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Effondrement à Marseille : un audit de l’habitat indigne va être lancé

Publié le 07 novembre 2018

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Lundi dernier, deux immeubles se sont effondrés en plein centre de Marseille. Situés au 63 et au 65 rue d’Aubagne, les bâtiments étaient connus des autorités. Alors que 5 corps ont été retrouvés dans les décombres, la colère des habitants ne cesse de monter. La cité phocéenne semble en effet particulièrement concernée par les problèmes d’habitat indigne. L’Etat promet de lancer un audit très prochainement.
Effondrement à Marseille : un audit de l’habitat indigne va être lancé - Batiweb
La catastrophe survenue lundi dernier à Marseille n’est pas une mince affaire. En effet, les bâtiments qui se sont écroulés dans le quartier de Noailles, étaient connus des autorités. L’immeuble numéro 65 rue d’Aubagne avait fait l’objet d’une visite d’expert agréé auprès du tribunal le 18 octobre mais ce dernier « n’avait pas requis l’interdiction d’habiter », selon Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

Quant à l’immeuble du 63, il avait été acquis par la Ville de Marseille après 10 ans de procédure et était propriété du bailleur Marseille Habitat. Après un arrêté de péril pris en 2008, il avait été muré et déclaré inhabitable. Même chose pour le bâtiment situé 67 rue d’Aubagne qui, fragilisé, s’est également effondré lundi. Son propriétaire avait engagé une procédure judiciaire à l’encontre de la copropriété du 65 concernant « l’instabilité du mur mitoyen ».

Alors qu’un 5ème corps vient d’être retrouvé dans les décombres, les habitants expriment leur colère. Beaucoup estiment que le drame aurait pu être évité et dénonce un manque de volonté politique. C’est également l’avis de l’association « Un centre-ville pour tous ». Un de ses membres, Patrick Lacoste a expliqué au journal le Monde : « A Noailles, il y a une stratégie d’abandon (…). On préfère mettre de l’argent dans le stade ou dans la tour La Marseillaise de Jean Nouvel (…). C’est absolument honteux, il va falloir des morts pour qu’ils s’occupent du centre-ville ».

La faute au climat

Pour expliquer l’écroulement des immeubles, la mairie a avancé l’hypothèse des fortes pluies des derniers jours. Mais plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille.

Rappelons qu’en 2015, Christian Nicol, ancien inspecteur général de l’administration du développement durable, avait publié un rapport alarmant sur l’état du logement à Marseille. Sur les 377 000 résidences principales que compte la Cité phocéenne, plus de 40 000 logements avaient été déclarés comme insalubres. Le rapport indiquait ainsi que le logement indigne menaçait la santé ou la sécurité de 100 000 habitants.

Christophe Castaner précise que « près de 6 000 propriétés ont été identifiées comme fragiles », une situation « d'autant plus intolérable que les quartiers concernés sont généralement les plus populaires », a-t-il déclaré.

Un audit « immeuble par immeuble »

Le ministre de l’Intérieur s’est également référé aux marchands de sommeil, un fléau qui touche fortement Marseille. « Il faut les combattre, combattre ces situations et combattre ces comportements ».

L'Etat va effectuer un « audit de l'habitat indigne » à Marseille, un diagnostic qui se fera « immeuble par immeuble », a-t-il promis. Cet audit doit aboutir à « un programme ambitieux de préservation des conditions de sécurité, avant d'envisager les aménagements nécessaires » avec la municipalité de Marseille, a-t-il précisé.

Le gouvernement a également demandé au préfet de région de préparer un « contrat de métropole », dont l' « une des premières priorités (...) porte sur les questions de rénovation urbaine », a poursuivi M. Castaner.

Des sujets déjà abordées mais…

L’effondrement des immeubles à Marseille doit créer un électrochoc pour que la rénovation des bâtiments s’accélère. Espérons que la loi Elan, qui prévoit plusieurs mesures pour lutter contre les marchands de sommeil et l’habitat indigne, puisse accompagner le mouvement.

« Initiative Copropriétés » a également son rôle à jouer.  Ce plan à 3 milliards d’euros vise à intervenir de façon accélérée, par la rénovation – restructuration, sur les copropriétés en difficulté, dont prioritairement les ensembles immobiliers « très dégradés et dégradés ».


R.C (Avec AFP)
Photo de une : ©Fotolia

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