La construction d'une retenue collinaire fait débat dans les Pyrénées-Orientales
Publié le 05 novembre 2025, mis à jour le 05 novembre 2025 à 17h12, par Raphaël Barrou

« On ne fait pas une retenue collinaire pour se faire plaisir. » Michel Poudade, le maire des Angles (Pyrénées-Orientales) et président des Neiges catalanes, le regroupement de six stations de ski dont celle de son village, défend la construction d'un bassin destiné à alimenter des canons à eau.
Celui-ci prévoit de recueillir 113 000 m3 d'eau sur 2,23 hectares au sommet du roc d'Aude, à plus de 2 300 mètres d'altitude. Un aménagement qui doit garantir « l'enneigement sur les 30 prochaines années » selon le maire. L'élu avance que la retenue d'eau servirait également à lutter contre les incendies, à produire pour 300 000 € d'électricité hydraulique par an et à permettre au bétail de s'abreuver.
Un chantier déjà terminé pour l'hiver 2026-2027 ?
Le 8 octobre 2025, la préfecture des Pyrénées-Orientales a validé le projet, ouvrant la voie au début des travaux. Le projet est chiffré à environ 5,5 millions d'euros, financés par la commune.
La mairie s'est engagée à ce que les travaux ne durent pas plus de trois ans, mais espère pouvoir exploiter la retenue d'eau dès l'hiver 2026-2027. Selon le cadre fixé par l'autorité préfectorale, la retenue d'eau sera alimentée par les sources de Font Grosse, Péborny et Jassette, déjà mobilisées pour le réseau existant.
En revanche, il est prévu qu'elle ne soit pas utilisée entre le 1er juillet et le 15 septembre, période de risque sur les ressources en eau.
« C'est une mégabassine pour les canons à neige », rétorque Marc Maillet, le président de la Fédération pour les espaces naturels et l'environnement des Pyrénées-Orientales (FRENE 66). « Ce système ne peut pas tenir », martèle Monsieur Maillet.
« La bataille du roc d'Aude est lancée », selon la FRENE 66
« Avec les sécheresses, avec le réchauffement climatique, non seulement on n'est pas sûr de pouvoir faire fonctionner les canons à neige dans les limites de température auxquelles ils peuvent fonctionner, mais en plus, on n'est pas sûr d'avoir la quantité d'eau espérée. » Selon un dossier de la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA), environ un million de litres d’eau sont nécessaires pour enneiger un hectare de piste.
Dans un communiqué, la FRENE 66 dénonce l'implantation d'un « cratère » dans « l'un des plus beaux points de vue du (massif du) Capcir, en plein parc naturel régional des Pyrénées catalanes ».
« La bataille du roc d'Aude est lancée », résume la FRENE 66. L'affrontement pourrait même se poursuivre devant le tribunal administratif de Montpellier (Hérault). « Pour l'instant, on en est à demander au maire de retirer sa délibération » devant le Conseil municipal concernant la retenue, indique Marc Maillet.
Mais le président de la FRENE 66 précise que « si les travaux étaient commencés, nous devrions faire en urgence un référé au tribunal administratif sur l'arrêté du préfet ».
Après une phase de préparation, qui s'est tenue jusqu'au 31 octobre (libération des emprises, défavorabilisation du site pour la faune et mise en place des protections), Michel Poudade a déjà annoncé une reprise des travaux au printemps 2026.
Par Raphaël Barrou














