Dette publique : que retenir du discours de François Bayrou ?

La dette publique enfle encore et toujours, s’inquiète Matignon. Le Premier ministre François Bayrou a partagé ces comptes lors d’une conférence de presse le 25 août : « L’an dernier, c’était 60 milliards. Cette année, ce sera 66 milliards. L’année prochaine, en 2026, au mieux 75 milliards ».
Et d’évoquer une dépendance « chronique » à la dette ces 20 dernières années, sur fond de multiples crises : celle des subprimes, celle de la pandémie, celle énergétique… Sans compter les tensions douanières instaurées par les États-Unis, qui risquent d’enflammer les taux d’intérêts.
Une dette « inutile » pour Matignon
Mais lorsque les taux de prêts étaient avantageux, les moyens n’ont pas été investis correctement, estime M. Bayrou. Investir pour « doter notre pays de meilleurs équipements, pour construire des universités, des hôpitaux, des laboratoires pour nos chercheurs… », déplore l’intéressé.
Plutôt placés en « dépenses courantes et en protection de nos concitoyens » et « sans revenir en arrière », ces emprunts ont nourri une dette « inutile », affirme le Premier ministre. Dette qui « représente à elle seule plus que l’addition des budgets de l’enseignement supérieur et de la recherche, du logement et de la justice ».
Pour Matignon, continuer sur cette voie de l’emprunt sans investissement alimentera un cercle inflationniste et impactera la solvabilité des ménages.
Résultats : une explosion des taux d'intérêts, à cause de laquelle aujourd’hui «il devient trop cher de construire, il devient trop cher d’acheter un appartement. Le secteur du bâtiment est bloqué (…)», souligne gravement François Bayrou.
Dépenser moins et produire plus
Le Premier ministre exprime ainsi une « nécessité vitale » : celle « de dépenser moins et de produire plus ». Parmi les axes d’actions, « la réindustrialisation du pays », déjà exposée dans la démarche budgétaire France 2030.
Mais comment l’approche se manifesterait à l’échelle du bâtiment, notamment dans le résidentiel ? Les chiffres ministériels de la construction décrivaient une reprise des permis des construire en juin, mais loin des niveaux d’avant-crise. Côté commercialisation des logements neufs, on constate un bilan mitigé au deuxième trimestre 2025, entre réservations en baisse mais mises en vente en hausse.
D’autant qu’en février 2024, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) constatait déjà une crise de la demande, qui suit celle de l’offre.
La rénovation énergétique, dépense ou investissement ?
Pareil pour la rénovation énergétique, où le budget reste le principal frein à l’engagement des propriétaires de logements. Est-ce que ce vaste chantier sera vu par le gouvernement comme un investissement ou une dépense courante pour l’équipement de la maison ?
Les professionnels du secteur s’inquiètent déjà de la suspension de MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur et la réouverture du guichet sous certaines restrictions.
Pourtant, la Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) a défendu la rénovation énergétique comme un gisement de recettes publiques.
« Nous avons à renouveler la politique du logement », déclare à la presse François Bayrou. Un discours assez vague, mais dont les contours seront peut-être précisés lors de la déclaration de politique générale le 8 septembre. C'est à cette date que l’Assemblée nationale devra prononcer un vote de confiance envers le Premier ministre.
Par Virginie Kroun