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Le « crédit facile » va-t-il sauver le bâtiment en 2019 ?

Publié le 13 septembre 2019

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Contrairement aux craintes de la profession et à ce que certains chiffres partiels pouvaient laisser supposer, Jacques Chanut a annoncé une deuxième partie d’année plutôt bonne pour le secteur du bâtiment. Les ventes de logements neufs sont en croissance de 4,7% et le non-résidentiel est sur des chiffres encore meilleur. Seuls le logement collectif et la rénovation ne sont pas tout à fait au rendez-vous. Et il a remercié les banques. Pourquoi ?
Le « crédit facile » va-t-il sauver le bâtiment en 2019 ? - Batiweb

Alors que des chiffres un peu contradictoires circulaient au second trimestre sur l’état de la conjoncture, la situation s’est éclaircie à la rentrée. Lors de son dernier point presse trimestriel consacré à la conjoncture du bâtiment, Jacques Chanut a fait preuve d’un optimisme mesuré mais réel. Regardons cela dans le détail.

 

Le Logement neuf dans l’individuel diffus progresse grâce au crédit immobilier

Les ventes sont en croissance dans l’individuel diffus, à +4,7 % en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2019, et les permis de construire bénéficient aussi de cette embellie, avec +1,3 % sur mai-juillet 2019 comparé à 2018. Avec un niveau moyen de 1,19% ces derniers mois, la baisse des taux d’intérêt des prêts bancaire et celle des taux d’apports personnels expliquent très largement ce changement de tendance. Cela permet le retour des ménages modestes sur le marché. Les mises en chantier, toujours en baisse, devraient donc se redresser rapidement. « Pour une fois, je dis... merci les banques ! » nous dit Jacques Chanut.

Grâce à cela ce sont 400 000 logements qui vont sortir de terre cette année. Même si cela fait 30 000 de moins qu’en 2018, cela reste une bonne performance et donne du grain à moudre aux entreprises du bâtiment.

 

Le non-résidentiel se porte encore mieux

Pour des raisons finalement assez proches, la FFB a constaté que le non-résidentiel neuf se porte lui aussi mieux que prévu. Et Jacques Chanut de préciser que « la prévision initiale d’une progression de 3,0 % de l’activité bâtiment en non résidentiel est revue à +6,4 % pour 2019 ! »

Ce bon résultat est particulièrement perceptible sur le segment des locaux industriels, entrepôts de stockage, etc. Hors locaux agricoles, les surfaces autorisées et commencées progressent respectivement de 15,6 % et 4,7 % en glissement annuel sur 7 mois à fin juillet.

Le crédit aux sociétés est en forte croissance, notamment pour les TPE et PME. Là encore, la politique bancaire de la BCE, qui « ruisselle » sur les banques françaises appuie la résistance de notre économie et la capacité des entreprises à investir.

 

Mais quelques nuages subsistent

La tendance est un peu moins bonne dans le logement collectif neuf. Toutefois, même s’il y a eu une baisse importante des mies en ventes chez les promoteurs au premier semestre (-22% !), ceux-ci restent raisonnablement optimistes pour la seconde partie de l’année.

 

Autre sujet de préoccupation, qui concerne plus particulièrement les artisans, la rénovation (amélioration-entretien, dans les chiffres de la FFB) reste à un niveau faible. L’année avait mal débuté avec un premier trimestre à – 2,3% par rapport à 2018. Les mois d’avril à juin avaient vu la conjoncture se redresser un peu avec +0,5% de croissance. Cela devrait se confirmer au troisième trimestre et surtout au 4èmepour une « mauvaise » raison, précise Jacques Chanut. Le mode de calcul du CITE va basculer d’un crédit d’impôt qui bénéficiait aussi aux ménages les plus aisés, à une prime au périmètre raboté et le dispositif sera complexe. Cela devrait entraîner un mouvement d’opportunité qui va gonfler artificiellement les ventes en fin d’année. Mais attention au retour de balancier en 2020 !

Et comme la rénovation énergétique ne décolle toujours pas, Jacques Chanut n’est pas très optimiste pour l’année prochaine, surtout si le CITE devient une composante de la politique sociale du gouvernement et non pas une incitation à une meilleure efficacité énergétique du bâtiment.

« Les ménages qui sont dans les  9èmeet 10èmedéciles de revenu sont ceux qui représentent presque 60% du marché de la rénovation. Il faut aussi les inciter à faire des travaux de rénovation globale. Ce n’est pas avec un amortissement de 15 ou 20 ans sur les travaux d’efficacité énergétique qu’on les incitera à entreprendre ceux-ci » nous dit-il.

 

2019 sera une année positive pour le bâtiment

« Le niveau élevé des carnets de commandes à la mi-année, soit près de 6,5 mois toutes tailles d’entreprises, tous territoires et tous métiers confondus, confirme la tendance : 2019 se rangera parmi les bonnes années pour le secteur. A minima, l’activité devrait ressortir en hausse de 1,3 % en volume, ce qui est plus que prévu initialement » précise le président de la FFB.

Cela a aussi des conséquences positives sur l’emploi car les effectifs devraient progresser environ de 25 000 postes, dont près de 20 000 en CDI.

Et il ajoute « Par ailleurs, les créations d’entreprises restent très dynamiques et les défaillances d’entreprises continuent de reculer, alors que la situation côté trésorerie et marges semble avoir connu depuis le deuxième trimestre une inflexion légèrement positive. »

 

En 2020, des nuages s’amoncellent

Si les banques et donc le financement sont un moteur important de la croissance, le contexte institutionnel n’est pas garanti en 2020.

Le durcissement des règles prudentielles européennes pourrait affecter les banques et réduire leur capacité de prêt aux ménages modestes et au TPE.

La suppression du Prêt à Taux Zéro (PTZ) dans le neuf et pour les zones B2 et C pourrait aussi avoir des conséquences négatives sur le segment du logement neuf diffus, qui est un des moteurs de 2019.

La loi de finances 2020 approchant, Jacques Chanut multiplie les contacts avec les ministres concernés et attend les arbitrages du Premier ministre, Édouard Philippe.

En espérant que ceux-ci soient positifs...

 

 

Régis Bourdot

Illustration © FBB

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