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San Siro sauvé… pour mieux renaître : Milan donne le feu vert à la vente historique

Publié le 30 septembre 2025
Mis à jour le 30 septembre 2025 à 16h27

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Le conseil municipal de Milan valide la vente du stade San Siro à l’AC Milan et l’Inter, ouvrant la voie à une métamorphose urbaine et sportive.
©Adobe Stock
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Après onze heures de débats houleux, le conseil municipal de Milan a voté en faveur de la vente du mythique stade San Siro à ses locataires historiques, l’AC Milan et l’Inter. Ce tournant ouvre la voie à une refonte complète du site, mêlant sport, urbanisme et patrimoine. Quel avenir pour « La cathédrale de béton » et le tissu urbain alentour ?

Un vote serré, un consensus décidé

Dans la nuit de lundi à mardi, le conseil municipal a approuvé la vente du stade et de ses terrains attenants (soit 28 hectares propriété de la ville) par 24 voix pour, 20 contre et 2 abstentions. La résolution comprenait pas moins de 239 amendements, signe des enjeux complexes qui pèsent sur ce dossier.

Le prix convenu : 197 millions d’euros pour l’ensemble du site, incluant le stade actuel et les parkings adjacents où les deux clubs souhaitent implanter leur nouvelle enceinte.

L’AC Milan et l’Inter ont aussitôt réagi via un communiqué commun, saluant « cette avancée historique et décisive pour l’avenir des clubs et de la ville », et en réaffirmant leur volonté de bâtir « un stade de niveau mondial destiné à devenir une nouvelle icône architecturale pour Milan et un symbole de la passion des tifosi ».

Un projet colossal : nouveaux stades, coûts et calendrier

Le nouveau San Siro doit compter 71 500 places et être livré en 2031. Le montant global estimé pour ce projet de refonte urbaine est d’environ 1,25 milliard d’euros, dont près de 707,9 M€ pour l’infrastructure sportive à elle seule.

Les cabinets d’architectes retenus sont Foster + Partners et MANICA, déjà impliqués dans plusieurs enceintes sportives de renom. Foster + Partners, par exemple, est également à l’origine du projet d’un nouveau stade pour Manchester United, conçu dans une logique durable et innovante (lire sur Batiweb).

Le programme prévoit aussi la transformation partielle de l’ancien stade en pôle mixte (bureaux, équipements sportifs, espaces verts), tout en intégrant un vestige classé du second anneau, à préserver pour sa valeur patrimoniale.

L’ancien San Siro : cathédrale ou ruine ?

Construit en 1926 et rénové plusieurs fois (notamment pour la Coupe du monde 1990), San Siro reste l’un des stades les plus emblématiques d’Europe, parfois qualifié de « cathédrale de béton ».

Mais pour les clubs, il ne répond plus aux standards modernes (loges VIP, espaces commerciaux, confort des spectateurs). La rénovation complète avait été envisagée, mais jugée trop coûteuse et peu viable.

L’option retenue : démolir jusqu’à 90 % de l’édifice tout en conservant une partie du second niveau classé, qui sera intégrée au futur projet. Une fois la nouvelle enceinte opérationnelle, l’ancien bâtiment devrait laisser place à un programme mixte mêlant immobilier, activités sportives, commerces et espaces verts.

Risques, oppositions et enjeux réglementaires

Plusieurs recours judiciaires — notamment de l’opposition municipale — pourraient ralentir le chantier, notamment en contestant le prix de vente jugé trop faible ou les conditions du processus.

Les contraintes patrimoniales sont également fortes : une partie du stade est classée, et le calendrier contraint crée une pression politique et administrative.

Par ailleurs, le financement — près de 1,25 Md€ — pourrait reposer sur des partenariats publics-privés, des prêts bancaires et des contributions privées.

Enfin, le choix de conserver une partie patrimoniale transforme l’exercice en véritable défi d’intégration architecturale : comment fusionner ancien et neuf dans un site dense et symbolique ?

Ce que ce projet signifie pour le secteur du BTP et de l’urbanisme

Pour les professionnels du bâtiment, ce type de chantier est un terrain d’innovations combinant architecture, génie civil, logistique, patrimoine et intégration urbaine. Le défi est d’autant plus grand qu’il s’agit de construire dans un site existant, en zone urbaine dense, avec des contraintes de circulation, de voisinage, et de patrimoine.

Des solutions techniques comme celles déployées lors de la Coupe du Monde 2022, où un stade avait été équipé des systèmes de désinfection BIO-UV Group, montrent comment les enceintes sportives peuvent aussi devenir des vitrines d’innovation technologique (lire sur Batiweb).

À l’inverse, des projets comme l’Eco Park Stadium, conçu en bois par Zaha Hadid Architects pour le club anglais Forest Green Rovers, illustrent une autre approche : celle d’un stade conçu comme un manifeste durable, entièrement pensé autour de matériaux écologiques (lire sur Batiweb).

Avec ce vote, Milan franchit un cap décisif : San Siro appartient désormais aux deux clubs, et le compte à rebours pour le renouveau urbain et sportif de l’un des sites les plus célèbres du football européen est lancé. Pourtant, les obstacles restent nombreux — juridique, technique, patrimonial, financier — et il faudra probablement plusieurs années avant que l’on puisse célébrer l’inauguration du nouveau stade.

Pour les professionnels du BTP, ce projet s’annonce comme un chantier exceptionnel en complexité et en innovation, capable de servir de référence en Europe pour les stades urbains du futur.

À retenir pour les pros : un chantier en site occupé, des contraintes patrimoniales fortes, un phasage serré, et l’opportunité de démontrer les savoir-faire en construction durable et urbaine.

 

Par Camille DECAMBU

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