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Recyclage des chauffe-eaux : un centre pour dépolluer des mousses isolantes

Publié le 23 juin 2025

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L’éco-organisme ecosystem a lancé le 6 mai sa première unité de dépollution des chauffe-eaux en fin de vie, sur le site de Decons dans la Vienne. Objectif : extraire et neutraliser les gaz fluorés contenus dans les mousses isolantes des anciens appareils. Cinq autres centres doivent suivre d’ici 2026. Décryptage.
Recyclage des chauffe-eaux : un centre pour dépolluer des mousses isolantes - Batiweb

Le 6 mai dernier, sur le site industriel de Decons au Vigeant (Vienne), l’éco-organisme ecosystem a inauguré un centre de dépollution des mousses isolantes pour les chauffe-eaux en fin de vie. 

Sa capacité de traitement : 15 000 tonnes par an. Cinq autres unités similaires doivent ouvrir en France d’ici 2026, dont la prochaine à Lesquin (Nord) le 25 juin, pour un total d’investissements de 60 millions d’euros. 50 millions sont financés par ecosystem et 10 millions d’euros par les fabricants, dont le groupe Atlantic

« On a rehaussé nos écotaxes pour permettre à ecosystem de financer ce projet », nous confie Isabelle Savidan, directrice RSE du fabricant.

Capturer les gaz fluorés dans les mousses des anciens chauffe-eaux

 

Projet qui part d’un constat : d’anciens chauffe-eaux – entre 20 et 30 ans – peuvent impacter l’environnement, s’ils sont mal valorisés. 

D’après ecosystem, des milliers de ballons d’eau chaude sont en fin de vie. « Ils sont alors soit déposés en déchetterie par les particuliers eux-mêmes (dans 10 % des cas), soit repris par des professionnels de la récupération, qui les rachètent aux artisans-plombiers après leur intervention chez les particuliers (dans 90 % des cas) », expose l’éco-organisme dans un communiqué. 

En résultent des décharges sauvages, où l’on retrouve les mousses isolantes qui, dans le cas d’anciens appareils, contiennent des gaz fluorés. À l’air libre, ces derniers peuvent se disperser dans l’atmosphère et attaquer directement la couche d’ozone. « C'était tout un gisement qu'on n'arrivait pas à capter », nous confie Isabelle Savidan.

Autre problématique : « Le chauffe-eau est rond. Dans les centres de broyage traditionnels, quand ils sont écrasés avec des machines à laver ou des réfrigérateurs, par exemple, il y a toujours des difficultés de prise en charge, parce que le chauffe-eau a ce volume, ce format un peu particulier », ajoute la directrice RSE du groupe Atlantic

Dans le nouveau centre de dépollution de la Vienne et dans les prochaines, les chauffe-eaux sont acheminés dans les zones de stockage. 

« Ensuite, ces chauffe-eaux rentrent dans une première unité où l’on évacue l'ensemble des mousses. Et dans ces mousses-là, on extrait des gaz, pour les isoler dans des cuves », nous décrit Mme Savidan. 

Bouteilles de gaz fluorés récupérés sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant - Crédit photo : ecosystem
Bouteilles de gaz fluorés récupérés sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant - Crédit photo : ecosystem

« Les bouteilles sont ensuite envoyées dans un centre dédié pour que les gaz soient incinérés dans des fours à très haute température et ainsi neutralisés», lit-on dans un communiqué d’ecosystem. 

Transformer les mousses en panneaux isolants

 

« Une fois qu'elles ne sont plus nocives, les mousses peuvent être récupérées et transformées sous forme de pellets, par exemple, qui peuvent rentrer après dans des panneaux isolants », poursuit Isabelle Savidan.

Pellets de mousses récupérés sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant - Crédit photo : ecosystem
Pellets de mousses récupérés sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant

Le traitement n’oublie pas les composants plastiques mais surtout en acier, constituant 95 % du chauffe-eau. D’autant que « le recyclage des ferrailles et métaux non-ferreux » est l’activité historique des Etablissements Decons, qui a accueilli sur son site de la Vienne le premier centre de dépollution. 

Zone de récupération de métaux sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant - Crédit photo : ecosystem
Zone de récupération de métaux sur le site de dépollution d'ecosystem à Vigeant - Crédit photo : ecosystem

« Grâce à l’émergence de cette nouvelle filière industrielle, nous allons plus loin en investissant dans le développement de nouvelles technologies et sommes fiers de participer à l’évolution du recyclage et de réduire notre impact sur l’environnement », se réjouit son président David Decons.

ecosystem a noué plusieurs partenariats avec Coolrec et Derichebourg, afin de déployer son réseau de dépollution.  

« Notre rôle a été de fédérer l’ensemble des parties prenantes du projet (récupérateurs, négociants en métaux, centres de traitement…), ces nouvelles unités nécessitant la mise en place d’un process inédit sur toute la chaîne de traitement », indique Nathalie Yserd, directrice générale d’ecosystem. Et de préciser : « Nous avons ainsi trouvé un consensus sur un nouveau modèle économique dans le respect des intérêts de chacun». 

« Un exemple intéressant de mobilisation collective » pour le groupe Atlantic

 

À son échelle, le groupe Atlantic est intervenu en amont du projet, à titre consultatif. « Notre rôle, il a surtout été au tout début, avant de construire ces unités, de fixer quelle est la connaissance de ce marché, quel va être le tonnage et le type de matière récupérée, pour qu'ensuite ecosystem, Derichebourg et Veolia puissent bien calibrer leur projet d'unité », nous explique sa directrice RSE. 

Le fabricant transmet également à ses clients artisans un QR code. Celui-ci les renverra vers le récupérateur le plus proche, qui organisera le transport des chauffe-eaux vers les unités de dépollution

D’autant que le recyclage fait partie de sa stratégie de décarbonation. « Notre bilan carbone est concentré à 98 % sur l'usage de nos produits », nous détaille Isabelle Savidan. D’où le passage de son offre de solutions à énergies fossiles vers du thermodynamique. 

Depuis 2021, Atlantic échange avec ecosystem pour récupérer des matières en acier, avant de décider de participer à la neutralisation des gaz fluorés. Cette démarche est « un exemple intéressant de mobilisation collective. Le succès ne s'arrête pas à la construction de ces unités, parce qu'il va falloir les alimenter et que les artisans changent vraiment leurs habitudes », conclut sa directrice RSE. 

Par Virginie Kroun  
Photo de Une : ecosystem

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