Artisanat du bâtiment : la Capeb déplore un recul durable de l’activité

La tendance reste négative pour l’artisanat du bâtiment. Selon la note de conjoncture publiée par la Capeb, le secteur affiche une activité en recul de 4,5 % au deuxième trimestre 2025 par rapport à l’année précédente, soit une baisse continue depuis deux ans. La construction neuve accuse le coup (-9 %), tandis que l’entretien-rénovation, habituellement plus résilients, reculent encore de 1,5 %.
« L’ensemble des corps de métiers est affecté par ce recul d’activité », a rappelé la Capeb, citant notamment la menuiserie-serrurerie (-5,5 %) et la maçonnerie (-5 %).
Malgré une inflation limitée (1 % en juillet) et des taux de crédit stabilisés autour de 3 %, les artisans peinent à bénéficier des signaux positifs comme la reprise du marché immobilier ancien (+8,4 % de ventes en un an) ou l’augmentation des crédits à l’habitat.
Emploi et trésorerie sous tension
Le ralentissement pèse directement sur l’emploi. Sur un an, 28 300 postes salariés ont été supprimés dans les entreprises artisanales (-3,4 %), malgré les efforts des TPE pour préserver leurs effectifs qualifiés. « On a perdu quand même 28 000 emplois, et ce sont surtout des entreprises de 2 à 3 salariés qui souffrent », a souligné le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon.
Les carnets de commandes poursuivent leur érosion, à 68 jours en moyenne, contre plus de 80 avant la crise sanitaire. La trésorerie se dégrade, alimentée par l’allongement des délais de paiement. Pour l’instant, aucune « guerre des prix » n’a été constatée entre entreprises, mais la multiplication des devis en attente ou revus à la baisse pourrait peser sur les marges.
Autre source d’inquiétude : la formation. La rentrée 2025 affiche une baisse de 5 % des entrées en apprentissage dans le bâtiment, après déjà -10 % l’année précédente.
MaPrimeRénov’ dans le viseur
La rénovation énergétique constitue un autre point de friction. La Capeb dénonce une politique publique « incohérente » et « dictée par le budget plutôt que par une stratégie ». La suppression annoncée de certains monogestes (isolation des murs, chaudières biomasse) est jugée « inopportune » et contradictoire.
« Le chantier qui ne me coûte rien, ne vaut rien », a insisté Jean-Christophe Repon, défendant le principe d’un reste à charge pour les ménages. Le syndicat réclame aussi un accès facilité des TPE au marché de la rénovation énergétique, par une qualification a posteriori sur chantier plutôt que par le parcours RGE actuel.
Une vision tournée vers la rénovation
Pour la Capeb, la sortie de crise passe par une stratégie recentrée sur la rénovation plutôt que sur la seule construction neuve. « Offrez-nous le marché de la rénovation, nous sommes prêts à le relever », insiste Jean-Christophe Repon.
Le syndicat insiste notamment sur la nécessité de donner la priorité au parc existant, en transformant les logements vides, les bureaux ou bâtiments obsolètes en logements de qualité, afin de répondre à la crise tout en limitant l’artificialisation des sols. Il plaide également pour le maintien des monogestes, comme l’isolation des murs ou la biomasse, considérés comme une première étape essentielle d’un parcours de rénovation. Supprimer ces gestes isolés reviendrait, selon la Capeb, à freiner l’engagement des ménages dans une rénovation plus ambitieuse.
Par Jérémy Leduc