Crise des CAUE : liquidation du CAUE de la Manche, pétition, et pression parlementaire sur l’État

En octobre 2025, le CAUE de la Manche a été placé en liquidation judiciaire. Une pétition nationale a été lancée pour sauver les CAUE, tandis que des sénateurs interpellent l’État sur les erreurs de la réforme de la taxe d’aménagement.
Le signal d’alarme : le CAUE de la Manche en liquidation
Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Manche a été mis en liquidation judiciaire en octobre 2025, en raison d’un manque de soutien financier durable. Cette décision marque un tournant dans la crise qui affecte l’ensemble du réseau des CAUE, perçu jusque-là comme un service public de conseil territorial clé.
Une pétition lancée pour « sauver les CAUE »
Le 8 octobre 2025, une pétition intitulée « Les CAUE en danger ! » a été lancée pour alerter l’État et les départements. Elle réclame la mise en place d’un dispositif de soutien transitoire ainsi que le lancement d’une réforme structurelle du financement des CAUE. Au moment de sa publication, la pétition avait déjà recueilli près de 3 000 signatures.
Le rôle des parlementaires : intervenir pour empêcher l’effondrement
Parallèlement, des sénateurs de la Manche ont adressé une lettre au gouvernement, exigeant une réaction rapide face à la crise. Une question écrite déposée au Sénat par Agnès Canayer souligne la chute dramatique des recettes depuis la réforme de la taxe d’aménagement, avec un manque à gagner national estimé à 230 millions d’euros en 2024 par rapport à 2023.
La réforme de la taxe d’aménagement : le cœur du problème
Le financement des CAUE repose largement sur la taxe d’aménagement ; selon la Fédération nationale des CAUE (FNCAUE), cette taxe représente environ 80 % de leurs ressources.
La loi de finances 2022 a transféré la collecte de cette taxe à la DGFIP, mais des dysfonctionnements majeurs (retards, anomalies informatiques, défaillances de redistribution) ont été constatés. Le réseau évoque une diminution moyenne d’un tiers des ressources entre 2023 et 2025.
Dans certains départements, le budget du CAUE a été projeté à la baisse : en Gironde, par exemple, l’inquiétude portait sur une réduction de budget de 2 M€ à 500 000 €, avec suppression possible de postes.
Conséquences sur le réseau des CAUE : fragilisation et pertes d’effectif
Le manque de fluidité dans les versements affecte directement les capacités d’intervention des CAUE (conseil aux collectivités, animations, missions de sensibilisation). Certains CAUE ont déjà entamé des plans de licenciement, d’autres pourraient fermer.
La FNCAUE qualifie la situation de « catastrophique » et demande l’ouverture d’une mission spécifique pour corriger les dérives.
Réactions de l’État : promesse d’un groupe de travail
Face à la contestation croissante, le ministère de la Culture envisage la création d’un groupe de travail avec la fédération des CAUE, les ministères de l’aménagement du territoire et des finances. Ce groupe examinerait une refonte du cadre de financement et des missions des CAUE.
Certains évoquent également la constitution d’une cellule de crise pour assurer un soutien immédiat aux structures en difficulté.
Ce qu’il faut retenir (et ce qu’il reste à faire)
- Le CAUE de la Manche a été placé en liquidation — symbole d’une crise nationale.
- La pétition du 8 octobre met en lumière le ras-le-bol du réseau face à des finances instables.
- Des parlementaires interpellent l’État pour qu’un plan d’urgence soit activé.
- La réforme de la taxe d’aménagement, mal maîtrisée, est au cœur du dysfonctionnement.
- La réponse de l’État est attendue : l’institution d’un groupe de travail pourra être un début de solution.
Par Camille Decambu