JO 2024 : huit prévenus pour travail dissimulé sur un chantier olympique

Nouvel événement judiciaire concernant les chantiers olympiques de Paris 2024. Le parquet a en effet indiqué que quatre dirigeants et quatre entreprises seront jugés en mars 2026 par le tribunal correctionnel de Paris pour travail dissimulé en bande organisée.
Cinq gérants de sociétés sous-traitantes, de nationalité pakistanaise et en situation régulière, avaient été interpellés le 18 juin par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), a indiqué une source policière.
Les gardes à vue ont abouti à plusieurs convocations, qui ont été remises à quatre d’entre eux et à quatre sociétés (BPVR Décoration, SASU MP, SASU MBP et SASU WASU BTP). Ces derniers seront jugés par la 31ème chambre correctionnelle le 16 mars 2026.
Une cascade de sous-traitance mise en cause
Ils sont poursuivis pour travail dissimulé en bande organisée, blanchiment de cette infraction, exécution en bande organisée, par personne morale, d’un travail dissimulé, et recours par personne morale aux services d’une personne exerçant un travail dissimulé, a détaillé le parquet.
Les faits reprochés ont été commis entre novembre 2021 et décembre 2023. Le préjudice social de l’URSSAF a été estimé à 10,3 millions d’euros.
L’enquête a débuté après la visite, en octobre 2023, d’inspecteurs de l’Unité de contrôle à compétence régionale chargée de la lutte contre le travail illégal (Uracti) sur « le chantier dit Prisme (Pôle de référence inclusif sportif métropolitain) à Bobigny », a relaté le parquet.
Les travaux portaient sur la réalisation d’un site sportif de 15 000 m³, sur trois niveaux, destiné aux entraînements des Jeux olympiques de Paris 2024.
« Sur place, ils ont constaté de graves irrégularités et notamment des individus en situation de travail non déclaré qui prenaient la fuite à leur vue », a ajouté le parquet.
Les investigations ont révélé que la société principale en charge du chantier avait confié la partie « électricité » à une autre société « qui elle-même avait sous-traité les travaux à trois sociétés dont la société BPVR Décoration », a-t-il poursuivi.
« À son tour, la société BPVR avait recouru à trois sous-traitants : SASU MP, SASU MBP et SASU WASU BTP », a ajouté le ministère public.
Identités dupliquées et cartes BTP en double
Ces petites entreprises de BTP faisaient « des doublons quant aux identités des travailleurs déclarés, 32 personnes ayant été déclarées par au moins deux sociétés différentes », selon le parquet. « De même, 25 cartes BTP avaient été sollicitées pour les mêmes personnes par au moins deux sociétés différentes ».
L’enquête a permis de découvrir « des faits similaires en d’autres endroits du territoire imputables à certaines de ces sociétés », a précisé le parquet.
Par Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock