Jeanne Gang : l’architecte américaine qui construit des ponts entre humains et écosystèmes

“L’architecture doit renforcer les liens sociaux tout en respectant le vivant.”
Une trajectoire entre biologie, design et engagement urbain
Née en 1964 dans l’Illinois, Jeanne Gang est formée à Harvard et à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. En 1997, elle fonde à Chicago son agence Studio Gang, aujourd’hui l’un des bureaux d’architecture les plus respectés des États-Unis.
Ce qui distingue Jeanne Gang : une approche interdisciplinaire où se croisent urbanisme, écologie, sociologie et design. Elle revendique un féminisme architectural, une attention au vivant, et une architecture relationnelle.
Elle ne cherche pas seulement à bâtir des bâtiments, mais à construire des relations entre les habitants, les espaces, les espèces.
Une approche : l’architecture de la cohabitation
Gang pense ses projets comme des écosystèmes.
- Et si une tour pouvait encourager les interactions humaines, au lieu de les isoler ?
- Et si un campus pouvait restaurer une rivière ?
- Et si une prison devenait un lieu d’apprentissage et de réinsertion ?
Chez Studio Gang, chaque projet part d’un diagnostic territorial et social. L’idée n’est pas de formuler une réponse formelle, mais d’activer des processus de transformation locale.
5 projets qui incarnent sa vision
Aqua Tower (2009, Chicago)
Une tour résidentielle de 82 étages avec des balcons ondulants pour maximiser lumière, vues et ventilation.
- Inspirée par les strates géologiques du Midwest.
- Design iconique + performance environnementale.
Beloit College Powerhouse (2020, Wisconsin)
Réhabilitation d’une ancienne centrale thermique en centre étudiant.
- Récupération des structures existantes, intégration de l’eau et de la lumière naturelle.
- Exemple fort de reconversion patrimoniale.
Nature Boardwalk at Lincoln Park Zoo (2010, Chicago)
Transformation d’un étang artificiel en écosystème urbain avec pavillon pédagogique.
- Projet à l’intersection entre architecture, paysage et biodiversité.
Arcus Center for Social Justice Leadership (2014, Michigan)
Un bâtiment circulaire en bois CLT, pensé pour l’égalité et la transparence.
- Volumes ouverts, dialogue entre les utilisateurs, matériaux locaux.
Solar Carve Tower (2020, New York)
Tour sculptée pour ne pas faire d’ombre sur la High Line.
- Optimisation de la lumière et de la ventilation selon la géométrie solaire.
Une voix féminine majeure dans l’architecture mondiale
Jeanne Gang est l’une des rares architectes femmes à diriger une grande agence indépendante et reconnue internationalement. Elle enseigne à Harvard, publie, milite pour la mixité dans le BTP, et participe à de nombreux concours publics à haute portée sociale.
Elle est aussi régulièrement classée parmi les 100 personnalités les plus influentes du Time Magazine.
Une écologie urbaine appliquée
Studio Gang met en œuvre une écologie concrète :
- Choix de matériaux à faible empreinte,
- Réutilisation de structures,
- Intégration de solutions passives,
- Création de corridors écologiques et de continuités paysagères.
L’architecture est au service d’un vivre ensemble soutenable, dans toutes les acceptions du terme.
3 choses à retenir
- Jeanne Gang conçoit des bâtiments comme des médiateurs sociaux et écologiques.
- Elle incarne une nouvelle génération de leadership féminin dans l’architecture internationale.
- Elle défend une architecture qui répare, relie et restaure l’environnement urbain.
Par Camille DECAMBU