David Adjaye : l’architecte ghanéen-britannique qui donne forme à la mémoire et à l’identité

“L’architecture n’est pas seulement une question de forme, c’est une question de culture et de justice.”
Une trajectoire entre Afrique, Londres et institutions mondiales
Né en Tanzanie en 1966 de parents ghanéens, David Adjaye grandit au Royaume-Uni. Diplômé de la Royal College of Art, il fonde Adjaye Associates à Londres en 2000.
Très vite, il s’impose comme une voix unique : politique, artistique et profondément enracinée dans les histoires oubliées.
Ses projets parlent de mémoire, de résistance, d’inclusion. Il ne conçoit pas pour flatter des élites mais pour donner une place visible à ceux qu’on a longtemps invisibilisés.
Une approche : l’architecture comme acte de réparation
David Adjaye pense l’architecture comme un outil de transformation sociale et symbolique.
- Et si un musée pouvait incarner 400 ans d’histoire afro-américaine ?
- Et si une cathédrale devenait un manifeste pour une nation unie ?
- Et si l’architecture racontait des récits que l’école ne transmet plus ?
Il mêle les matériaux locaux, les savoirs traditionnels africains et les techniques contemporaines pour créer une architecture hybride, entre modernité et ancestralité.
5 projets qui incarnent sa vision
National Museum of African American History and Culture (2016, Washington D.C.)
Un bâtiment emblématique de la mémoire afro-américaine.
Couronne inspirée des arts yoruba, structure en bronze perforé.
Construit sur le National Mall, au cœur du pouvoir symbolique américain.
Ruby City (2019, San Antonio, Texas)
Un musée d’art contemporain aux murs rouges en béton teinté.
Dialogue avec la terre locale et les traditions du sud des États-Unis.
The Stephen Lawrence Centre (2007, Londres)
Lieu d’étude et de mémoire en hommage à un adolescent noir assassiné dans les années 90.
Architecture de réconciliation, lumière et transparence.
Ghana National Cathedral (en cours, Accra)
Projet controversé mais hautement symbolique.
Fusion d’inspirations chrétiennes et ghanéennes, architecture de représentation nationale.
UK Holocaust Memorial (projet à Londres)
Un projet qui croise mémoire historique et message universel contre la haine.
Une figure respectée… et engagée
Adjaye est plus qu’un architecte. Il est un intellectuel, un artiste, un médiateur culturel.
Knighté par la Reine, il est aussi lauréat de la médaille d’or royale RIBA 2021, et professeur invité dans les plus grandes universités.
Il intervient dans les débats sur l’espace public, le post-colonialisme, la justice urbaine. Il utilise l’architecture comme une parole publique.
Une architecture ancrée dans le territoire
Il privilégie :
- Les matériaux locaux (bois, terre, béton brut)
- Les savoir-faire artisanaux
- La ventilation naturelle et la lumière diffuse
- Une économie formelle et énergétique
Adjaye ne se réclame pas “écologiste”, mais pratique une architecture sobre, enracinée, résonante.
3 choses à retenir
- David Adjaye donne une voix aux récits oubliés à travers une architecture forte et symbolique.
- Il croise culture africaine, enjeux contemporains et matériaux bruts.
- Il défend un urbanisme juste, inclusif et résolument culturel.
Par Camille Decambu