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Le manque de rentabilité inquiète les entreprises du bâtiment

Publié le 04 juillet 2019

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Dans sa dernière note conjoncture, la FFB fait le point sur la santé des entreprises du secteur. Malgré une activité stable, le manque de rentabilité préoccupe le secteur du bâtiment. Une tendance qui pourrait s’aggraver si la suppression de l’accès au Gasoil non routier et de la Déduction forfaitaire spécifique venait à se confirmer.
Le manque de rentabilité inquiète les entreprises du bâtiment - Batiweb

« L’activité tient, mais les marges reculent ! », s’exclame la Fédération Française du Bâtiment (FFB) dans son dernier bilan semestriel. S’intéressant tout d’abord aux ventes de logements neufs, la FFB appelle à la vigilance. En effet, si les ventes dans l’individuel diffus, progressent légèrement sous l’effet « de la large ouverture du marché du crédit immobilier », « tout durcissement des règles prudentielles s’appliquant au crédit bancaire provoquerait une chute du marché ». Et les annonces faites en ce sens par l’Autorité bancaire européenne « renforcent l’inquiétude ».

 

La FFB note également l’effet dévastateur du rabotage des aides dans les zones B2 et C. Prenant l’exemple de la promotion immobilière, elle indique : « le repli s’accélère, à – 18,6% (contre – 13,8%, - 7% et – 1,4% sur deux, trois et quatre trimestres) alors qu’on constate des progressions respectives de 0,5% et 5,4% en zones A-Abis et B1 ».

 

L’effondrement des mises en vente (- 30,9% en glissement annuel au premier trimestre 2019) est également plus marqué dans les zones B2 et C (- 42% contre – 29,6% en zones A-Abis et – 27,6% en zone B1). Une tendance qui pourrait néanmoins s’inverser dans les prochaines mois, les promoteurs immobiliers ayant exprimé leur souhait « de mettre à l’étude de nouveaux programmes ». Quant aux constructeurs de maisons individuelles, ils voient leur activité progresser dans huit régions sur treize en glissement annuel sur trois mois.

 

Les chiffres sont également à la baisse concernant les autorisations de logements (- 6,9% en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2019). Les ouvertures de chantier se replient de – 4,9%, « soit quasiment au même rythme que celui observé depuis un an ».

 

Le non résidentiel dans le vert

 

Les surfaces autorisées de bâtiments non résidentiels neufs affichent une forte progression (+ 14%), un marché porté par le dynamisme des bâtiments industriels et assimilés (+ 36,6%). Les bureaux et commerces ressortent quasiment stables à – 0,2% et – 1% tandis que les bâtiments administratifs affichent une baisse plus marquée à – 9,7%, « en lien avec l’approche des municipales de 2020 ».

 

S’agissant des surfaces commencées, elles se stabilisent à – 0,4%. Les bâtiments industriels se distinguent là encore (+ 19,5%), alors que les bureaux, commerces et bâtiments administratifs « s’effondrent » respectivement de – 9,7%, - 14,1% et – 18,1%.

 

L’amélioration-entretien à la traîne

 

En glissement annuel au premier trimestre 2019, l’activité d’amélioration-entretien a reculé de – 2,1% en volume. Sur le segment de la rénovation énergétique, les chiffres se contractent également à - 1,8%.

 

Selon les estimations de la FFB, l’activité dans le bâtiment a fléchi de – 1,8% en volume. Malgré cette baisse, « les perspectives d’activité pour le deuxième trimestre 2019 s’avèrent mieux orientées ». Les carnets de commande sont toujours « très bien garnis », particulièrement pour les entreprises de plus de dix salariés, avec un niveau de 7,8 mois à fin juin 2019, « bien au-delà de leur moyenne de long terme (5,9 mois) ». Pour ce qui est des artisans, ils s’établissent à 4,8 mois.

 

Le bâtiment, un secteur qui recrute

 

L’emploi salarié a progressé (+ 2,7%). Le secteur du bâtiment a embauché 29 300 personnes de plus par rapport au premier trimestre 2018. S’agissant de l’intérim, 3 300 postes supplémentaires ont été créés (+ 3%). « Ces très bons chiffres, malgré le fléchissement de l’activité, signalent des tensions sur l’appareil de production, probablement plus importantes que nous ne le pensions en 2018. De plus, les difficultés de recrutement restent de pleine actualité : elles concernent près de trois chefs d’entreprise de plus de dix salariés sur quatre et plus d’un artisan sur deux », précise la FFB.

 

Les défaillances d’entreprises baissent de – 2,5% en glissement annuel au premier trimestre 2019, un mouvement qui devrait se poursuivre.

 

Des marges en recul

 

Les prix bâtiment sont en hausse (+ 2,2%), tout comme les coûts supportés par les entreprises du secteur (+ 2,4%). Si le poste matériaux ralentit, les salaires accélèrent nettement (+ 3,5%). Le taux de marge est en baisse dans la branche construction pour le 4e trimestre consécutif, de 0,7 point précisément, pour s’établir à 24,8%. « Le différentiel entre prix et coûts pèse ici lourdement à nouveau ». Ainsi, « malgré un niveau d’activité correct et des perspectives qui restent encourageantes, ce manque de rentabilité préoccupe la FFB ».

 

Dans ce contexte, le président de la FFB, Jacques Chanut tire la sonnette d’alarme. La FFB rappelle que la suppression de l’accès au gasoil non routier (GNR) pèsera à hauteur de 70 M€ dans le bâtiment tandis que la disparition de la Déduction forfaitaire spécifique coûterait de l’ordre de 950 M€ au BTP, soit 8,8% de la masse salariale. « Ces mesures constitueraient les ferments d’une déstabilisation totale du secteur ».

 

« La suppression étudiée par le gouvernement de l’accès au GNR et de la DFS risquent clairement d’envoyer de nombreux artisans et entrepreneurs au tapis. D’autant que la menace d’un nouveau rabotage du CITE et de la suppression du PTZ hors grandes agglomérations reste d’actualité. Cet ensemble ne peut que conduire à aggraver la fracture territoriale et fait une nouvelle fois peser, de manière particulièrement injuste sur notre seul secteur, l’essentiel des économies promises sur le budget de l’Etat », déclare Jacques Chanut.  

 

R.C
Photo de une : ©Adobe Stock

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