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JOP : l’Île-de-France face aux défis de l’accessibilité des transports

Publié le 25 avril 2024

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Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris approchent à grands pas. L’arrivée de millions de visiteurs s’annonce comme un défi de taille pour les organisateurs. Parmi ces visiteurs, des personnes à mobilité réduite, qui aspirent à se rendre sur les différents sites sans la moindre difficulté. Où en est-on en termes d’accessibilité dans les transports en commun ? La France est-elle prête à accueillir ces personnes à mobilité réduite ? Éléments de réponse.
JOP : l’Île-de-France face aux défis de l’accessibilité des transports - Batiweb

100 ans. Cela fait 100 longues années que la ville de Paris attend le retour des Jeux. C’est chose faite. La capitale s’apprête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024, du 26 juillet au 8 septembre, 100 ans après l’édition de 1924.

Depuis que Paris a été désignée comme ville hôte en 2017, tout s’est accéléré pour offrir aux athlètes et aux visiteurs venus du monde entier la plus belle expérience qui soit. Et au regard des ambitions du gouvernement et d’Emmanuel Macron, fraîchement élu à l’époque, les chantiers étaient de taille.

Une cérémonie d’ouverture sur la Seine, ou encore des épreuves aquatiques dans le fleuve, nombreux sont les défis inédits que s’est imposée la France pour ces olympiades. Mais il existe un autre enjeu : celui du transport des visiteurs en situation de handicap.

 

3 000 à 4 000 visiteurs en fauteuil roulant attendus

 

Pour ces Jeux olympiques et paralympiques d’été, près de 15 millions de visiteurs sont attendus rien qu’en Île-de-France. Cela va représenter un véritable défi pour les organisateurs et la préfecture de police de Paris, qui vont devoir gérer les flux, l’affluence et assurer la sécurité de tous ces visiteurs, dans un contexte où la menace terroriste se fait de plus en plus présente.

Parmi ces 15 millions de personnes, 350 000 sont en situation de handicap, et 3 000 à 4 000 d’entre elles sont en fauteuil roulant. Se pose alors la question de l’accessibilité aux transports et aux infrastructures sportives pour l’accueil de ce public. La région Île-de-France ne part pas de zéro, mais les chantiers sont tout de même colossaux.

L’Île-de-France pâtit d’une mauvaise image en termes d’accessibilité, même si les choses semblent aller dans le bon sens depuis quelques années. La loi de 2005, qui impose à la région de rendre accessible les transports en commun, semble être le point de départ de cette prise de conscience.

 

Les Jeux ont accéléré la mise en conformité des transports

 

Depuis son élection à la présidence du conseil régional d’Île-de-France, fin 2015, Valérie Pécresse et ses équipes ont entamé un important virage en termes d’accessibilité des transports. À l’époque, l’Île-de-France a déposé auprès de la préfecture de région un schéma directeur d’accessibilité des transports. Autrement dit, un planning de ce qu’envisage de faire la région pour rendre les transports en commun accessibles. Les travaux ont débuté en 2016, pour une échéance en 2024.

Pour démarrer d’importants travaux d’accessibilité, les pouvoirs publics n’ont donc pas attendu que Paris soit désignée comme ville hôte pour les Jeux. 

Même s'il est vrai que ces derniers ont tout de même permis d’accélérer les choses, comme l’admet Pierre Deniziot, conseiller régional d’Île-de-France en charge du handicap et de l’accessibilité, et administrateur d’Île-de-France Mobilités : « La candidature de Paris 2024 et l’attribution des Jeux à Paris nous ont permis de mobiliser les équipes, pour tenir cet agenda que l’on avait déjà déposé. On s’est dit qu’on ne pouvait pas prendre deux ou trois ans de retard sur les délais prévus. Il a fallu que l’on s’investisse afin d’être au rendez-vous de Paris 2024. L’attribution des Jeux a été perçue comme une motivation en plus ».

 

Focus sur les extensions de lignes

 

Une mobilisation générale pour un calendrier ambitieux, avec pas moins d’1,6 milliard d’euros posés sur la table. L’objectif est d’atteindre un total de 269 gares accessibles sur le réseau de surface. Pour l’heure, 210 le sont. Ce nombre s’élèvera à 240 pendant la période des Jeux.

Il est surtout question de gares qui seront présentes en surface sur les extensions de lignes faisant partie du Grand Paris. Dans ces dernières, de nombreux ascenseurs et escaliers mécaniques ont été installés. « En Île-de-France, on compte par centaines le nombre d’ascenseurs et d’escalators installés par Koné », nous explique Cédric de la Chapelle, directeur service pour Koné France.

« Les installations neuves se concentrent sur les extensions de ligne qui font partie du Grand Paris. C’est là que l’on voit que cette problématique de l’accessibilité a bien été prise en compte dans les nouvelles gares et dans les extensions », ajoute M. de la Chapelle.

Des travaux qui se concentrent donc sur les extensions de ligne, mais aussi les lignes de bus et de tramway. Aujourd’hui, 560 lignes de bus sont accessibles pour les personnes à mobilité réduite (PMR) en Île-de-France.

 

« Les associations savent qu’il n’est pas possible de rendre le métro totalement accessible »

 

La tendance n’est pas la même concernant le métro, qui n’est pas soumis à la loi d’accessibilité de 2005. Pour de tels travaux, l’ampleur de la tâche est tout autre, et va jusqu’à flirter avec l’impossible, comme l’explique M. Deniziot : « Pour le métro, plusieurs milliards d’euros sont nécessaires. On doit faire face à des impossibilités techniques, comme des risques d’effondrement. Les associations savent qu’il n’est pas possible de rendre le métro totalement accessible ».

Même son de cloche du côté de Koné, comme nous l’explique Cédric de la Chapelle : « Nous n’avons pas installé d’ascenseurs ou d’escalators dans les stations existantes, et ce, pour des raisons évidentes. Il est très compliqué de creuser, de créer un nouvel ascenseur ou un nouvel escalier, faute de place suffisante ».

Pour l’heure, et en comptant les stations et futures stations de métro du Grand Paris, 13 sont accessibles. 16 de plus sont attendues pour les JOP avec le prolongement des lignes. On passera alors de 9 à 14 % de stations accessibles. Quand les chantiers du Grand Paris Express seront terminés, il y aura un total de 68 stations accessibles.

 

Une hausse de moyens consacrés à l’accessibilité des transports

 

En termes de coût, celui-ci varie en fonction de la taille des gares à équiper. Pour les gares dites « classiques », la somme à débourser pour les rendre accessibles s'élève à 11 millions d’euros environ. Pour les plus grandes gares comme celle de Saint-Quentin-en-Yvelines, par laquelle vont transiter les spectateurs venus assister aux épreuves de golf ou de BMX par exemple, les sommes nécessaires s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros. Pour cette gare, 55 millions d’euros ont été nécessaires.

Toutes ces opérations d’aménagement ont été financées aux trois quarts par la région et par Île-de-France Mobilités, et le reste par la RATP ou la SNCF. Les moyens dédiés à l’accessibilité des transports ont également été grandement revus à la hausse. Avant l’arrivée de Valérie Pécresse à la présidence de la région, 11 millions d'euros ont été consacrés chaque année à l’accessibilité des transports. Depuis, ces investissements ont été multipliés par 4 ou 5 selon les années.

 

Des lignes de bus, de tramway et des navettes en complément, pour redorer l’image de la région

 

Un chantier de taille, initié depuis près de 10 ans, qui doit permettre aux millions de visiteurs attendus de transiter convenablement entre chaque site olympique. Pour les JOP, 95 % du trafic voyageur en Île-de-France passera par des gares accessibles.

En complément des stations de métros, des gares et autres lignes de bus ou de tramway, un système de navettes va être mis en place en guise de solution complémentaire. « Sur les horaires d’épreuves, il peut y avoir de grosses affluences. On a donc mis en place cette possibilité très individualisée. L’utilisateur achète son billet pour les épreuves, et avec ce dernier, qui est un billet utilisateur fauteuil roulant, il aura la possibilité de réserver ce service VIP de navette pour la somme de 4 euros. Cela lui permettra d’aller au pied du site olympique, et d’être déposé directement au pied des tribunes », détaille M. Deniziot.

Petit plus, Île-de-France Mobilités vient de lancer l’application « Transport public Paris 2024 », qui doit guider les spectateurs et visiteurs pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Des itinéraires leur seront proposés afin d’éviter les foules dans les lignes et les stations les plus proches des sites. Une fonctionnalité « voyageur en fauteuil roulant » est également disponible, affichant uniquement les trajets adaptés aux personnes concernées.

La région Île-de-France a longtemps accusé un certain retard en termes d’accessibilité, comparé à d’autres grandes métropoles mondiales. Celui-ci est en train de fondre petit à petit, grâce à tous ces investissements réalisés depuis près de 10 ans. « On a mené des études récentes sur les touristes en situation de handicap qui viennent à Paris et en Île-de-France. On se rend compte que ces derniers souhaitent revenir. Cela montre que la destination est plutôt handi-accueillante. C’est une étude très précise que l’on a faite, et qui montre que notre destination s’est vraiment améliorée et que l’on a vraiment besoin de changer son image », explique Pierre Deniziot.

Premier gros test pour vérifier ces dires : les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

 

> Consulter le dossier spécial JO de Paris 2024

 

Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock

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