Polémique autour de logements sociaux à Paris

Situé au 37 avenue George-V, à deux pas des Champs-Élysées, un immeuble haussmannien de 3 600 m² cristallise les tensions autour du logement social dans les quartiers les plus huppés de Paris. Préempté en 2008 par la municipalité socialiste pour 17 millions d’euros, le bâtiment resté longtemps inoccupé doit désormais être transformé en 23 logements sociaux, mais aussi en sept logements privés, en surfaces commerciales et un centre médical. Une opération évaluée à 48 millions d’euros, dont le montant a suscité de vives critiques.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont dénoncé un coût dépassant deux millions d’euros par appartement, une affirmation reprise par l’opposition parisienne. « 48 millions d’euros pour 23 logements sociaux… plus de 2 millions/appart. Tout va bien », a ironisé sur X (ex-Twitter) Aurélien Véron, porte-parole du groupe Changer Paris.
La mairie de Paris défend une opération équilibrée
Face à la polémique, l’adjoint au Logement Jacques Baudrier a dénoncé une « fake news totale ». Selon lui, le calcul est trompeur : la Ville, qui avait acquis le bien en 2008 pour 17 millions d’euros, l’a revendu en 2023 au bailleur social Paris Habitat pour 40 millions d’euros, après plus de dix ans de procédures liées au droit de préemption.
Le coût final, en tenant compte d’une subvention municipale de 5 millions d’euros, s’élève ainsi à 22 millions d’euros, ce qui représente, insiste l’élu, un gain net de 18 millions pour la collectivité.
Le projet doit en outre générer des recettes pour Paris Habitat grâce à la revente de sept logements privés et à la mise en location de 560 m² de surfaces commerciales dans un secteur où les loyers sont parmi les plus élevés de la capitale.
Pour la Ville, cette transformation répond aussi à un impératif de mixité sociale dans un arrondissement qui ne compte que 3,9 % de logements sociaux. « Le logement social arrive aussi dans les beaux quartiers ! », s’est félicité Jacques Baudrier sur X.
Une publication qui a déclenché une pluie de réactions contrastées. Même la maire LR du 8ème arrondissement, Jeanne d’Hautesserre, a reconnu que l’opération ne représentait pas une perte financière pour la collectivité, tout en soulignant que ces futurs logements permettront d’accueillir des salariés du secteur hôtelier.
Par Jérémy Leduc