Francis Kéré : l’architecte de la terre crue, de la communauté et de la dignité

“Le bâtiment le plus durable est celui que les gens aiment, comprennent et peuvent réparer eux-mêmes.”
Une trajectoire entre Burkina Faso et Allemagne
Né en 1965 à Gando, un petit village du Burkina Faso sans eau courante ni électricité, Francis Kéré décroche une bourse pour étudier en Allemagne. Il y devient architecte à Berlin tout en gardant un lien fort avec son village natal.
En 2001, il y construit l’école primaire de Gando, son premier projet, avec de la terre locale et les habitants comme bâtisseurs. Ce bâtiment changera sa vie — et le regard du monde sur l’architecture africaine contemporaine.
Une approche : la participation avant la perfection
Kéré ne se contente pas de concevoir. Il co-construit avec les habitants.
- Et si les villages pouvaient bâtir eux-mêmes leur avenir ?
- Et si l’architecture moderne parlait le langage de la terre et du vent ?
- Et si le chantier devenait une école ouverte ?
Il utilise des matériaux locaux (terre, pierre, métal recyclé) et des solutions bioclimatiques : ventilation naturelle, toits ventilés, murs épais pour l’inertie thermique.
5 projets qui incarnent sa vision
École primaire de Gando (2001, Burkina Faso)
Toiture en tôle surélevée, murs en terre compressée.
100 % construite par les habitants. Prix Aga Khan 2004.
Centre de santé et de bien-être (Léo, Burkina Faso)
Combinaison de brique, ventilation et lumière naturelle. Hygiène, accessibilité, dignité.
Pavillon Serpentine (2017, Londres)
Structure circulaire en acier et brique d’argile. Evocation des arbres à palabres africains.
Assemblée nationale du Burkina Faso (projet avorté)
Architecture symbolique de la démocratie, avec tribunes publiques sur la façade.
École secondaire de Dano (Burkina Faso)
Intégration parfaite au site, construction participative, confort thermique optimal.
Une reconnaissance mondiale… enracinée dans le local
Francis Kéré est le premier architecte africain à recevoir le Pritzker (2022).
Il enseigne à Harvard, Yale, donne des conférences dans le monde entier, mais n’a jamais quitté son ancrage villageois.
Il incarne une architecture réparatrice, joyeuse, libre, à contre-courant du formalisme ou de la spéculation.
Une écologie de terrain
- Terre crue stabilisée
- Systèmes passifs (ventilation croisée, inertie thermique)
- Réutilisation des matériaux
- Zéro climatisation
L’écologie comme nécessité économique et culturelle
3 choses à retenir
- Francis Kéré construit avec et pour les communautés, en lien direct avec le climat et les savoir-faire.
- Il défend une architecture basse technologie, belle et accessible.
- Il prouve qu’un mur de terre peut valoir bien plus qu’une façade de verre.
Par Camille Decambu