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Nouvelle usine, rénovation, croissance… Point de situation de Rockwool

Publié le 07 mai 2025

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Lors d’un échange presse, Rockwool nous a livré ses impressions sur différents dossiers en France : son projet d’usine dans l’Aisne, ses perspectives pour 2025 voire la place de l’isolation dans la rénovation énergétique en France. Le point.
Nouvelle usine, rénovation, croissance… Point de situation de Rockwool - Batiweb

Rencontre le 6 mai avec Rockwool, spécialiste de l’isolation en laine de roche. L’occasion de discuter de divers sujets préoccupant l’industriel d’origine danoise. 

D’abord, focus sur un dossier fleuve : l’épineuse construction de son usine à Courmelles (Aisne), dans l’agglomération du Grand Soissons. À la clé : 130 nouveaux emplois voire « plus de 300 emplois au niveau régional et on a fait les calculs, au niveau national c'est plus ou moins 1000 emplois. Parce que ce n'est pas que de la fabrication, c'est aussi l'utilisation ultérieure de la laine de roche dans le bâtiment. Donc oui, la richesse est là », expose Rafael Rodriguez, directeur général de Rockwool pour l'Europe du Sud-Ouest. 

À quand la construction de l’usine de Soissons ? 

 

Le projet remonte à 2018, avec une première autorisation de l’intercommunalité pour racheter les terrains en 2019 et l’aval du maire de la commune à l’époque, Yvon Van Mello. Cependant, ce dernier décède à la fin de la même année, puis est succédé en 2020 par Arnaud Svreck. 

Le nouvel édile a montré son hostilité au projet, via un arrêté le 1er mars 2021, refusant le permis de construire déposé par Rockwool. Arrêté par la suite annulé en première instance en décembre 2022 par la cour d’appel de Douai, face aux doutes sur l’impartialité du maire. Selon France 3 Hauts-de-France, la ferme du maire situe à proximité du projet d'usine, comme l’activité de son fils maraîcher.

Or, il n’y aucune pièce prouvant l’intérêt personnel derrière l’opposition du maire. De plus, la Cour administrative d'appel (CAA) a souligné que le projet industriel de Rockwool dépasse la hauteur maximale autorisée dans le plan local d’urbanisme (PLU), comme relevé dans l’arrêté municipal. Sans compter les inquiétudes sur la salubrité du chantier, car habitants et médecins du Soissonnais redoutent son impact sur la qualité de l’air (rejet de poussières et de produits comme les phénols, les formaldéhydes et l'ammoniac). 

« D’autres procédures lancées par des associations de protection de l'environnement et de la santé publique sont encore en cours d'instruction. Elles dénoncent des irrégularités dans les études d'impact commandées pour déclencher ces procédures administratives », apprend-on dans le reportage de France 3 Hauts-de-France. 

Rockwool défend son enquête publique, préalablement menée avec différents volets : transport, l'impact sonore, le rejet de la cheminé. Une démarche volontaire et non-obligatoire, selon l'industriel, car le seuil d’investissement s'élévait à l’époque à 150 millions d'euros, avant de gonfler face à l’inflation. « On applique les meilleures technologies disponibles, c’est-à-dire qu’il n'y a pas de problème de santé. En plus, Courmelles est suffisamment éloignée, à 1,5 km de l’usine », soutient Rafael Rodriguez, en indiquant le projet de construction a reçu l’approbation par des structures dont l’Agence régionale de santé (ARS).

D'autant qu’il s’agit l’usine s’érigera sur une friche, dans une zone aménagement concertée. « Nous n’allions pas changer la classification. L'option finalement retenue a été celle des Soissons, parce que logistiquement cela fait beaucoup de sens. Nous ne sommes pas très loin de Paris et le Nord-Est », assure le directeur général de Rockwool pour l'Europe du Sud-Ouest. 

Rockwool attend pour l’heure une décision du Conseil d’État « d'ici la fin de l'année », espère M. Rodriguez. « Si c'est négatif, on a déjà réalisé un nouveau permis de construire, donc on continue avec cette démarche. Si c'est positif, ça veut dire que la décision va arriver à la cour d'appel, et la cour d'appel va renvoyer au tribunal administratif et que la mairie doit rendre l’avis favorable d’ici trois mois », détaille-t-il. 

Le tout pour commencer le chantier début 2026 et pour une usine opérationnelle en 2028.

Rockwool toujours confiant dans la stabilité de son activité 

 

La nouvelle usine de Soissons permettrait de renforcer son maillage industriel, aux côtés de son site de Saint-Éloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). Il ne serait pas loin de régions d’approvisionnement en minerais, telles que les Ardennes. À noter que le projet industriel prévoit de produire avec 50 % de matières recyclées. Et Rafael Rodriguez de préciser : « On peut réutiliser tous les déchets de laine de roche pour alimenter le four électrique », autre spécificité technique prévue par Rockwool à Soissons. 

« Je pense qu'avoir le mix nucléaire et renouvelable en France, c'est un atout », commente le directeur général pour l'Europe du Sud-Ouest de la marque. D’autant que le chantier du site de Courmelles vise 100 000 tonnes de laine de roche produites, pour 300 000 tonnes de fabrication à l’échelle française.

Dans le pays situé dans le top 3 de ses marchés, Rockwool table sur une activité stable en 2025, par rapport à 2024. « Pour l'instant, on peut dire que l'activité tient par la présence de Rockwool en rénovation », détaille M. Rodriguez. 

Le fabricant d’isolation en laine roche peut se permettre d’espérer, compte tenu des enjeux de réindustrialisation mais aussi de performance énergétique en France. En témoignent les mesures d’interdiction à la location des passoires thermiques voire le décret tertiaire.

N’oublions pas la directive européenne pour la performance des bâtiments. De quoi encourager le vaste chantier de rénovation, dans lequel l’isolation a toute sa place. À partir de 2030, cette activité va exploser, selon Rodriguez : « L’ADEME parle d'entre 2 et 4 fois plus d'activités en termes d'isolation en France », rappelle-t-il.


Plus de stabilité nécessaire pour la rénovation énergétique 

 

Une part de sérénité sur le plan économique, malgré l’incertitude déclenchée par les conflits géopolitiques. Reste à surveiller l’impact des décisions de droits de douane américains sur les taux d’intérêt, qui peut enrayer les achats dans l’immobilier ancien et les travaux de rénovation énergétique. Rafael Rodriguez confie toutefois un besoin d’un meilleure stabilité politique

Les coupes budgétaires comme les changements de règles sur les aides à la rénovation énergétique sont troublantes, « pour les industriels et pour les artisans », selon Matthieu Biens. « Nous, [les industriels], on arrive à se projeter dans le futur et avoir cette vision sur le long terme et à canaliser. Pour l'artisanat du bâtiment, c'est une autre paire de manche de pouvoir s'adapter à des changements assez rapides », poursuit le Directeur du Marketing et du Développement de l’Europe du Sud-Ouest chez Rockwool.

D’où l’existence l’accompagnement que la marque propose, à travers son centre de formation comme son dispositif Rénov' by Rockwool.

« Une chose qui m'a rassuré, c'était le discours de François Bayrou [le 28 avril 2025] sur la souveraineté énergétique, en disant que la base de la pyramide c'est l'isolation », tempère également Rafael Rodriguez.



Côté construction, la RE2020 a poussé Rockwool à innover des ces process de calcul d’impact carbone.

Sans compter un nouveau projet d’ordre technique, à l’échelle française. Pas plus de précision pour l’heure, si ce n’est qu’il sera officialisé avant l’été 2025. Affaire à suivre…

Par Virginie Kroun
Photo de Une : Rockwool

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