Journée contre la précarité énergétique : un appel urgent aux pouvoirs publics
Publié le 18 novembre 2025, mis à jour le 18 novembre 2025 à 12h56, par Nils Buchsbaum

Ce 18 novembre 2025, a eu lieu la 5ème Journée contre la précarité énergétique. Portée depuis 2020 par la Fondation pour le Logement des Défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre) et pilotée par 19 organisations dont l’Observatoire national de la précarité énergétique, les Compagnons bâtisseurs ou encore Greenpeace France, cette journée nationale entend rendre visible la précarité énergétique et interpeller les pouvoirs publics.
Selon les derniers chiffres de l'Observatoire national de la précarité énergétique, diffusés la veille au soir, 3,1 millions de ménages, soit 10,1 % de la population française, vivaient en situation de précarité énergétique en 2023.
Une précarité énergétique en forte hausse en France
Sont considérés en situation de précarité énergétique les ménages appartenant aux 30 % les plus modestes et qui doivent consacrer plus de 8 % de leurs revenus aux dépenses énergétiques de leur logement.
La proportion de Français affirmant avoir eu des difficultés à régler leurs factures de gaz ou d’électricité au cours des douze derniers mois a grimpé, passant de 28 % en 2024 à 36 % en 2025. C'est une « hausse très rapide sur un an seulement », alerte Maider Olivier, coordinatrice de la Journée contre la précarité énergétique.
Avec l’accroissement de la précarité, la mauvaise qualité thermique de millions de logements et l’augmentation des coûts de l’énergie, de plus en plus de ménages ne parviennent pas à chauffer leur logement correctement. Au 1er janvier 2025, 12,7 % des résidences principales, soit 3,9 millions de logements, étaient des passoires énergétiques, selon les statistiques publiées par le gouvernement.
Selon l’enquête du Médiateur national de l’énergie fin octobre, 75 % des foyers déclarent désormais baisser leur chauffage pour éviter des factures trop élevées, soit six points de plus qu’en 2022. Toujours d'après les mêmes sources, la part de personnes déclarant souffrir du froid dans leur habitation est passée de 30 % en 2024 à 35 % en 2025.
Des aides publiques réduites malgré l’urgence sociale
Alors que la précarité énergétique touche un Français sur dix, les organisateurs déplorent que « la lutte contre ce fléau ne semble pas figurer parmi les priorités du nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu ».
Après des années à réclamer « des aides de l’État mieux adaptées aux ménages modestes et aux travaux offrant de réels gains énergétiques », Manuel Domergue, de la Fondation pour le logement des défavorisés, regrette aujourd’hui l’affaiblissement du dispositif MaPrimeRénov’.
En effet, les subventions MaPrimeRénov' destinées aux rénovations globales de logements ont été suspendues cet été, en raison d’un afflux trop important de demandes et de tentatives de fraude. À la réouverture du guichet fin septembre, « le niveau des aides a été divisé par deux. Un ménage très modeste touchera désormais 32 000 euros maximum », pour « des travaux qui peuvent coûter 70 000 voire 90 000 euros », explique le directeur des études de la Fondation pour le logement.
Les organisateurs de la Journée nationale contre la précarité énergétique regrettent qu’« à peine lancée, la réforme MaPrimeRénov’ voyait déjà son budget réduit d’1 milliard d’euros en 2025, et à la mi-année, les caisses pour la rénovation étaient vides ». Alors que le budget 2026 est actuellement débattu à l’Assemblée nationale, le gouvernement prévoit encore 500 millions d’euros de coupes.
Les associations réclament un soutien renforcé
Les associations demandent « un retour aux ambitions initiales de MaPrimeRénov’ », favorisant les rénovations globales et les ménages précaires, avec « un budget sincère à hauteur de 4 milliards d’euros ». « Il n’y a pas d’économies à faire en matière de lutte contre la précarité énergétique, dont les bénéfices sociaux et écologiques sont largement connus », souligne Isabelle Gasquet, responsable plaidoyer efficacité énergétique au réseau Cler.
L’agence nationale de l’habitat (Anah), gestionnaire des aides MaPrimeRénov’, n’est pas la seule à subir des baisses dans le projet de loi de finances 2026. Les organisateurs de la journée contre la précarité énergétique considèrent que « cela fait plusieurs années déjà que le chèque énergie est délaissé, voire amoindri ». Il s’agit pourtant, selon eux, « de la principale aide pour les ménages au paiement des factures d’énergie, dans un contexte de hausse des prix ».
« L’urgence n’est pas d’économiser 200 millions d’euros sur les plus précaires mais d’assurer la fonction protectrice de cette aide, a minima en indexant son montant sur l’évolution des prix de l’énergie », rappelle la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Elle demande « de rétablir - a minima - le budget 2024 consacré au chèque énergie. Et, si la cible des bénéficiaires de cette aide se restreint effectivement en 2025 et 2026, nous demandons au gouvernement de modifier les critères d’attribution du chèque pour maintenir le nombre de bénéficiaires. Cette aide est vitale pour des millions de ménages en difficulté. »
Par Nils Buchsbaum














