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Crise du logement : une faillite politique ? (FFB)

Publié le 12 mars 2024

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La Fédération Française du Bâtiment (FFB) tire, une nouvelle fois, la sonnette d'alarme. Avec des chiffres historiquement bas, des mises en chantier en chute libre, et des pertes financières colossales, la crise du logement risque de détruire jusqu'à 90 000 emplois à fin 2024, et 150 000 d'ici mi-2025.
Crise du logement : une faillite politique ? (FFB) - Batiweb

« 300 000 emplois en péril : la faillite d'une politique ? », voici le titre de la conférence semestrielle tenue par la Fédération Française du Bâtiment (FFB), qui souligne que « tous les voyants sont au rouge écarlate », faisant ainsi le constat d’un « désastre » qui frappe « l'ensemble du secteur du logement en France ». 

Son président, Olivier Salleron, dénonce une politique publique en matière de logement « inexistante ». La situation, déjà critique, s'aggrave davantage avec un écroulement des mises en chantier, avec seulement 80 000 logements commencés en deux ans

Des chiffres historiquement bas 

 

Le nombre de nouveaux chantiers diminue de 5 % en 2022, puis de 24 % en 2023, et encore de 23 % sur une période de trois mois à fin janvier 2024. Parallèlement, les ventes de logements n'offrent aucun signe d'amélioration à court ou moyen terme : elles chutent de 24 % en 2023 du côté de la promotion immobilière, et même de 38 % en dehors des ventes en bloc. Elles s'effondrent de 41 % sur une période de douze mois à fin janvier 2024, du côté de la construction de maisons individuelles. 

« Des chiffres historiquement bas », regrette M. Salleron, qui confirme les prévisions d'un effondrement en 2024, avec moins de 250 000 nouveaux logements lancés, soit un ratio de 8 mises en chantier pour 1 000 ménages en France, un niveau comparable à celui du début des années 1950.

 

Le secteur de l'entretien-amélioration menacé 

 

« Une menace sur le marché de l'entretien-amélioration a été évitée de justesse », poursuit le président de la FFB, avec un début d’année 2024 assez « chaotique » pour le marché de la rénovation.

À cela s'ajoute « l’impact désastreux de la transformation de MaPrimeRénov’ », malgré les reports de certaines obligations annoncées ce lundi 11 mars, « alors que le financement par geste est considérablement réduit au profit de la rénovation globale ». En effet, cette dernière se heurte à un volume beaucoup trop faible d'Accompagnateurs Rénov', une étape obligatoire. Le résultat est clair : en janvier-février 2024, le nombre de primes accordées diminue de 75 % sur un an.

La fédération demande ainsi la mise en place « très rapide » de la réforme Béchu-Kasbarian, sur Mon Accompagnateur Rénov' et MaPrimeRénov’. Cependant, les espoirs de solutions rapides sont vite freinés par « la lenteur des réponses gouvernementales et la complexité des arbitrages politiques », déplore Olivier Salleron.

Les perspectives de croissance de l'activité en amélioration-entretien pour 2024, telles que prévues par la FFB et les objectifs de transition écologique, risquent de « rester lettre morte », alerte-t-il.

 

Une centaine de milliers d’emplois détruits ? 

 

Mais « la crise du logement n'est pas simplement une question de chiffres », insiste M. Salleron, « elle se traduit également par la perte de milliers d'emplois, avec plus de 10 000 postes détruits en 2023, et qui pourraient atteindre jusqu'à 90 000 emplois détruits à fin 2024, et 150 000  d'ici mi-2025 », prévient-il. 

Une crise économique qui touche l'ensemble de la filière, « des petites entreprises aux grandes sociétés de construction », rappelle le président de la FFB. La baisse des investissements dans la construction et la rénovation impacte directement le PIB français. « En d’autres termes, la crise du bâtiment a amputé de près du tiers la croissance du pays. Et cela se poursuit en 2024 », déclare M. Salleron.

Seules quelques bonnes nouvelles émergent : les coûts des matériaux et de l'énergie se stabilisent dans l'ensemble, facilitant ainsi l'établissement de prix « justes », et les délais de paiement des clients semblent se réduire après une forte augmentation à l'été 2023. 

Face à cette crise sans précédent, les appels à l'action se multiplient. Les représentants du secteur demandent des « mesures concrètes et urgentes » pour relancer l'activité, dont la restauration du Prêt à Taux Zéro (PTZ) pour le secteur de la construction neuve et l'accélération des travaux sur la suite du Pinel et du statut du bailleur privé

 

Marie Gérald 

Photo de une : ©Adobe Stock

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