Construction mondiale : pressions fortes mais rebond espéré en 2026

« Le secteur de la construction est toujours sous le choc des fluctuations des taux d'intérêt et reste très risqué, seules les dépenses d'infrastructure apportant un soulagement », résume Allianz Trade dans son Atlas sectoriel 2025 (en anglais).
Au total, l’activité atteint 14,7 milliards de dollars de dépenses totales en 2024et devrait atteindre 15,6 milliards en 2025. Ce qui revient à +3 à +6 % de croissance annuelle en valeur nominale.
En volume réel, la production doit décliner de 2 %, puis s’inscrire sur une pente ascendante en 2026.
Rebond en vue dans la construction résidentielle ?
Les faibles performances de la construction résidentielle jouent dans la balance, entrainées par les tensions sur les marchés immobiliers chinois et occidentaux. Selon les estimations d’Allianz Trade, la construction résidentielle mondiale devrait décrocher d’environ 4 % en 2025.
« En dehors de la Chine, certains marchés immobiliers se stabilisent (par exemple, le secteur résidentiel européen pourrait connaître un léger rebond en 2025 après une forte baisse) », est-il observé dans l’Atlas sectoriel 2025. D’autant que les promoteurs résidentiels réalisent des marges d’exploitation de 10 % à 12 %, avec rendement du capital 21 %. Les marges des fournisseurs de matériaux et produits constructions oscillent entre 10 et 20 %.
« Malgré des marges faibles, les entreprises de construction peuvent générer des rendements raisonnables sur les capitaux propres grâce à un taux de rotation élevé des actifs. À l'échelle du secteur, la croissance des revenus devrait être modeste à court terme et les marges bénéficiaires ne devraient s'améliorer que légèrement dans un environnement difficile », abondent les auteurs du rapport.
Gare notamment aux changements de politique monétaire, notamment les taux d’intérêt, qui exercent une pression sur l'investissement immobilier.
De son côté, la construction non résidentielle (commerce, bureaux, usines…) devrait reculer de 5 %. Une évolution expliquée par la vacance des bureaux à l’ère du télétravail et l’augmentation des coûts de financement des promoteurs.
Les infrastructures en forme
Les États-Unis, l'Europe et l'Inde bénéficient de carnets de commandes d’infrastructures (centre de données, etc.), qui représentent un tiers de l'activité de construction en valeur.
Surtout aux États-Unis, où un plan d'infrastructure américain tend à financer le déploiement d’usines de batteries pour véhicules électriques et de puces électroniques.
L’Europe, traversée par une légère récession dans le secteur de la construction, compte sur les fonds restants du programme européen NextGeneration EU.
« Parallèlement, le Moyen-Orient connaît un boom de la construction : grâce à leurs revenus pétroliers, les pays du Golfe investissent massivement dans des mégaprojets et le développement urbain. En Asie, la situation est mitigée », évoque en parallèle Allianz Trade. En Inde et dans d’autres économies asiatiques émergentes, des investissements publics et privés pourront profiter à la construction.
D’autres défis sont mentionnés dans le rapport, dont les pénuries de main d’œuvre, notamment aux États-Unis et autres pays durcissant leur politique migratoire. Sans compter les réglementations climatiques et durables – sur la production de ciment et d’acier par exemple – et la multiplication des incitations à l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments.
Par Virginie Kroun