Sou Fujimoto : l’architecte japonais qui conçoit les bâtiments comme des forêts

“Je ne cherche pas à contrôler l’espace. Je veux qu’il vive par lui-même.”
Une trajectoire entre théorie et légèreté
Né en 1971 à Hokkaido, Sou Fujimoto est diplômé de l’université de Tokyo. Il crée son agence en 2000 et se distingue rapidement par une approche minimaliste mais profondément expérimentale.
Il devient une figure de la scène architecturale internationale sans jamais renier une certaine forme de naïveté volontaire, assumant une architecture fragile, ouverte, inachevée.
Fujimoto ne s’inscrit ni dans la tradition monumentale ni dans le rationalisme technologique. Il cherche une troisième voie, entre nature et abstraction, espace et flou.
Une approche : l’architecture comme écosystème évolutif
Chez Fujimoto, chaque projet est une invitation à l’exploration libre.
- Et si une maison était transparente comme une serre ?
- Et si une tour devenait une canopée verticale ?
- Et si l’on abolissait les frontières entre intérieur et extérieur ?
Il définit son style comme une “architecture primitive du futur”, où les fonctions sont souples, les formes poreuses, et les limites toujours à redéfinir.
5 projets qui incarnent sa vision
House NA (2011, Tokyo)
Une maison entièrement vitrée, sans murs traditionnels, faite de plateformes suspendues.
Architecture radicale : pas d’intimité, mais un dialogue direct avec l’environnement urbain.
Pavillon Serpentine (2013, Londres)
Structure en grille blanche, presque immatérielle.
Un nuage de tiges d’acier où l’on circule librement.
Fusion entre design, sculpture et architecture.
L’Arbre Blanc (2019, Montpellier)
Tour résidentielle de 17 étages avec balcons saillants évoquant des branches.
Une canopée habitée, avec vue, lumière et air à chaque étage.
Projet co-conçu avec des agences locales, fortement végétalisé.
Musée de la culture populaire (Musashino Art University, Tokyo)
Bâtiment-labyrinthe fait de rampes continues.
L’architecture devient un chemin de découverte et de déambulation.
Toilettes publiques (Toilet Project, Tokyo)
Cabines en verre électrochromique devenant opaques quand occupées.
Réflexion sur la transparence, la confiance et le design urbain.
Une star discrète mais très suivie
Fujimoto est très présent dans les biennales, conférences et concours.
Il enseigne à Tokyo, construit autant en Asie qu’en Europe, et collabore avec des artistes, paysagistes ou scientifiques.
Il séduit par sa capacité à proposer des visions poétiques sans jamais tomber dans la démonstration formelle. Une voix douce mais radicale dans le paysage architectural mondial.
Une architecture douce, légère, naturelle
Sou Fujimoto mise sur :
- Des matériaux légers : bois, acier fin, verre
- Une ventilation naturelle, des lumières tamisées
- Des constructions adaptables, réversibles, souvent temporaires
- Un rapport sensoriel à l’espace et au climat
Il pratique une écologie de la subtilité, à mille lieues des grandes machines techniques.
3 choses à retenir
- Fujimoto pense l’espace comme une forêt à habiter, sans hiérarchie rigide ni cloisons fermées.
- Il conçoit une architecture sensorielle, douce et expérimentale, qui laisse place à l’usager.
- Il défend un futur habitable et naturel, à échelle humaine, entre design et liberté.
Par Camille DECAMBU