ConnexionS'abonner
Fermer

RE2020 : Quels défis pour les industriels du bâtiment ?

Publié le 08 juin 2022

Partager : 

La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), entrée en vigueur en janvier 2022, accorde une place importante à la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. Toutefois, la réduction de cet impact carbone exige de nombreux investissements de la part des industriels du bâtiment. Quels sont donc les leviers qui les poussent à s’engager dans une transition environnementale, et quels freins rencontrent-ils dans leur démarche ?
RE2020 : Quels défis pour les industriels du bâtiment ? - Batiweb

Selon les Accords de Paris et de la loi Énergie-Climat, la neutralité carbone devra être atteinte en 2050 et l’augmentation de la température devra se limitée à +2°C d’ici 2100. 

Particulièrement engagés dans la décarbonation de leur production, Amaury Omnes, directeur général de Hirsch Isolation et Valentin Garnier, référent bas-carbone pour Soriba, sont venus témoigner de leurs expériences lors du tout premier webinaire organisé Kompozite, plateforme d’aide à la conception de bâtiment bas carbone.

Modifier les recettes des produits 

 

Chez Hirsch Isolation, une véritable démarche bas-carbone a été créée dans l’optique d’aboutir à un bilan environnemental positif. Le processus de fabrication du polystyrène expansé (PSE) est un processus plutôt sobre, sans additifs et sans grande transformation. Le plus gros impact pour ce procédé c'est sa matière première, à l'état brut.

C’est pourquoi, face à la RE2020, le spécialiste du polystyrène expansé s’est fixé deux objectifs, dont celui de trouver un polystyrène qui ne provienne plus d'énergie fossile. Lancé en 2020, le Cellomur Ultra ECA répond à cette démarche innovante puisqu’il est le premier né d’une nouvelle génération d’isolants PSE à faible impact carbone puisque ce dernier est réduit de 60 % par rapport à un isolant PSE « classique ».

Issue de déchets végétaux et forestiers européens, la fabrication de ce polystyrène est « un vrai pas en avant », commente Amaury Omnes, directeur général Hirsch Isolation. « Cette piste de remplacement de la matière première incarne la durabilité d’un polystyrène polluant à l'origine issu du pétrole », souligne t-il. 

Tout comme chez Hirsch Isolation, le plus gros émetteur de carbone des produits Soriba, « c’est la matière première ». En effet, dans la fabrication de béton, le ciment représente un poids carbone important (94 %). Pour diminuer son impact environnemental, le spécialiste de la préfabrication béton s'est attaché à modifier ses recettes pour inclure différents ciments, plus vertueux. « C’est le challenge d’aujourd’hui et de demain », note Valentin Garnier. « Les nouvelles réglementations environnementales sont des opportunités pour développer de nouvelles solutions », ajoute t-il. 

Pour contribuer à un bilan carbone positif, les industriels s’appuient également sur les FDES. Ces dernières constituent un outil essentiel pour l’évaluation de la performance environnementale des bâtiments. « On en a besoin pour maîtriser nos dates qui vont elles-mêmes valoriser le bas-carbone. Sans FDES, les fournisseurs seront indéniablement mis de côté », assure Caroline Moindrot, acheteuse préfas national pour Eiffage. « Les FDES sont les seuls juges de paix pour donner les valeurs carbone et les calculer dans le cadre de la RE2020 », affirme de son côté Valentin Garnier.

L'enjeu du recyclage 

 

En plus de diminuer l’impact environnemental, le recyclage permet d’éviter le gaspillage de ressources naturelles et d’énergie et de sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en matières premières. Il permet d'éviter chaque année en France l'équivalent de 20 millions de tonnes d'émissions de CO2, et constitue une vraie réponse face aux enjeux de la RE2020 et de la future Responsabilité Élargie du Producteur (REP). 

Chez Hirsch Isolation, le recyclage de déchets de chantiers a été mis en place en 2011, mais l’industriel fait savoir qu’il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. En effet, en accord avec le développement de la future REP, le spécialiste de l’isolation récupère désormais les déchets de ses clients. « On va récupérer les chutes et les coupes d’isolants pour les recycler dans la production », indique Amaury Omnes.

« Nous pensons que le recyclage dépasse l'intérêt individuel de chacun. C’est pourquoi, nous avons également décidé de nous appuyer sur le réseau national des recycleurs de polystyrène. À savoir que si un chantier est en cours dans l’est de la France et que nous ne disposons pas d’usines à proximité, les déchets seront automatiquement renvoyés vers un de nos partenaires recycleurs », explique-t-il. 

Seulement, le DG d’Hirsch Isolation est convaincu : avec la REP et l’affluence massive des déchets qui va suivre, les usines de recyclage vont saturer. C’est pourquoi, l’industriel a choisi d’investir dans ses propres usines afin qu’elles deviennent elles-mêmes des plateformes de recyclage et de compactage. 

Du côté de chez Soriba, l’industriel limite ses déchets à sa façon de concevoir. En effet, certains déchets peuvent être réintégrés dans les process de production, tels que les agrégats recyclés dans les formulations bétons. Toutefois, même si « cette démarche a du sens », selon Valentin Garnier, l’entreprise ne dispose pas d’assez de ressources locales pour pouvoir utiliser ce procédé de manière quotidienne.

« Avec la mise en vigueur de la REP, la gestion des déchets sera mieux faite et plus cadrée. Il y aura moins d’intervenants et donc moins de distance parcourue. Et la construction hors-site y prendra toute sa part », conclut Caroline Moindrot.

 

Marie Gérald

Photo de Une : ©Adobe Stock

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.