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Biofioul F30 : une commercialisation « imparfaite »

Publié le 05 janvier 2023

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Le lancement s’est fait attendre mais a enfin eu lieu : le biofioul F30, premier jalon du verdissement du fioul domestique, a été commercialisé en novembre. Un démarrage qui garde encore ses défis, entre l’information des professionnels sur le sujet du biofioul et l’attractivité économique de cette nouvelle alternative. Le point avec Frédéric Plan, délégué général de la FF3C.
Biofioul F30 : une commercialisation « imparfaite » - Batiweb

Après tant d’attente, le biofioul F30, premier jalon du verdissement du fioul domestique, est enfin commercialisé.

« La commercialisation a commencé en novembre, mais de façon imparfaite. Il y avait bien entendu un retard de publication de l’arrêté autorisant la mise sur le marché », nous explique Frédéric Plan, délégué général de la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage (FF3C). « Et puis il y a eu ce phénomène de tensions et de grèves, ce qui a pesé sur l’ensemble de la logistique pétrolière, tous produits confondus. Et le F30 a été victime de cela dans le sens où ça n’était pas la priorité du moment, qui était l’approvisionnement du pays », poursuit-il.

Depuis, 17 dépôts primaires proposent actuellement du biofioul F30, répartis entre les régions de Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Lyon, Mulhouse, Orléans, Poitiers, Strasbourg, ainsi que Toulon. Plusieurs zones vont encore progresser dans la distribution du F30 : la région Languedoc-Roussillon, l’Île-de-France, la région de Marseille, de Dunkerque, de Lorient, ainsi que de Rouen. « Tout cela devrait se mettre en place pour la fin du 1er trimestre », précise Frédéric Plan.

Les objectifs de verdissement du fioul retardés ?

 

« Après, le sujet n’est pas vraiment en tension, parce que des installations de chauffage en plein hiver il ne s’en fait pas. Le vrai sujet c’est d'être en ordre de marche parfait pour mars 2023, c’est là que commencent les rénovations, que ce soit en conversion d’énergie ou en modernisation des installations », commente Frédéric Plan. 

On ne peut cependant s’empêcher de se demander : ces retards vont-ils impacter le développement et la commercialisation, d’ici 2040, du biofioul F100, c’est-à-dire, composé à 100 % d’ester méthylique d’acide (EMAG) de colza ? 

« Non, parce que la campagne de test sur le prochain grade, qui est le F55, a déjà été enclenché. L’objectif, en l’occurrence, c’est de démontrer que les matériels F30 sont compatibles avec le F55 », nous répond le délégué général de la FF3C. 


Les installateurs-chauffagistes encore peu informés sur le biofioul 

 

Un annuaire répertorie les établissements engagés pour la distribution du biofioul F30. S’informer avant de s’approvisionner et installer une chaudière biocompatible F30 est la clé, « compte tenu des délais logistiques de déploiement », souligne la FF3C.

La remarque est autant valable pour le client final concerné par la commercialisation du biofioul F30, que pour les installateurs « en première ligne » dans cette vaste commercialisation, selon Frédéric Plan. Pour autant, tout le monde n’est pas forcément bien informé sur le sujet, en particulier les installateurs-chauffagistes. 

« Les installateurs sont très nombreux : il y en a des dizaines de milliers. Sur ce public-là, j’estime qu’il y en a seulement 600 qui sont parfaitement au courant. Donc il y a encore du boulot », nous confie le délégué général de la FF3C. Parmi ces professionnels, entre 400 et 500 ont accepté de figurer dans un prochain annuaire ouvert entre fin janvier et début février 2023. Les particuliers pourront ainsi se renseigner sur les chauffagistes compétents en matière d’installations et d’équipements biofioul. 

Toutefois, le décret relatif à la promotion des énergies fossiles - incluant également le biofioul - limite la marge de manoeuvre de la filière. « Les débats parlementaires de l’époque, de 2021, ont affirmé qu’on pouvait bien évidemment en parler et faire la promotion des équipements thermiques. Mais a contrario pas des énergies utilisables », nous explique Frédéric Plan. D’où le déploiement par la FF3C, en partenariat avec les industriels, de la marque « Biofioul Ready », affichant les chaudières, brûleurs et autres équipements compatibles avec le biofioul F30. 

L’attractivité économique du biofioul encore à développer

 

Le biofioul est vanté comme une alternative environnementale pour le fioul domestique traditionnel, mais s’agit-il d’une alternative économique ? On le sait : le prix du fioul n’échappe pas à l’inflation galopante. Après avoir atteint un pic d’1,69 € le litre en juin 2022, le prix est redescendu à 1,30 € TTC le litre, début décembre 2022, soit une baisse de 17 % par rapport aux trois mois précédents.

En attendant, l’aide au fioul, défendue tant par la FF3C que par le ministre de la Transition écologique, a été déployée pour soutenir les foyers impactés, sous forme de chèque

« Le chèque fioul est utilisable pour des consommateurs qui utilisent le fioul traditionnel. Le F30 est un marché étroit qui ne concerne pour l’instant que les nouvelles chaudières, qui s’installent peu en plein hiver », constate Frédéric Plan avant d’ajouter : « Le sujet serait différent si la représentation parlementaire prenait une initiative pour faire en sorte que le biofioul F30 soit plus attractif en prix que le fioul traditionnel ».

En effet, le prix du biofioul est 15 % supérieur à celui du fioul traditionnel. Mais son surcoût est compensé par la performance des chaudières biocompatibles, avec des gains de consommation supérieures à 25 %. Selon le délégué général de la FF3C, un potentiel soutien gouvernemental, sous forme d'incitation fiscale, corrigerait l'écart de prix, et inciterait les ménages à se convertir au biofioul, développant ainsi son marché. 

Pour l’heure : « disons que si on se base sur la perception que les consommateurs ont de la situation énergétique et montrent, via sondage, que les deux-tiers des utilisateurs de fioul domestique veulent y rester, en tout cas à ce type d’énergie, on peut considérer que le marché du renouvellement devrait être à 40 000 à 50 000 chaudières l’année prochaine », estime le délégué général de la FF3C. 

 

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Propos recueillis par Virginie Kroun

Photo de Une : Adobe Stock

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