Logements sociaux : 64 % d'entre eux sont déjà exposés aux fortes chaleurs

Le constat est alarmant : 64 % du parc de logements sociaux français est aujourd’hui exposé au risque de fortes chaleurs. Selon l’étude rendue publique lors du congrès HLM, ce chiffre grimpera à 79 % en 2050, pour atteindre presque la totalité d’ici la fin du siècle.
Sur les 5,9 millions de logements sociaux, dont 4,8 millions gérés par les bailleurs, 1,44 million seraient déjà concernés par ce phénomène. « Si l’impact sur le bâti reste limité, ce sont surtout les conditions de vie des habitants qui se dégradent », alertent les auteurs, évoquant particulièrement les seniors, plus vulnérables aux canicules répétées.
Des risques multiples, au-delà de la chaleur
Le changement climatique n’épargne aucun territoire. L’étude recense déjà 163 000 logements exposés aux crues de cours d’eau et 188 000 aux remontées de nappes phréatiques.
D’autres menaces existent : le retrait-gonflement des argiles, qui fragilise les maisons individuelles, touche déjà 14 % des logements sociaux concernés et pourrait en affecter plus de la moitié d’ici 2100.
Les feux de forêt menacent aujourd’hui 61 000 logements (3 % du parc), un chiffre susceptible de grimper avec la multiplication des sécheresses.
Même les submersions marines, bien qu’encore marginales, concernent plusieurs milliers d’habitations dans les zones littorales.
Un défi financier colossal pour les bailleurs
Entre l’objectif de construction de 100 000 logements sociaux par an et l’impératif de rénovation énergétique pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les bailleurs sociaux se retrouvent face à une équation financière impossible à résoudre seuls.
Une étude récente de la Banque des territoires (11 septembre 2025) confirme qu’ils n’ont pas les capacités d’investissement suffisantes pour relever simultanément ces deux défis. Les auteurs du rapport appellent donc à anticiper l’adaptation, notamment via des diagnostics d’exposition et de vulnérabilité, l’implication des locataires pour identifier les bâtiments fragiles et la mise en place de plans de gestion de crise face aux événements climatiques majeurs.
Ces alertes interviennent alors que le logement social reste au cœur des tensions politiques et économiques. La question n’est plus seulement de construire et rénover, mais d’assurer la résilience d’un parc qui loge près de 11 millions de personnes, souvent parmi les plus exposées aux effets du réchauffement.
Par Jérémy Leduc