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Comment relever le défi de la rénovation énergétique ?

Publié le 09 octobre 2023

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Face au défi immense que représente la rénovation énergétique, les professionnels du secteur du BTP et de l’immobilier, ainsi que certains institutionnels et représentant de territoires, se sont mobilisés pendant deux jours, lors du forum Renodays, pour échanger sur l'accompagnement des ménages, la formation des élus, ou encore la sensibilisation des jeunes à ces nouveaux métiers.
Comment relever le défi de la rénovation énergétique ? - Batiweb

Malgré l’engagement de nombreux acteurs pour la massification des rénovations et le lancement de travaux par de nombreux Français, le nombre de rénovation globale n’est pas suffisant, avec seulement 100 000 rénovation globales enregistrées en 2022, alors que la France s’est fixé un objectif de 370 000 logements par an d’ici 2030. 

Pourtant, la France alloue plus de 8 milliards par an dans la rénovation énergétique. Alors comment faire pour accélérer la massification des rénovations globales et performantes, en accord avec les objectifs du gouvernement ?

 

Une question de confiance…    

 

Parmi les nombreux freins, on cite notamment le coût associé à la rénovation énergétique. Pourtant, de plus en plus conscients que les travaux de rénovation énergétique permettent d’induire des économies et malgré les aides, les Français trouvent ces travaux trop onéreux. « Beaucoup de foyers ne s’imaginent pas que c'est possible de pouvoir entrer dans un programme de rénovation de travaux et qu’il existe des dispositifs d’aides », souligne Alé Sall, directeur du programme France Rénov’ de l’Agence nationale de l'habiat (Anah).  

Ce dernier relève également une « méfiance » vis-à-vis du secteur. « Certaines personnes pensent que si elles font appel à un organisme public, on va finir par leur enlever la garde de leurs enfants ou qu’on va les placer en Ehpad », explique Alé Sall, qui souligne que le profil type est un foyer plutôt modeste, voir très modeste, âgé et vivant en maison individuelle.

Pour pallier ce problème, le réseau Éco-Habitat a mis en place des « étapes d’accompagnement », indique Franck Billeau, fondateur du réseau. La première vise à aller à la rencontre des personnes en situation de précarité énergétique. En effet, la spécificité du réseau est de s'appuyer sur un réseau de bénévoles (du Secours Catholique) pour accompagner ces ménages modestes pendant toute la durée du montage de dossiers de demande d’aide aux travaux et jusqu’à la fin du chantier. 

« Le bénévole apporte une forme de confiance et génère même une certaine part de rêve », confie Franck Billeau, qui prend l'exemple d’une famille que le réseau a accompagnée. « Lisa et son mari étaient tous les deux sans emploi au moment de déposer leur dossier à l’Anah, mais depuis l’accompagnement fourni et des travaux qui en ont découlé, Lisa est devenue conseillère municipale de sa ville et son mari a retrouvé un emploi. Tout ça pour dire qu’il y a une vraie corrélation entre la précarité énergétique, qui peut enfermer les gens dans une coquille, par honte souvent, et la vie sociale. Aujourd’hui, j’entends des grands-parents qui ont retrouvé le plaisir d'accueillir leurs petits-enfants, simplement car ils se retrouvent enfin dans un logement décent », témoigne-t-il.  

Grâce au réseau, « 120 familles ont pu être accompagnées dans leur projet de rénovation énergétique », se félicite Franck Billeau. 

 

… et de volonté politique ? 

 

Mi-juillet, la première ministre Elisabeth Borne annonçait une revalorisation du budget MaPrimeRénov’, qui passera à 4 milliards d’euros en 2024. « Aujourd’hui, la volonté politique existe. Il faut saluer les travaux entrepris par chacun, pleins de solutions émergent. Il faut se montrer optimiste sur ce qui fonctionne », a souligné Marjolaine Meynier-Millefert, députée de l’Isère et présidente de l’Alliance HQE-GBC.

Pour regagner la confiance, la députée invite à s’appuyer sur les acteurs de terrain et à remettre les collectivités au cœur du dispositif. « L’idée aujourd’hui, c’est de créer un réseau de proximité pour que les gens puissent trouver un soutien, notamment à travers les réseaux France Rénov’ », explique-t-elle, soulignant que « c’est à l’échelle communale et intercommunale qu’on veut développer des points de contact ». 

Mais face à la complexité des processus, la députée souhaite désormais une synergie entre tous les différents acteurs impliqués. « Il ne doit pas y avoir d’oppositions entre les politiques nationales et locales, mais au contraire, il doit y avoir une vraie coopération. Sinon, c’est comme ça qu’on se trompe », insiste-t-elle. 

Pour Thierry Repentin, maire de Chambéry et président de l"ANAH, les élus se sentent parfois dépassés par l’ampleur du défi. « On a la responsabilité d’expliquer ce qui n’est pas toujours agréable. Dans les opérations programmées d'amélioration de l'habitat sur lesquelles nous intervenons massivement les uns les autres, beaucoup de nos concitoyens sont persuadés que c'est une disposition prise par le maire où l'intercommunalité de ne plus pouvoir augmenter les loyers qui sont figés, de ne plus pouvoir les vendre, ou de les vendre quand il y aura une déclaration préalable de travaux. Ils pensent très souvent que ces idées viennent du Maire », poursuit-il, réclamant ainsi plus de pédagogie. « On a besoin d’une compétence technique à nos côtés pour nous accompagner, car chaque projet de rénovation est un cas particulier », souligne l’élu.

 

Mais surtout un besoin de formation

 

Des compétences qui ont besoin d'être développées, dans un cadre et par un accompagnement spécifique et spécialisé. En effet, aux ambitions liées à la loi Climat et résilience ou à la Stratégie nationale Bas-Carbone (SNBC) s'ajoutent celles sur l'évolution des métiers. 

Pour développer et massifier la rénovation énergétique, il faut « une attractivité de ces nouveaux métiers et professionnels performants », mais pour cela « il faut d'abord des formations adaptées », introduit Catherine Gillet, qui pilote le programme FEEBAT. Des besoins qui doivent être identifiés en fonction des lois, des normes, mais également en fonction de ce qui se passe sur le terrain. Un point essentiel selon Mme Gillet, qui précise que les modules du programme FEEBAT sont « définis à partir des expériences terrain et testés auprès d’élèves de CAP et Bac Professionnel des métiers du bâtiment ». 

Une sensibilisation qui peut « et qui devrait » se faire dès le collège, selon la pilote du programme, qui souligne que « c’est en étant dans le concret, en se déplaçant, et en rencontrant des professionnels qu’on touche à la sensibilité des jeunes qui finissent par se rendre compte qu’ils partagent les mêmes valeurs », poursuit-elle.

C’est d’ailleurs le secteur du bâtiment qui mobilise le plus de contrats d’apprentissage entre 2019 et 2022 avec 371 000 apprentis formés, dont 37 000 à la rénovation énergétique, et 5 % de femmes.

« Il y énormément d’outils qui ont été mis en place pour atteindre les objectifs fixés et être performants. Aujourd’hui, l’essentiel c’est d’informer toutes les entreprises artisanales qui sont le plus grand vecteur de formation. Il nous faudra du monde en plus, tant au niveau des apprentis que des formateurs », réagit Laure Vial, qui précise que pour y parvenir, « il faudra également intégrer dans les différents diplômes la dimension “efficacité énergétique” ». Une demande que la Capeb a déjà faite auprès du gouvernement.

Pour clôturer, Catherine Gillet exprime son intention de former 100 000 jeunes à travers le programme FEEBAT. « Une belle ambition » qu’elle veut mettre « au service de tous les métiers de la rénovation énergétique ».

 

Marie Gérald

Photo de une : ©Adobe Stock

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