Matériaux de construction : une reprise toujours sous tension

La rentrée 2025 s’ouvre sur un climat politique particulièrement agité. Le départ forcé de François Bayrou, après l’échec de son vote de confiance, a entraîné la nomination d’un nouveau Premier ministre – le quatrième en un an.
Dans l’attente de la constitution du gouvernement de Sébastien Lecornu et de la présentation du budget 2026, l’incertitude institutionnelle et budgétaire plane sur les marchés. Ce brouillard politique fragilise la confiance et alimente la crainte d’une remontée des taux immobiliers, alors même que le marché du neuf commençait à reprendre des couleurs.
Matériaux : un redressement timide
Après un premier semestre difficile, le secteur des matériaux montre quelques frémissements. La production de granulats s’est légèrement redressée en juillet après un mois de juin terne, mais reste inférieure à son niveau de 2024. Depuis le début de l’année, elle demeure quasiment stable, signe d’un marché en attente.
Le béton prêt à l’emploi, en revanche, reste à la peine. Les livraisons ont enregistré une petite hausse en juillet, mais elles se situent toujours bien en-dessous de leur niveau de l’an dernier.
Dans l’ensemble, l’indicateur matériaux reste encore 18 % en retrait par rapport à 2021, traduisant la difficulté à enclencher une reprise solide.
Un rebond contrasté pour le logement
Le logement neuf envoie des signaux encourageants, mais contrastés selon les segments. Les permis de construire et les mises en chantier progressent nettement depuis le printemps.
La maison individuelle en est la grande bénéficiaire : soutenues par le PTZ et par des taux d’intérêt toujours attractifs, les ventes de maisons bondissent de près de 40 % en juillet - un niveau qui témoigne d’un retour de confiance des ménages.
À l’inverse, le logement collectif connaît un coup d’arrêt. La fin du dispositif Pinel et l’essoufflement des plans publics de soutien ont entraîné une chute spectaculaire des ventes aux investisseurs particuliers. Ce retrait pèse lourdement sur le marché du neuf, qui pourrait se retrouver déséquilibré si la dynamique de l’individuel ne suffit pas à compenser le repli du collectif.
Travaux publics : le freinage s’installe
Après deux années de forte croissance, les travaux publics entrent dans une phase de décélération. L’activité progresse encore légèrement en juillet sur un mois, mais recule sur un an. La baisse des marchés conclus depuis le début de l’année se confirme, conséquence directe de la prudence budgétaire des collectivités à l’approche des élections municipales.
Contrairement aux cycles précédents, aucune accélération de fin de mandat ne semble se profiler. Le second semestre devrait au contraire être marqué par un ralentissement progressif de l’activité.
Entre espoir et incertitude
Le BTP se retrouve donc dans une situation paradoxale. La maison individuelle porte l’espoir d’un redémarrage, les matériaux montrent des signes de stabilisation et les ménages affichent une intention d’achat plus affirmée. Mais l’absence de visibilité politique, la fin des soutiens fiscaux au collectif et la prudence des collectivités locales freinent toute dynamique durable.
Avec des taux d’intérêt stabilisés à 3,08 % en août, le secteur reste en équilibre précaire. Les prochains mois diront si la reprise fragile peut se transformer en véritable redémarrage ou si le BTP devra encore patienter avant de sortir de la crise.
Par Marie Gérald