Prévention BTP : l’OPPBTP lance une campagne contre les heurts engin-piéton
Publié le 24 novembre 2025, mis à jour le 26 novembre 2025 à 9h48, par Nils Buchsbaum

Le jeudi 20 novembre sur le stand de la FNTP du Salon des maires, à Paris, l’OPPBTP a dévoilé sa nouvelle campagne nationale destinée à alerter les entreprises du BTP sur le risque de heurt entre engins et piétons.
Menée avec le soutien des organisations professionnelles et des Services de prévention et de santé au travail (SPST), cette initiative intervient dans un contexte préoccupant : chaque année, le secteur du bâtiment et des travaux publics recense en France entre 10 et 20 accidents graves liés à ces collisions, dont la moitié s’avèrent fatals.

Déployée du 15 janvier au 14 mars 2026, la campagne entend rappeler que, si la mécanisation améliore la performance des chantiers et facilite le travail des compagnons, la présence d’engins constitue aussi une source majeure de danger lorsque des piétons circulent à proximité. Une organisation des flux imparfaite, des angles morts ou un moment d’inattention, côté conducteur comme piéton, peuvent avoir des conséquences dramatiques.
« Le risque de heurt engin-piéton reste l’un des risques prioritaires sur nos chantiers. Il est parfois perçu comme familier, alors qu’il nécessite une vigilance de chaque instant. Avec cette campagne, nous voulons renforcer la prise de conscience et rappeler que l’organisation du chantier, la coordination des flux et la capacité à anticiper sont des leviers essentiels », souligne Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP.
En mobilisant l’ensemble du secteur (employeurs, encadrants, compagnons, maîtres d’ouvrage), cette initiative vise à réduire durablement les accidents graves et mortels dans un environnement particulièrement exposé.
Un risque encore trop fréquent et souvent mortel
Lors de la présentation de la campagne, Sébastien Marie, responsable du domaine Travaux publics à la direction technique de l’OPPBTP, détaille la situation : les travaux publics concentrent environ 70 % de ces accidents, contre 30 % pour le bâtiment. Toutes les tailles d’entreprises sont concernées : 40 % des accidents surviennent dans des entreprises de plus de 500 salariés, 35 % dans des structures de 20 à 499 salariés, et 25 % dans des structures de moins de 20 salariés.

Pour mieux comprendre comment les professionnels perçoivent le risque de heurt entre engins et piétons, l’OPPBTP a mené en septembre une enquête nationale. Elle a recueilli 3 661 réponses, représentant une large variété de fonctions et d’entreprises des Travaux publics ainsi qu’un échantillon d’entreprises du Bâtiment, sur l’ensemble du territoire.
Les répondants témoignent d’une forte exposition au risque : 47 % déclarent travailler tous les jours à proximité d’un engin, et 21 % plusieurs fois par semaine.
Ils travaillent le plus souvent avec des véhicules légers (69 % des répondants), mais également avec des poids lourds (42 %), des mini-pelles de 6T ou moins (34 %), des pelles de plus de 6T (32 %) et des chariots élévateurs de chantier (30 %).

Par ailleurs, 14 % des professionnels interrogés déclarent avoir déjà vécu un heurt, directement ou indirectement, confirmant la présence du risque sur les chantiers. Parmi eux : 65 % déclarent qu’un collègue a déjà été victime, 29 % ont déjà été témoins.

Interrogés sur les causes perçues, les répondants identifient majoritairement l’inattention du conducteur (69 %), l’inattention du compagnon au sol (59 %), et l’organisation du chantier (46 %). Cette tendance à attribuer l’accident au manque de vigilance illustre « la place prépondérante donnée à la responsabilité individuelle », d’après l’OPPBTP.
Enfin, si 85 % des répondants estiment être « plutôt bien » ou « très bien » informés sur le risque de heurt, l’enquête met en évidence un décalage important entre cette perception et les pratiques réelles. Parmi les 57 % qui assurent formation et sensibilisation, 40 % n’échangent pas sur le sujet, 28 % se limitent au CACES, 17 % organisent de courtes réunions régulières et seulement 8 % proposent des ateliers pratiques avec mise en situation autour de l’engin. Selon l’OPPBTP, « ces chiffres montrent que, bien que le risque soit connu, il reste insuffisamment intégré dans les pratiques quotidiennes. »
Présente parmi les intervenants lors du lancement de la campagne, Christelle Akkaoui, sous-directrice des conditions de travail, de la santé et de la sécurité au travail à la Direction générale du Travail (DGT), a dévoilé que les inspections et enquêtes menées par les services étatiques ont aussi mis en évidence d’autres lacunes importantes : 26 % des salariés ne disposent pas d’autorisation de conduite, 12 % n’ont pas subi de vérification médicale, 9 % n’ont pas reçu de formation et 18 % n’ont pas d’information spécifique sur leur lieu de travail.
De nouveaux outils de formation à destination des entreprises
Pour cette campagne, l’OPPBTP met à disposition des entreprises de nouveaux outils pratiques pour renforcer la culture prévention autour de ce risque. Afin d’enrichir l’offre de contenus déjà disponible sur preventionbtp.fr, l’Organisme a développé un module e-learning quart d’heure sécurité, un guide des meilleures pratiques élaboré avec des entreprises du secteur, quatre webinaires et une nouvelle formation consacrée au risque de heurt engin-piéton.
Ces ressources, accessibles à toutes les entreprises, ont pour objectif de faciliter leur mise en pratique sur le terrain, de renforcer les compétences des équipes et de promouvoir des pratiques éprouvées pour diminuer efficacement le risque de heurt engin-piéton.
Du 15 janvier au 14 mars 2025, l’OPPBTP invite toutes les entreprises du secteur à organiser de manière autonome un « 1/4 d’heure sécurité » pour sensibiliser leurs équipes à ce risque majeur et rappeler les bonnes pratiques. Pour participer, il suffit de se rendre sur www.heurtenginpieton.fr, de lancer la vidéo dédiée et d’échanger avec les équipes sur le chantier.
À la fin de la séquence, un formulaire en ligne permet de déclarer le nombre de salariés sensibilisés et de télécharger une attestation officielle. Un compteur national permettra de suivre en temps réel la mobilisation. Les entreprises pourront ensuite partager une photo de leur action sur LinkedIn, Facebook ou TikTok avec le hashtag #HEP2026, valorisant ainsi leur engagement et encourageant la mobilisation de la profession.
Parallèlement au challenge, des événements et réunions d’information seront organisés partout en France autour de cinq thématiques : angles morts, gestes et manœuvres, accidentologie, causes et solutions de prévention. Des ateliers pratiques régionaux, impliquant constructeurs, fabricants de matériel et dispositifs d’aide à la conduite, permettront également de partager retours d’expérience et démonstrations pour améliorer l’organisation des flux et la sécurité sur les chantiers.
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Par Nils Buchsbaum














