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Roverato revient aux manettes d’Eiffage par intérim

Publié le 26 octobre 2015

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En réaction au décès brutal vendredi de son patron Pierre Berger, la direction du groupe de BTP Eiffage a décidé de rappeler temporairement au poste de président le fondateur du groupe Jean-François Roverato et en nommant à ses côtés comme directeur général Max Roche, jusqu'ici directeur général adjoint de l'entreprise.
Roverato revient aux manettes d’Eiffage par intérim - Batiweb
Le conseil d'administration « a missionné le comité des nominations et des rémunérations, présidé par Thérèse Cornil, aux fins de trouver un successeur à Pierre Berger, avec pour objectif d'aboutir d'ici la réunion du Conseil de fin février 2016 », a annoncé en outre le groupe dans un communiqué.

Pierre Berger, PDG du groupe depuis 2012, a succombé à une crise cardiaque à l'âge de 47 ans dans la nuit de jeudi à vendredi. « Face à cette disparition brutale et imprévisible, et sur proposition du comité des nominations et rémunérations réuni ce jour, le conseil d'administration a pris à l'unanimité les décisions (annoncées lundi) à effet immédiat afin d'organiser sereinement la transition et poursuivre les initiatives engagées par Pierre Berger », note le communiqué.

En attendant de trouver un successeur, le groupe a donc décidé de dissocier les fonctions de président et de directeur général. Jean-François Roverato, l'emblématique patron d'Eiffage âgé de 71 ans, était lui-même allé débaucher Pierre Berger chez son concurrent Vinci en 2010 afin de lui léguer les rênes de l'entreprise.

Atypique et charismatique

Un sourire souvent au coin des lèvres, surtout en proférant un bon mot - parfois assassin à l'adresse des concurrents Vinci et Bouygues - M. Roverato, surnommé "JFR" par ses proches, a longtemps été un des patrons les plus charismatiques du secteur. La barbe bien taillée, charmeur, disert, il était connu pour cacher une main de fer sous des abords chaleureux.

D'origine modeste - son père était ébéniste et sa mère couturière - le parcours de ce polytechnicien (promotion 1964) et ingénieur de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, natif de Dijon (Côte d'Or), a forcé le respect de ses pairs, même lorsqu'ils lui ont reproché un côté parfois franc-tireur. « Je suis arrivé là un peu par hasard... Mon vrai bonheur est de constater que les ouvriers et les syndicalistes, au fond, m'ont apprécié », déclarait-il quelques semaines après avoir quitté, en août 2012, la présidence d'un groupe qu'il avait bâti de toutes pièces.


Après un rapide passage au cabinet de Robert-André Vivien, secrétaire d'Etat au Logement, en 1971-1972, il rejoint très vite le secteur privé au sein du groupe Fougerolle, dont il devient le PDG en 1987. Auteur d'une audacieuse fusion avec le groupe SAE (Société auxiliaire d'entreprises), plus important que Fougerolle mais victime d'une gestion aventureuse, il crée Eiffage, avec l'appui des salariés, dont il s'est toujours voulu proche, et qui détiennent aujourd'hui 24,3% du capital.

Avoir du bon sens

Visionnaire, pour éviter les crises cycliques du BTP, il diversifie le groupe dans les concessions avec le Viaduc de Millau (Aveyron), un pari audacieux (le choix du métal plutôt que du béton) et l'oeuvre dont il est le plus fier, la ligne à grande vitesse Perpignan-Figueras (Espagne) et les partenariats public-privé (PPP) dont le Grand Stade de Lille ou encore la ligne à grande vitesse (LGV) Le Mans-Rennes.

Mais c'est surtout la prise de contrôle en 2006, avec l'aide de la banque australienne Macquarie et au prix d'un endettement important, d'APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône), deuxième réseau autoroutier français entre Paris, Lyon, les Alpes et le sud de l'Alsace, lors de la privatisation du secteur, qui restera son fait d'armes le plus marquant. « L'important, me semble-t-il, pour diriger un groupe de BTP, ce n'est pas d'être ingénieur », déclarait-il dans un entretien bilan au Moniteur en novembre 2012.


« C'est d'avoir du bon sens, de savoir discerner l'essentiel de l'accessoire, de comprendre les gens et les situations, de rester lucide pour faire les bons choix dans la masse d'informations et de sollicitations que l'on reçoit ». Jean-François Roverato avait longtemps voulu garder le pouvoir absolu jusqu'à la fin. Mais, après avoir repoussé l'offensive sur son capital du groupe espagnol Sacyr grâce à l'aide de ses cadres et de l'Etat français, il avait dû, sous la pression du FSI (Fonds stratégique d'investissement) qui avait pris 20,6% du capital, se résoudre, fin 2010, à organiser sa succession.


Il avait alors intronisé l'ingénieur Pierre Berger, un brillant « quadra » venu de chez Vinci, comme son dauphin. Jean-François Roverato s'est ensuite progressivement effacé de la direction, tout en conservant un strapontin au conseil d'administration en qualité de vice-président du conseil d'administration et administrateur référent. Cet amoureux du chant et des jardins interrompt donc sa retraite, le temps, pour l'entreprise, qui compte plus de 66 000 collaborateurs, de se trouver un nouveau patron.


B.P (Avec AFP)

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