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La FFB très critique des orientations de la SNBC 3

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Publié le 19 décembre 2025, mis à jour le 19 décembre 2025 à 16h43, par Nils Buchsbaum


En pleine consultation sur la SNBC 3, la FFB critique « un recul des ambitions sur la rénovation », la construction et les leviers clés de la décarbonation.
© Jade Melquiond
© Jade Melquiond

Alors que les ultimes consultations concernant la nouvelle version de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) sont en cours la Fédération française du bâtiment (FFB) dénonce, dans un communiqué diffusé vendredi 19 décembre,  « un recul sur plusieurs leviers structurants ».

Le ministère de la Transition écologique a présenté, le 10 décembre, une nouvelle version du projet de Stratégie nationale bas-carbone, de nouveau soumise à consultation avant une adoption par décret annoncée « au printemps 2026 ». Ce nouveau jet acte des réductions d’émissions de carbone en 2030 moins marquées que prévu initialement dans les secteurs des déchets, des bâtiments et des transports, des écarts qui seraient principalement compensés par une moindre dégradation des capacités d’absorption des puits de carbone naturels.

Il ne s’agit toutefois pas encore du document définitif. Cette version intermédiaire est censée intégrer les plus de « 7 600 propositions » recueillies lors de la précédente consultation et des COP régionales. Elle sera à son tour examinée par de nombreuses instances — Conseil national de la transition écologique, Haut Conseil pour le climat, Conseil national d’évaluation des normes, collectivités d’outre-mer et de Corse, Autorité environnementale — avant une consultation du public, organisée par voie dématérialisée.

Présentée comme une « ultime consultation » par la ministre Monique Barbut, cette étape laisse néanmoins la porte ouverte à de nouvelles évolutions, le texte pouvant « encore être ajusté avant sa publication finale ». 

Des objectifs revus à la baisse à l’horizon 2030

 

Pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2030, le scénario s’appuie sur plusieurs évolutions sectorielles. Dans l’industrie, la part de l’électricité dans le mix énergétique doit atteindre 45 % (contre 37 % en 2023), la consommation d’hydrogène électrolytique au moins 4,5 TWh, et 4 à 8 Mt de CO₂ seraient captées, des filières encore peu développées à ce stade.

Côté production d’énergie, le document mentionne la « fin de la consommation de charbon à horizon 2030, de pétrole d'ici 2045 et de gaz fossile en 2050 », objectifs déjà annoncés lors de la COP 28. Il intègre aussi la fin de la production d’électricité à partir de charbon en 2027 et l’atteinte de 4,5 GW de production d’hydrogène électrolytique, contre 35 MW de capacité installée en 2024, conformément à la stratégie hydrogène révisée.

Dans le bâtiment, la trajectoire prévoit l’installation de 8,8 millions de pompes à chaleur et la rénovation de 700 000 logements par an, dont 250 000 « rénovations d’ampleur » permettant d’atteindre « au moins deux sauts de classe DPE ». Elle inclut également la suppression de 85 % des chaudières au fioul et de 17 % des chaudières à gaz dans le secteur tertiaire.

La FFB pointe l’instabilité des aides

 

La FFB déplore la réduction de l’objectif annuel des « rénovation d’ampleur » à 250 000 logements dans la SNBC 3, « contre 700 000 dans la SNBC 2 ». Elle conteste la justification d’un manque de main-d’œuvre, jugée d’autant plus « incompréhensible » que le secteur perd des emplois depuis 2022. Selon la fédération, les entreprises disposent des compétences nécessaires et «les véritables freins tiennent notamment à l’instabilité des aides, singulièrement de MaPrimeRénov’ ». Son président, Olivier Salleron, déclare que « les artisans et entrepreneurs du bâtiment sont prêts à agir, mais ils ont besoin de visibilité, de stabilité et de cohérence ».

D’autres acteurs ont également critiqué le nouveau document de la SNBC. Le réseau Cler parle de « mise à l'arrêt de la rénovation énergétique», en soulignant que « le secrétariat général à la planification écologique préconisait de mener 600 000 rénovations globales annuelles ». De son côté, l’Association des industries des produits de construction (AIMCC), va plus loin et dénonce «un signal de défiance à l’ensemble des acteurs du bâtiment, pourtant en première ligne de la transition écologique ».

La FFB plaide pour une SNBC « plus réaliste et opérationnelle »

 

La FFB fait également part de « fortes réserves sur les choix techniques mis en avant ». Selon elle, en privilégiant la pompe à chaleur comme principal levier de décarbonation, y compris dans des logements insuffisamment isolés, la SNBC 3 met l’accent sur le remplacement des équipements au détriment du traitement de l’enveloppe du bâti et de la maîtrise de la facture énergétique. Selon la fédération, « ce changement de cap, aussi techniquement qu’économiquement incohérent, compromet l’atteinte des objectifs réels de performance énergétique ».

Concernant la construction neuve, le syndicat souligne « le décalage entre les hypothèses retenues par la SNBC 3 et les besoins structurels du pays ». Il estime qu’en limitant les volumes à 310 000 logements neufs par an d’ici 2030, la stratégie se situe en deçà des estimations récentes du service statistique du ministère du Logement (SDES).

Dans ce contexte, la FFB appelle à une SNBC « plus réaliste et opérationnelle » et indique qu’elle participera activement à la consultation publique afin de porter ces ajustements jugés indispensables.

Par Nils Buchsbaum

 

Nils Buchsbaum
Journaliste - Batiweb

Nils Buchsbaum est journaliste à la rédaction de Batiweb. Il suit l’actualité du BTP, de l’urbanisme et de la construction durable, avec une attention particulière portée à la prévention des risques, aux enjeux environnementaux et aux évolutions législatives.

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