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MaPrimeRénov', REP... La CAPEB sonde les difficultés des artisans

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Publié le 04 décembre 2025, mis à jour le 04 décembre 2025 à 17h19, par Nils Buchsbaum


Une enquête de la CAPEB révèle les difficultés des artisans face à MaPrimeRénov’ et la REP. L'organisation appelle à une mobilisation nationale le 17 décembre.
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Ce jeudi 4 décembre, lors d’une conférence de presse tenue à son siège parisien, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) a présenté les résultats de sa consultation nationale menée auprès de ses adhérents, portant sur les dispositifs MaPrimeRénov’ et REP Bâtiment.

Plus de 5 000 artisans ont pris part à cette enquête, réalisée en novembre, dont l'objectif était de « fonder les positions de la confédération sur les retours du terrain », selon son président, Jean-Christophe Repon.

Dans un contexte d'instabilité politique et d’incertitudes budgétaires, cette étude veut offrir un éclairage sur les réalités vécues par les professionnels du secteur. Elle met en lumière, notamment, la manière dont les artisans perçoivent et utilisent MaPrimeRénov’, les impacts concrets de ces dispositifs sur leur activité, les difficultés rencontrées avec la REP Bâtiment, ainsi que leurs attentes pressantes en matière de simplification et de stabilité.

MaPrimeRénov’, un « dispositif essentiel »

 

L’étude révèle que 76 % des répondants interviennent sur le marché de la rénovation énergétique, et une très large majorité d’entre eux (88 %) comptent des clients ayant recours à MaPrimeRénov’ pour leurs travaux. Pour 20 % des entreprises concernées, ces chantiers représentent plus de la moitié de leur activité.

Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB affirme que « le dispositif est essentiel car il permet de déclencher des travaux de rénovation énergétique », en effet 79 % des artisans ayant participé à l’enquête estiment que l’aide MPR est déterminante pour leurs clients.

Cependant, parmi les entreprises interrogées qui utilisent MaPrimeRénov’, 46 % déclarent rencontrer des problèmes de trésorerie liés aux délais de paiement. Les récentes évolutions du dispositif ont également pesé sur leur quotidien, 62 % évoquant une perte d’activité et 51 % un temps important perdu à rechercher des informations telles que les critères d’éligibilité.

Les entreprises qui ne recourent pas à MaPrimeRénov’ avancent des raisons largement partagées. La surcharge administrative est citée par 91 % d’entre elles, la complexité des dossiers par 83 %, et l’instabilité du dispositif par 74 %.

Face à ce constat, les artisans expriment des attentes nettes. Pour 41 % des sondés, la CAPEB devrait défendre le remplacement de MaPrimeRénov’ par un outil plus simple, tandis que 31 % préfèrent une réforme construite avec l’avis des professionnels.

La CAPEB affirme que son enquête montre que les artisans souhaitent le maintien d’un soutien public à la rénovation énergétique, mais « dans une version simplifiée, stable et co-construite avec eux ». Le syndicat plaide notamment pour une réintroduction de certains monogestes dans le dispositif, jugés indispensables pour les ménages modestes et les interventions d’urgence.

Il appelle aussi à repenser le déroulement des chantiers en instaurant un « parcours de travaux » permettant une rénovation progressive, à alléger les démarches d’accès aux aides, à garantir la fiabilité des paiements, ainsi qu’ « une réforme profonde du RGE afin que le plus grand nombre d’entreprises artisanales du bâtiment puisse contribuer à la massification des travaux de rénovation énergétique ».

La REP passée au crible

 

L’enquête de la CAPEB s’est aussi penchée sur le sujet de la REP PMCB. La mise en place de la filière n’a pas modifié les pratiques : 88 % des artisans n’ont pas changé de point de collecte. De plus, 89 % ne constatent aucune simplification de la gestion des déchets et 88 % aucune réduction des coûts.

Les déchetteries publiques demeurent le principal lieu de dépôt pour les artisans sondés, 43 % d’entre eux déclarent y apporter leurs déchets. Lorsque des déchetteries professionnelles existent à proximité de leur activité, les entreprises sondées jugent qu’elles sont bien adaptées.

« Depuis que l’on paye l’éco-contribution, rien n’a changé, on paye et pourtant nous n’avons pas un meilleur service que par le passé » s’est désolé Jean-Christophe Repon.

La CAPEB appelle à « la mise en place d’un maillage territorial renforcé », conçu au niveau local, en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés et accompagné d’une harmonisation des règles dans l’ensemble des points de collecte. Elle réclame également la fin de la pré-inscription et la création d’un outil national unique regroupant toutes les démarches.

 

Une mobilisation inédite devant les préféctures

 

Autre annonce marquante lors du point presse : la CAPEB appelle pour la première fois à une mobilisation nationale des artisans le mercredi 17 décembre. Les professionnels du secteur sont invités à se rassembler devant les préfectures de chaque département pour faire entendre leur mécontentement et réclamer « des dispositifs publics simples, stables, accessibles », sous le mot d’ordre « Vos décisions ne sont pas des cadeaux, y’en a marre ! ». Des déchets seront déposés ainsi que « des arbres de doléances accrochés aux grilles des bâtiments adminisratifs ».

Cette mobilisation inédite a pour objectif de pousser le gouvernement à réformer le dispositif MaPrimeRénov’ afin d’en élargir l’accès, de réintroduire les mono-gestes exclus et « d’accompagner les ménages pour sécuriser les financements ». Jean-Christophe Repon souligne qu’« on ne peut pas nier que MaPrimeRénov’ est essentiel à la dynamique des travaux de rénovation énergétique, mais le dispositif doit être réformé. L’accès au marché doit être ouvert à un plus grand nombre d’entreprises. Aujourd’hui, seuls 55 000 peuvent en bénéficier. »

La CAPEB souhaite également que le dispositif de reprise des déchets soit repensé en tenant compte des pratiques et des besoins des artisans et interpelle l’État sur « le nécessaire accompagnement de la transformation des micro-entreprises vers un régime de droit commun ». En d’autres termes, le syndicat dénonce une concurrence jugée déloyale, liée notamment à la hausse du seuil de franchise en base de TVA pour les micro-entreprises.

Par Nils Buchsbaum

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