Une « mission » sur le coût des énergies renouvelables
Publié le 05 décembre 2025, mis à jour le 05 décembre 2025 à 17h30, par Virginie Kroun

Pas de programmation pluriannuelle énergétique fixée, mais une nouvelle consultation en place. Le 3 décembre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a officialisé le lancement d’une mission gouvernementale. Son but : « repenser le soutien public aux énergies renouvelables et au stockage d’électricité ».
Un projet déjà annoncé par M. Lecornu à la mi-octobre, dans le cadre de l’épineux examen du projet de loi finances 2026 (PLF 2026).
Les conclusions de la consultation seront rendues dans trois mois, précise Matignon.
Tenir compte d’évolutions budgétaires, technologiques et de marché
« Ces filières (éolien et solaire) bénéficient depuis plusieurs années de dispositifs de soutien financés par le budget de l’État. Conçus pour accompagner leur déploiement, ces mécanismes représentent aujourd’hui un engagement financier majeur pour la puissance publique », indique Matignon dans un communiqué.
Et d’ajouter : « Dans un contexte budgétaire exigeant et face à la maturité croissante des filières, la mission aura pour objectif de proposer un modèle de soutien plus efficace, plus soutenable et mieux partagé entre acteurs publics et privés. »
Sans compter les fluctuations du marché. Si la demande est trop faible, un surplus d’électricité renouvelable peut être produit. Ce qui peut entraîner des prix négatifs et peser sur les finances publiques. L’État doit donc payer au producteur la différence entre le prix de marché et celui de référence.
Pour rappel, 8,2 milliards d’euros seront consacrés au soutien des EnR dans le PLF 2026. Or, on sait que ces sources énergétiques devaient représenter 14 milliards d’euros en 2023.
Un duo à la tête de la consultation
Tout un travail confié à Jean-Bernard Lévy, président du Conseil Français de l’Energie et ancien PDG d’EDF et de Thierry Tuot, conseiller d’État et ancien Directeur général de la Commission de régulation de l’énergie.
Le duo pourra mener la mission avec l’appui du Conseil général de l’économie, de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), les administrations et filières concernées.
Concrètement, des mesures d’optimisation déjà engagées devront être identifiées et des recommandations correctives définies. Un focus particulier sera porté sur la répartition des risques entre l’État et les producteurs, tout comme les éventuels financements privés.
Le tout dans un contexte d’attaques contre l’éolien et le solaire, venant de l’extrême-droite et d’une partie de la droite. Le mix énergétique EnR-nucléaire, encouragé par le président Emmanuel Macron, a embrasé les débats parlementaires.
Et le nucléaire dans tout ça ?
À propos du nucléaire, les représentants du renouvelable ont appelé à une consultation similaire. Daniel Bour, du syndicat Enerplan, trouve notamment « un peu bizarre que le nucléaire ne soit pas inclus dans cette étude globale ».
Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), parle d’une « provocation » sur son compte LinkedIn. Il pointe notamment du doigt les coûts chantier du réacteur EPR de Flamanville, « conduit en grande partie », quand Bernard Lévy était à la présidence d’EDF.
« Quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage. La filière des énergies renouvelables est responsable et est prête à examiner les manières d’optimiser encore davantage l’utilisation de l’argent public qui lui est consacrée et dont les montants sont rendus transparents par la Commission de régulation de l’énergie. Mais nous souhaitons que cet exercice se fasse dans la transparence et s’applique à l’ensemble des filières, nucléaire inclus, et non de manière unilatérale comme si l’on cherchait à désigner un bouc émissaire », s'indigne-t-il dans un communiqué.
Le SER ne voit pas l'intérêt d'un « énième audit de filière des énergies renouvelables ». L'organisation pointe un amalgame entre le coût passé de ces charges et le nécessaire investissement futur, notamment face à des prix bas. Ces prix bas présentent une opportunité « pour la compétitivité, le pouvoir d’achat, et l’électrification ».
Le syndicat appelle donc à une analyse transparente et complètes, avec un focus sur les freins réglementaires et sur le stockage délectricité. Mais surtout, il encourage à considérer les EnR non pas comme une dépense mais comme un investissement pour la sortie des énergies fossiles et la souveraineté énergétique en France.
Par Virginie Kroun














