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En 2014, l'artisanat du bâtiment anticipe un recul de 1,5 % à 2 % de son activité

Publié le 16 octobre 2014

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Si la baisse est moins brutale qu'en 2013, l'année 2014 enregistrerait néanmoins un recul de l'activité de l'artisanat du bâtiment estimé entre -1,5 % et - 2 %. A la fin août, on totalise ainsi seulement 303 000 logements neufs commencés, en cumul sur douze mois soit une baisse de 11,6 % sur un an. Point de conjoncture avec Patrick Liébus, président de la Capeb, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.
En 2014, l'artisanat du bâtiment anticipe un recul de 1,5 % à 2 % de son activité - Batiweb

Les trimestres se suivent et se ressemblent pour l'artisanat du bâtiment. A l'occasion du point de conjoncture de la CAPEB ce jeudi 16 octobre, son président Patrick Liébus a eu l'impression d'aborder toujours la situation de la même manière : 

«

il y a eu une période où on entrait dans la crise, aujourd'hui on s'y enracine avec le risque d'avoir du mal à en ressortir» a-t-il rappelé.

Tous les indicateurs sont dans le rouge. Si la baisse est moins brutale qu'en 2013, l'année 2014 enregistrerait néanmoins un recul de l'activité estimé entre -1,5 % et - 2 % (neuf : - 3% à - 4 %) ; entretien rénovation : entre - 0,5% et 0 %).

303 218 logements à fin août

A fin août, on totalise ainsi seulement 303 218 logements neufs commencés, en cumul sur douze mois soit une baisse de 11,6 % sur un an. Les mises en chantier de logements individuels demeurent particulièrement touchées avec une baisse de -18,3 % à 96 602 unités. Le nombre de permis de construire continue de reculer sur douze mois cumulés (-13,9 %), malgré une légère augmentation des permis délivrés sur les trois derniers mois écoulés.

Evolution du volume d'activité des entreprises artisanales au 3e trimestre

Au troisième trimestre 2014, l'activité recule encore de 2 % en volume, entérinant une baisse continue depuis deux ans et demi, soit 10 trimestres consécutifs. Elle est tirée vers le bas par la contraction du neuf (- 4 % par rapport au même trimestre en 2013).

« 

Les annonces faites par le gouvernement et les orientations prises dans le Plan de relance nécessitent un temps de démarrage
», explique Patrick Liébus. Les effets ne devraient donc pas être visibles avant plusieurs mois. 

Les travaux de performance énergétique reculent pour la première fois

L'activité entretien-rénovation enregistre pour sa part une moindre baisse de 0,5 % au troisième trimestre après une croissance nulle au trimestre précédent.

Elle est notamment fragilisée par la baisse du volume de Travaux d'amélioration de la performance énergétique des logements. Cette activité est pour la première fois impactée avec un recul de 0,5 %, après plus de quatre ans de progression ininterrompue ce qui alerte particulièrement Patrick Liébus.

«

Alors que cette activité se portait bien jusque là, elle chute au troisième trimestre et traduit une véritable inquiétude portée par les tergiversations sur le programme de rénovation énergétique. Les débats ont eu lieu mais le programme n'est pas clos, notamment sur le CITE ou l'Eco-PTZ. Nos clients ne sont donc pas sûrs que ces annonces seront mises en place
», analyse Patrick Liébus, qui précise que les artisans font actuellement un gros travail de pédagogie sur le terrain pour expliquer les mesures et lever la frilosité et l'attentisme des ménages.

17 000 euros de besoin de trésorerie

Cette baisse d'activité a des conséquences directes et visibles sur les entreprises. L'état des carnets de commande se détériore, avec 71 jours de travail en moyenne au 3T contre 78 jours un an plus tôt. 30 % des entreprises déclarent une baisse de leurs carnets de commande.

Du côté de la trésorerie, le compte n'y est pas non plus. 32 % des professionnels font état d'une détérioration de leur trésorerie. En octobre 2014, le montant moyen des besoins de ces entreprises s'élevait à 17 000 euros. La hausse des délais de paiement des clients et les défauts de paiement constituent les principaux facteurs de cette dégradation.

L'ensemble des corps de métier est impacté mais les métiers de maçonnerie, couverture-plomberie-chauffage et électricité restent les plus concernés par la diminution des mises en chantiers alors que la baisse d'activité est moindre pour les entreprises intervenant sur les travaux de finition. 

3 000 à 4 000 emplois supprimés 

D'autre part, le gel des dotations de l'Etat a laissé son empreinte sur les budgets des collectivités territoriales suite aux élections, avec pour conséquence une réduction du nombre d'entreprises travaillant pour les collectivités locales (24 % contre 36 % au même trimestre de l'année précédente)

«

C'est un affaiblissement du tissu de proximité
», regrette Patrick Liébus qui n'hésite pas à qualifier le système des marchés publics  de 

«

perverti
»

«

Nous souhaitons qu'il y est plus de contrôle pour que le droit français soit respecté et pour retrouver des prix normaux et à une exigence de qualité
», explique Patrick Liébus. "Les entreprises sont sous tension», précise le président de la Capeb qui souhaiterait également voir se généraliser les 

«

groupements momentanés d'entreprises (GME) pour que les entreprises travaillent ensemble et se protègent mieux» pour réaliser un marché.

Prévisions 2015

Enfin, sur les chiffres de l'emploi,  l'artisanat du bâtiment anticipe une perte de 3 000 à 4 000 emplois, une baisse certes moins importante qu'en 2012 et 2013 avec respectivement 10 000 et 15 000 emplois supprimés, mais qui révèle surtout qu'

«

il n'y aura pas non plus de mouvement d'embauches en 2014, pointe Patrick Liébus, d'autant que cela nous faire perdre des compétences et des savoir-faire. Il nous faut trouver des solutions pour enrayer les pertes d'emplois et la baisse d'activité, l'une d'elles est d'aider les artisans à entrer dans la démarche RGE».

En 2015, l'artisanat du bâtiment prévoit une baisse de bolume comprise entre -0,5 % et zéro. Dans le neuf, le volume serait en baisse de -1 à -2 % et de -0,5 à 1 % dans l'entretien rénovation. 


«

L'année 2015 devrait démarrer de façon identique, anticipe le président de la Capeb, même si nous espérons que la mise en place des mesures sur le neuf, notamment la libération du foncier, aura des effets sur le premier trimestre 2015. Dans tous les cas, le gouvernement devrait éviter de multiplier les messages perturbants dans cette ambiance morose, afin de retrouver la confiance à la fois des entreprises et des clients», conclut Patrick Liébus.

En 2013, seulement 331 867 logements neufs avaient été construits, un chiffre encore bien loin de l'objectif gouvernemental encore jamais atteint des 500 000 logements construits par an.

Claire Thibault
© Fotolia

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