Défaillances : encore et toujours, la construction fait de la résistance !

14 371. C’est le nombre de défaillances d’entreprises enregistrées en 3ème trimestre 2025 par le cabinet Altares. Soit une progression de 5,2 % par rapport au 3ème trimestre 2024, bien plus contenue que celle entre cette dernière période et le 3ème trimestre 2023 (+20 %).
Dans le détail, 14 300 ouvertures de procédures collectives ont été dénombrées sur cette période, progressant de 5 % par rapport au T3 2024. L’été 2025 « se conclut sur un record, avec un mois de septembre particulièrement difficile (+6 %) ».
Le mois de septembre refroidit les espoirs
«Depuis le début de l’année, 50 700 entreprises ont défailli, soit 1 600 de plus qu’à fin septembre 2024. En données glissées sur douze mois, nous franchissons la barre des 68 000 redressements ou liquidations judiciaires auxquels s’ajoutent 1 500 sauvegardes », abonde Thierry Million, directeur des études du groupe.
Et de poursuivre : « Le mois de septembre, loin de confirmer les frémissements de début d’été, a refroidi les espoirs d’un retournement. L'économie française est plongée dans un épais brouillard. L’incertitude est encore montée d’un cran, gelant les décisions d’investissement et d’embauche, même chez les dirigeants les plus aguerris. Néanmoins, rien n’est figé. Si la consommation des ménages reste atone, elle ne s’effondre pas. »
En chiffres, le mois de septembre concentre 6 800 des défaillances comptabilisées. Ce qui revient à la moitié. « Un volume en période de rentrée qui n’avait plus été observé depuis 2009, année de forte récession économique », commente Altares.
Des signaux positifs côté redressements judiciaires et procédures de sauvegarde
« Seul signal positif : le tiers des procédures sont désormais des redressements judiciaires ou procédures de sauvegarde favorisant le maintien de davantage d’emplois parmi les 52 000 menacés en ce 3ème trimestre », lit-on dans son communiqué.
Si les jugements en redressement et sauvegarde augmentent respectivement de 11 et 12 %, il peut s’agir d’un signal positif. « Elles permettent en effet à plus d’entreprises de disposer d’un délai complémentaire, de quelques semaines à quelques mois, pour préparer leur rebond ou cession et éviter la liquidation », est-il expliqué dans la conjoncture. Les liquidations judiciaires directes sont 9 700, augmentant « seulement » de 3 %.
« Certes, la question des droits de douane inquiète mais la capacité de résilience des entreprises n’est plus à démontrer. Malgré une activité économique ralentie, les comptes 2024 affichent encore une belle tenue », observe Thierry Million.
« Face à la montée du risque et des tensions sur leurs carnets de commandes, les entreprises ont été tentées d’allonger les délais de règlement avec des retards qui se sont envolés au-delà de 14 jours. Mais la situation se détend depuis le début de l’été. Autre indicateur encourageant, le taux d’impayés mensuels des PME (recouvrement des cotisations) calculé par les Urssaf est contenu sous 1 % », ajoute-t-il.
Sans compter une part d’assignations en redressement judiciaire passant de près de 35 % en 2019 à moins de 24 % en 2025. La prudence reste cependant de mise, pour que les entreprises puissent « renouer avec une dynamique de conquête, momentanément mise en pause ».
Côté construction, le gros-œuvre compense le second-oeuvre
Focus sur les TPE et PME, « qui constituent l’essentiel des défauts », mais aussi la majorité du tissu économique du bâtiment. Tension chez les TPE de plus de 5 salariés (+9 %), mais moindre comparée à celles de 10 à 19 salariés (+13 %).
Les PME de plus de 20 salariés s’alignent sur les tendances moyennes (+5 %), tandis que les microentreprises (moins de 3 salariés) – concentrant les trois quarts des défaillances – sont à 10 500 ce trimestre (+6 % vs T3 2024). Côté TPE de 3 à 5 salariés, les défaillances sont à 1 819, déclinant de 3 %.
Que dire de la construction, qui réunit le quart des procédures (3 505 défauts) ? Le secteur demeure mieux orienté que les autres depuis début 2025, avec +2 % face aux chiffres de l’été 2024.
Le bâtiment affiche 2 860 défauts au T3 2024 et stabilise. En témoigne l’activité gros-œuvre (maçonnerie, construction de maisons individuelles…), dont la baisse des défaillances (-4 % pour 998 défaillances enregistrées) compense la légère augmentation dans le second-œuvre (+4 % ; 1 685). Ce segment est notamment entraîné par les tensions dans le génie climatique et la menuiserie bois-PVC.
Côté travaux publics (TP), les entreprises « sont plus nettement dans le vert (175 ; -7 %) », malgré les « tensions dans les travaux de terrassement ».
« Les chiffres de l’immobilier sont plus clivés avec une tendance favorable en agences (202 ; -12 %) mais encore lourde en promotion (107 ; +45 %)», note Altares.
À l’échelle industrielle, le bilan plus lourd côté segment bois et matériaux de construction, qui affiche +13 % de défaillances.
Par Virginie Kroun