Logements neufs : les chantiers rebondissent mais les permis décrochent
Mis à jour le 30 septembre 2025 à 17h20

La situation est paradoxale pour la filière construction. Les données Sit@del2 du SDES (Service des données et études statistiques) indiquent que 33 862 logements ont été autorisés en août 2025. Soit une baisse de 1,4 % par rapport à juillet après un repli de 5 % le mois précédent.
Ce décrochage intervient après un début d’année plus dynamique, sans pour autant compenser deux années très défavorables. Les autorisations restent ainsi à un niveau comparable à début 2023. Sur 12 mois glissants, 365 179 logements ont été autorisés, soit 14 % de moins que la moyenne des 5 années précédentes.
Le recul d’août est tiré par le logement collectif, alors que l’individuel progresse légèrement. Cette divergence illustre le décalage entre les typologies de logements : l’individuel souffre depuis plus de deux ans d’un tassement structurel lié aux coûts et au foncier, mais connaît ponctuellement des effets de rattrapage.
Rebond marqué des ouvertures de chantiers
Les mises en chantier quant à elles repartent fortement à la hausse : 30 192 logements en août, soit +21,5 % par rapport à juillet, après une petite hausse de 1,5 % le mois précédent. Ce bond concerne à la fois l’individuel et le collectif, donnant un coup de fouet temporaire à l’activité.
Pourtant, la tendance de fond reste négative : sur 12 mois, seules 272 785 mises en chantiers sont comptabilisées, soit 23,4 % de moins que la moyenne des 5 dernières années.
Dans le détail, l’individuel affiche une hausse mensuelle de 24,9 %, portée par l’individuel pur davantage que par l’individuel groupé. Mais le cumul reste très dégradé (-31,8 % sur un an).
Le collectif, y compris les logements en résidence, enregistre +19,3 % sur un mois, tout en demeurant en retrait de 17,4 % sur 12 mois, notamment du fait du recul des logements ordinaires.
Les permis s'essoufflent malgré un sursaut individuel
Les autorisations de logements individuels atteignent 11 928 unités en août, en légère hausse de 0,9 %, mais restent loin des standards récents : -25,3 % par rapport à la moyenne des 5 années précédentes.
À l’inverse, les autorisations de logements collectifs, résidences comprises, reculent de 2,6 % à 21 934 unités. La baisse résulte autant du collectif ordinaire que des résidences gérées, ces dernières résistant toutefois légèrement mieux en tendance annuelle.
La filière observe un décalage croissant entre les demandes locales de logement, le renouvellement du parc et les capacités de lancement opérationnel. Le rebond ponctuel des chantiers masque mal le déficit structurel d’autorisations qui pèse déjà sur 2026.
Une nouvelle méthodologie et de nouvelles réalités
Ces résultats sortent d'une nouvelle méthode statistique, depuis septembre 2025. L’objectif est de limiter les révisions ultérieures, fréquentes ces derniers mois en raison des délais de remontée d’informations.
Ce changement entraîne une révision notable des séries, notamment pour les mises en chantier. Entre 2022 et mi-2025, 51 700 logements en moins sont notés rapport à l’ancienne méthode. Les baisses sont particulièrement marquées en 2024 (-6,9 %) et au 1er semestre 2025 (-10 %).
L’individuel est le plus affecté, avec 36 800 logements retranchés depuis 2021, dont -12,5 % au premier semestre 2025. Le collectif ou les résidences ne sont pas épargnés : -13 700 logements sur 4 ans, concentrés particulièrement sur 2024 et 2025.
Par Jérémy Leduc