi.
Rénovation énergétique : quels chantiers pour la synergie entre public et privé ? - Batiweb

Ce n’est pas un projet qui remonte à hier. Favoriser les synergies entre les acteurs publics (collectivités, conseillers France Rénov) et privés (architectes, artisans du BTP), afin de massifier la rénovation énergétique des logements, est une mission lancée depuis déjà quelques années. 

Car s’il y a bien une finalité qui unit ces deux catégories, ce sont bien « les solutions qu’on apporte aux ménages », nous défend Giovanni Lecat, animateur délégué chez Thermorénov, association des spécialistes de la rénovation. « Ça passe par des solutions techniques, de process, d’organisation, de modes de contractualisation d’acteurs qui vont intervenir, et tout ce qui va y avoir en amont en termes de conception du projet, de l’aide en termes d’accompagnement, de conseil… » poursuit-il.

L’expert participait ce vendredi matin à un Rendez-vous du mondial du bâtiment de Batiradio, avec d’autres représentants de la filière.

Des échanges et des interrogations abordés sur cette synergie, on retient que celle-ci ne pourra fonctionner qu’à travers la collaboration, la confiance, et la connaissance entre différents acteurs. Mais quels enjeux se dégagent de l’union de toute la filière ?

S’adapter aux enjeux territoriaux de la rénovation 

 

Impulser et accompagner des projets de rénovation énergétique sous le même étendard présente d’abord, au public comme au privé, le défi de s’adapter au contexte territorial des travaux. En découlent ainsi des spécificités à prendre en compte dans la stratégie de synergie, du profil de la population (propriétaire ou pas, niveau de revenus...) aux caractéristiques du logement (collectif ou individuel, ancien ou neuf…) 

« Clairement, ce qui joue le plus, c’est la stratégie de collectivité », reconnaît Bérénice Le Fur consultante associée d’Atema Conseil, boite orientant l’action publique sur les questions d’habitat. « Il y a des collectivités, qui ont demandé à leurs espaces France Rénov, d’aller au-devant de la filière professionnelle, ce n’est pas le cas dans tous les territoires », développe l’intéressée. 

« Après, il y a des contextes de marché [de logements, NDLR] - je parle plus pour le maison individuelle -, qui font que quand on est dans une zone très détendue, par exemple, c’est difficile de vendre de la rénovation énergétique globale (…) Dans les zones très tendues, les artisans sont débordés », ajoute-t-elle.

« Et puis, il y a des tissus urbains, tout simplement aussi », abonde Frédéric Delhommeau, directeur habitat & rénovation de l’Agence Parisienne du Climat. « L’exemple caricatural, c’est celui de Paris. Le logement est souvent par réflexe comme un sujet maison individuelle. Si on habite à Paris, on est en copropriété dans 80 % des cas, et 20 % c’est du social. Donc ça change aussi l’approche », nous indique-t-il. 

Resserrer les liens entre professionnels dans la rénovation de copropriétés


Par ailleurs, l’enjeu de réunir les filières privées et publiques de la rénovation semble se corser côté propriétés. Il y aurait une plus grande « carence » des entreprises du bâtiment sur ce volet de l’habitat, nous rapporte Bérénice Le Fur. 

« C’est vrai que si on veut rénover les copropriétés, il va en falloir des maîtres d’œuvre, des bureaux d’études thermiques, des entreprises pour intervenir sur ces copropriétés. Ça reste une niche et il y a beaucoup d’acteurs de l’offre qui n’ont pas spécialement envie d’y aller parce que c’est plus compliqué. Donc ce travail de maturation et de participer à l’émergence d’un marché, c’est un bel exemple de synergie positive », défend la consultante associée d’Atema Conseil. 

D’autant que « la copropriété, c’est le plus petit niveau de démocratie au niveau locale, et la prise de décision en démocratie, c’est pas la même chose que quand on est tout seul à décider », résume Frédéric Delhommeau. Tracer une trajectoire de rénovation énergétique entre syndics de copropriété et voisinage se ferait donc plus difficilement que dans l’individuel. 

Et la dynamique se confirme à l’échelle des professionnels, qui comptent en déficit global environ 2000 intervenants à la rénovation énergétique. Surtout au sein des TPE-PME, qui n’ont pas forcément les moyens humains et matériels de gérer une telle demande.

Des histoires entrepreneuriales ont toutefois anticipé cette contrainte en s’associant. C’est le cas par exemple Rénov’Actif, filiale de la FFB Grand-Paris, qui crée des groupements d’entreprises, afin qu'elles candidatent ensemble aux projets. 

Inciter les artisans à s’allier à France Rénov’

 

Au-delà de s’associer, les intervenants conseillaient aux artisans du bâtiment, durant le Rendez-vous du mondial du bâtiment, de se connecter aux espaces France Rénov’ du coin. Ne serait-ce que pour valoriser leur projet, être guidé administrativement ou bien engranger d’autres projets de rénovation de logements. 

Lancé officiellement en janvier dernier, le dispositif, unissant toutes les aides à la rénovation, en est encore à ses balbutiements. Toutefois, un professionnel du bâtiment pourrait, selon les experts, réellement jouer un rôle de prescripteur et contribuer à sa notoriété, comme celle de ses conseillers. 

D’autres pistes afin de forger la synergie entre publics et privés existent. Pistes qui seront analysées par une enquête et discutées au sein d’un groupe de travail du Club d’amélioration de l'habitat, dès l’été prochain.

 

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 
 

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