La filière électrique ne veut pas de la proposition de loi « Grémillet »

Le moratoire sur les énergies renouvelables continue de faire débat. L’Union Française de l’Électricité (UFE), syndicat de l’industrie électrique, a appelé les députés à rejeter la proposition de loi « Grémillet » sur le futur énergétique de la France.
« Au nom de l’ensemble de la filière électrique, incluant la production d’énergie nucléaire et renouvelable, les réseaux de transport et de distribution, ainsi que la fourniture et les services d’efficacité énergétique, nous vous appelons solennellement - mais à regret - à voter contre ce texte », indique l’UFE dans sa lettre ouverte aux députés.
Un texte loin de faire l’unanimité sur les bancs de l’Assemblée
Le syndicat estime que « plusieurs dispositions de ce texte risquent de compromettre notre sécurité d’approvisionnement et de déstabiliser le cadre réglementaire nécessaire aux investissements de long terme ».
Au cœur des préoccupations de l’UFE : l’adoption d’un amendement instaurant un moratoire sur le solaire et l’éolien qui constitue à ses yeux « un signal inquiétant et profondément contre-productif ».
Ce moratoire sur les énergies solaire et éolienne, les députés l’ont approuvé le 19 juin. Le RN est venu apporter un soutien massif à un amendement LR, face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes macronistes (EPR, MoDem, Horizons). Le texte, examiné en première lecture à l’Assemblée et qui doit être voté ce 24 juin, doit repartir pour une deuxième lecture au Sénat en juillet.
Dans une lettre distincte adressée aux députés, l’association professionnelle France Renouvelables leur demande également de rejeter le texte. « Ne laissons pas une minorité choisir le destin énergétique de tous, en contradiction totale avec l’intérêt national », affirme ce texte, également signé par plusieurs présidents de régions (Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Occitanie).
Suppression d’emplois, perte d’autonomie et manque d’ambitions énergétiques
La lettre met également en garde contre « 80 000 emplois menacés, une réindustrialisation hypothéquée et une confiance abîmée ».
L’UFE souligne de son côté que « toutes les technologies d’électrification sont nécessaires », les renouvelables comme le nucléaire, pour accélérer la sortie des énergies fossiles - le pétrole et le gaz - qui contribuent au réchauffement climatique.
« Chaque jour, la France dépense près de 180 millions d’euros pour importer des énergies fossiles, soit plus de 65 milliards d’euros chaque année versés à des puissances étrangères parfois hostiles à nos intérêts », note l’organisation.
Selon l’UFE, le moratoire ferait planer « un risque de contentieux et de sanctions » s’il devait mettre la France en contradiction avec ses engagements européens et internationaux en matière de développement des énergies renouvelables.
Paris est déjà dans le collimateur de Bruxelles pour ne pas avoir encore atteint les objectifs - fixés en 2009 - de compter 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale d’énergie en 2020. Et la France s’est encore fait épingler fin 2023 par la Commission pour avoir présenté un objectif de 33 % de renouvelables d’ici 2030, au lieu des 44 % exigés par une directive de 2018.
Par Jérémy Leduc
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