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Énergies renouvelables : « les ventes vont encore augmenter au second semestre » (Qualit'EnR)

Publié le 17 novembre 2023

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Les énergies renouvelables (EnR) dans le bâtiment continuent de gagner du terrain. Le dérèglement climatique, les interdictions progressives à la location pour les passoires thermiques ou encore les récentes annonces d’extension des aides de l’État pour le confort d’été vont certainement accélérer encore leur déploiement. Rencontre avec André Joffre, président de Qualit’EnR.
Énergies renouvelables : « les ventes vont encore augmenter au second semestre » (Qualit'EnR) - Batiweb

Quel est le bilan des équipements EnR dans le bâtiment en cette fin d’année 2023 ?

 

André Joffre : On observe une réelle prise de conscience de l’importance des EnR chez les particuliers et les entreprises. Avec la hausse des prix de l’énergie, les Français sont de plus en plus nombreux à plébisciter les énergies renouvelables. La nécessité de basculer des produits énergétiques polluants vers de l’électricité a également pesé dans la balance.

Tous ces éléments ont grandement changé le comportement des consommateurs. Quand ils investissent dans les EnR, ils ont désormais plus tendance à prendre en compte les dépenses futures, avec les augmentations des prix, plutôt qu’à prendre en compte uniquement les dépenses d’aujourd’hui.

Le gros des investissements se fait dans le photovoltaïque. Cette année, au premier semestre, le marché du photovoltaïque a triplé par rapport au premier semestre de 2022. On observe également une grosse tendance à l’autoconsommation. Avec l’augmentation des prix de l’énergie, les Français ont réalisé tout l’intérêt de ce concept.

Cette forte demande de la part des clients pour les EnR a des répercussions sur les entreprises. Elles veulent suivre le rythme et cherchent à former plus de collaborateurs.

 

Où en sommes-nous en termes de ventes, et quelles tendances pour l’avenir ?

 

A.J : Au premier semestre de 2023, les ventes des EnR ont connu une hausse de 77 % par rapport au premier semestre de l’année passée. Et je pense qu’elles vont encore augmenter au second semestre. La hausse de ces ventes peut s’expliquer de plusieurs façons, et notamment par les nombreuses campagnes publicitaires. Par exemple, pendant les mi-temps des matchs de la coupe du monde de rugby, des spots publicitaires pour le photovoltaïque étaient diffusés. C’était quelque chose de complètement inédit. On aurait jamais vu ça il y a encore quelques années.

 

L’extension de MaPrimeRénov’ au confort d’été devrait-elle faire exploser les ventes de PAC réversibles ?

 

A.j : Il est encore un peu tôt pour avoir une idée précise du nombre de ventes de PAC réversibles. Ce qui est sûr c’est que le marché de la PAC est un marché très soutenu. Il y a deux raisons à cela. La première, c’est le fait que les énergies fossiles sont peu à peu délaissées au profit d’énergies plus vertes, avec l’électricité notamment. Et la seconde, ce sont les progrès techniques, les innovations. Les produits sont de plus en plus performants. En plus de ça, l’installation d’une PAC fait faire d’importantes économies à son propriétaire. Elle permet de diviser par trois, au minimum, la consommation d’électricité pour les besoins en chauffage, puis il y a également l’aspect environnemental, qui est aujourd’hui l’une des préoccupations principales des Français.

 

Le DPE est-il au point selon vous ?

 

A.J : Je pense que pour avoir un bon DPE, il faut y mettre les sous. On ne peut pas faire de DPE au rabais, auquel cas c’est inévitable, il sera réalisé de façon sommaire. Quand vous avez un audit de quelques dizaines d’euros, que la personne en charge de cet audit fait le tour de l’appartement en quelques minutes en cochant 2-3 cases, ça n’est pas possible. Pour une maison de 100-150m², un bon DPE demandera pratiquement un jour de travail et coûtera autour de 1 000€.

Le DPE tel qu’il est conçu aujourd’hui est minimaliste. Mais rien ne vous empêche de faire faire un DPE détaillé, en faisant appel à un bureau d’étude qualifié pour ça. À ce moment-là, vous aurez un audit véritablement sérieux, qui vous donnera la consommation exacte de votre bâtiment, et au moment de réaliser des travaux, le DPE pourra réellement peser. C’est ça qui est important. À partir d’une situation originelle, voir quel est l’impact des différents travaux que l’on peut envisager pour pouvoir améliorer le bâtiment, que ce soit pour l’enveloppe ou les systèmes de production.

 

Quel est le principal frein à l’extension des EnR dans le bâtiment ?

 

A.J : La France est actuellement en train de définir sa feuille de route d’ici 2030 pour les énergies. Si l’on prend l’exemple du photovoltaïque, cette année, on devrait faire à peu près 3 000 mégawatts installés. C’est en progrès par rapport à 2022, où on devait être aux alentours de 2 000 mégawatts. Mais si l’on en croit le patron de la RTE (réseau de transport d’électricité), qui s’est exprimé devant le Sénat récemment, il faudrait que l’on passe à 4 000 mégawatts rapidement et que l’on puisse faire 7 000 mégawatts de photovoltaïque tous les ans.

Pour atteindre ces objectifs, d’un point du vue industriel, il n’y a pas de problème. La production mondiale de panneaux solaires est abondante, on commence à avoir quelques unités de production en France et en Europe. Reste qu’une augmentation des volumes de ce type-là va nécessiter beaucoup de bras. On va avoir besoin de collaborateurs pour pouvoir poser les panneaux, et pas seulement.

Désormais, il va y avoir toute une complexité dans la gestion du bâtiment. On pourra par exemple, quand l’électricité est trop chère, ne plus l’acheter au réseau et puiser dans les batteries de sa voiture. Une voiture pourrait très bien alimenter pendant quelques jours une maison qui a été coupée du réseau.

Tout ça va demander beaucoup de collaborateurs. Des installateurs, des gens qui vont se charger de piloter, de programmer tout ça. Et ça, aujourd’hui, c’est le chaînon manquant. Actuellement, on manque de bras. Les entreprises sont un peu débordées. Elles sont bien formées, font de la qualité, notamment grâce au travail que l’on fourni à Qualit’EnR, mais il faut conserver cela. Il ne faudrait pas, parce qu’on a besoin de collaborateurs, que l’on sacrifie tout ça et que l’on perde en qualité. 

Il faut que l’on forme. Il faut que l’on se mobilise un peu partout en France pour pouvoir augmenter nos capacités de formation. Et chez Qualit’EnR, on saura suivre pour pouvoir qualifier encore plus d’entreprises. On est en capacité de pouvoir suivre la demande dès l’instant où les gens auront été formés et auront assimilés ce qu’il leur est appris.

 

Propos recueillis par Jérémy Leduc

Photo de Une : TN'C

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