Autonomie énergétique : seuls 9 % des Français peuvent y prétendre aujourd’hui

En France, pour qu’un foyer puisse être autonome énergétiquement, il est nécessaire de déployer et de coupler entre elles plusieurs solutions. L’installation de ces solutions peut entraîner d’importants coûts pour les occupants du logement, les éloignant ainsi de l’indépendance énergétique.
Dans une étude, le fabricant allemand de poêles à bois Hase défend la combinaison de trois sources complémentaires : des panneaux solaires couplés à des batteries, un poêle à bois et une isolation renforcée de l’habitation. Malheureusement, seuls 9 % des sondés sont en capacité de s’équiper de toutes ces solutions.
Plus de la moitié des maisons individuelles seraient compatibles avec les poêles à bois
Hase a interrogé près de 2 102 personnes représentatives de la population française et vivant en maison individuelle afin d’estimer le pourcentage de foyers pouvant bénéficier d’une autonomie énergétique.
Selon l’INSEE, près de 57 % des Français vivent en maison individuelle (source novembre 2024) et sont donc susceptibles de mettre en place ces dispositifs d’autonomie énergétique. Pour atteindre cette autonomie, il n’est pas uniquement question de moyen financier. Celle-ci dépend également du type de logement, de la région et de la réglementation locale.
À titre d’exemple, et concernant le type de logement, plus de 55 % des répondants estiment avoir la possibilité technique d’installer un poêle à bois dans leur habitation. Un chiffre certainement sous-estimé puisque que près de 14 % ne savent pas réellement répondre à cette question.
Cette capacité d’utiliser le chauffage au bois est encore largement sous représentée, vu que plus de 67 % déclarent ne pas avoir ce genre de dispositif actuellement. De plus, seulement 11 % des personnes équipées se servent du chauffage au bois comme source principale, et 22 % seulement comme chauffage d’appoint.
Le solaire, une solution envisageable pour près d’un foyer sur deux
Tout comme l’installation de poêles, il existe certains obstacles pour s’équiper en panneaux solaires et batteries. Sans surprise, le coût de ces dispositifs, qui varie entre 7 500 et 30 000 euros pour des puissances de 3 à 12 kWc (source Hello Watt), mais également leur rentabilité, qui diffère selon la région.
Ainsi, plus de 51 % des foyers pensent avoir un logement bien exposé au soleil. Un sentiment qui est évidemment plus fort dans les régions du Sud/Sud-ouest (64 %) et de l’Ouest (59 %) que dans l’Est (45 %) ou le Nord/Nord-Est (34 %).
Bien exposée ou non, il est parfois impossible d’installer un système photovoltaïque sur une habitation. Cependant, plus de 47 % des Français estiment avoir la possibilité de s’équiper en panneaux solaires. Ainsi, en prenant une moyenne de ces deux chiffres, 49 % des foyers auraient la possibilité d’installer une source d’énergie solaire pour leur habitation individuelle.
Trois Français sur cinq (61 %) seraient séduits par cette perspective, et se disent prêts à investir dans une installation solaire avec batterie si les aides proposées pouvaient couvrir au moins la moitié des coûts nécessaires.
Deux tiers des logements français sont mal isolés
Les logements classés F et G, considérés à juste titre comme des passoires énergétiques, représentent 13,9 % du parc de résidences principales, soit environ 4,2 millions de logements.
Les aides comme MaPrimeRénov’ et les CEE permettent d’améliorer l’accès à l’isolation, mais le coût reste un frein pour de nombreux foyers, étant donné que les prix des travaux peuvent varier de 15 000 à 30 000€ pour une maison de 100 m² (source Hello Watt).
Ce retard sur l’isolation est aggravé par la méconnaissance des Français sur la classe énergétique de leur logement, étant donné que 39 % sont incapables de la donner et que la plupart donnent une estimation erronée.
Selon des chiffres gouvernementaux, près de 33 % des Français ont une isolation adaptée pour une réelle autonomie alors que plus de 44 % pensent cela possible.
Si les aides dédiées aux travaux d’isolation étaient plus conséquentes et couvraient de 60 à 80 % des coûts, plus de 59 % des Français seraient prêts à les réaliser afin d’atteindre une meilleure classe énergétique.
L’autonomie énergétique, un rêve hors de portée ?
En prenant en compte les trois probabilités (49 %, 55 % et 33 %), seulement 9 % des Français peuvent concrètement être autonomes énergétiquement actuellement.
Un chiffre bien en dessous des souhaits de plus de 79 % des foyers qui aimeraient pouvoir accéder à cette autonomie énergétique.
Les Français restent cependant assez lucides quant à leur capacité à devenir autonomes en énergie. Dans le détail, seulement 19 % avouent penser que cela est réaliste dans leur situation actuelle, 27 % que cela est impossible, 16 % ne savent pas et 38 % seulement avec davantage d’aides.
Par Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock