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Rénovation de l’habitat et passoires thermiques : quels défis pour demain ?

Publié le 23 janvier 2023

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Le groupe Xerfi vient de publier une étude portant sur la rénovation de l’habitat. Avec l’arrivée en 2025 de l’interdiction à la location de tous les biens étiquetés G, Xerfi s’est posé la question des défis qui nous attendent et des stratégies à adopter face à la réglementation des passoires thermiques.
Rénovation de l’habitat et passoires thermiques : quels défis pour demain ? - Batiweb

Avec les nombreuses aides proposées par l’État comme MaPrimeRénov’ ou les Certificats d'Écomines d'Énergie (CEE), la rénovation énergétique va jouer un rôle primordial, si ce n’est le principal, sur le marché de l’entretien-rénovation de bâtiments. Aujourd’hui estimé à 114 milliards d’euros (résidentiel et non résidentiel, avec les petits travaux), ce dernier va connaître en moyenne une hausse de plus de 4 % par an de 2024 à 2025, après un ralentissement en 2023, lié au recul des ventes dans l’ancien et aux pressions sur le pouvoir d’achat, d’après les experts de Precepta.

Les dépenses en entretien-rénovation pour le seul habitat devraient augmenter de 4,3 % par an en moyenne d’ici 2025, pour s’établir à 100 milliards d’euros, toujours selon ces mêmes experts. Une hausse 2,5 fois supérieure à celle de la décennie 2010. Le marché profite donc bien d’un coup de pouce lié à la transition énergétique.

Au total, près de 150 milliards d’euros seront nécessaires d’ici 2034 pour supprimer les passoires thermiques du parc locatif, dont 35 et 40 milliards avant la première grande échéance de 2025 (interdiction à la location de tous les biens étiquetés G). Les moteurs pour la rénovation des bâtiments tertiaires, industriels et commerciaux resteront, eux, aussi puissants à moyen terme. Les opérations de reconversion-réhabilitation vont être encouragées par les collectivités et peuvent se traduire par des associations entre promoteurs et investisseurs.

 

Massification des opérations de rénovation : un objectif trop ambitieux ?

 

Néanmoins, de nombreuses raisons portent à croire que les objectifs ambitieux d’éradication des passoires thermiques pourraient bien ne pas être atteints. Plusieurs propriétaires bailleurs rechignent à l’idée d’engager des travaux de rénovation, faute de rentabilité suffisante (coût des travaux par rapport à la valeur du bien). De la même façon, les opérations en copropriétés seront difficiles à mener (règles de décision et de priorisation des travaux curatifs ou d’urgence).

Un programme d'association d’aides directes (nationales et locales), propositions de financement du reste à charge, et innovations en matière d’ingénierie patrimoniale et financière, semble le seul moyen d’accélérer les opérations de rénovation de l’habitat en France.

Dans le logement, ce sont les ménages les principaux donneurs d’ordre, avec 90 % des dépenses, contre 10 % pour les bailleurs sociaux. Devant une demande toujours plus forte et une augmentation des obligations de rénovation, les entreprises du BTP vont devoir pallier le manque de main-d’œuvre pour atteindre l’objectif de massification des opérations ou au moins répondre aux besoins croissants des prochaines années.

Par ailleurs, il serait judicieux d’adapter les dispositifs d’aide aux besoins. Devant les dysfonctionnements de certains dispositifs comme MaPrimeRénov’, certains ménages en sont arrivés à renoncer aux aides. Une tendance qui a d’ailleurs fait émerger un marché de l’accompagnement.

 

L’accompagnement, un business en plein essor

 

Parmi les différents acteurs du marché de la rénovation, plusieurs lignes directrices se dégagent en termes de stratégie de croissance. L’accompagnement des ménages dans leurs démarches techniques et administratives est l’une d’entre elles. Les plateformes d’intermédiation tentent ainsi de se faire une place entre les artisans et les porteurs de projet de rénovation.

Des collaborations entre acteurs et distributeurs voient également le jour, afin de faciliter les parcours clients désireux d’accéder aux aides. Les négoces essaient d’apporter des solutions aux artisans en appui de leur prospection commerciale, permettant à ces derniers d’offrir une gamme complète. Enfin, les fabricants de matériaux, et autres acteurs de la construction, investissent pour se renforcer sur le marché de la rénovation.

De leur côté, les groupes de construction proposent des solutions pour gagner en efficacité dans les travaux, à travers l’industrialisation. Vinci Construction et Bouygues Construction ont par exemple conçu des offres pour réaliser des opérations d’envergure dans des délais très courts, en ayant recours à la préfabrication de panneaux isolants. Basées sur des référentiels faciles à dupliquer, ces démarches ouvrent la voie à un financement par contrats de performance énergétique.

 

Jérémy Leduc

Photo de Une : Adobe Stock

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