REP Bâtiment : « nous attendons des conclusions » (Valobat)
Publié le 08 décembre 2025, mis à jour le 08 décembre 2025 à 15h05, par Virginie Kroun

Pouvez-vous nous dresser un point d’activité sur Valobat ?
Hervé de Maistre : Valobat se trouve dans une situation un peu paradoxale. Ce que nous avons mis en place depuis le lancement de cette responsabilité élargie des producteurs sur les matériaux de construction - la REP PMCB - porte largement ses fruits sur l'année 2025.
On le constate par une augmentation très forte, très rapide des volumes de déchets que nous collectons sur nos différents canaux de reprise.
Par exemple, sur ce qu'on appelle la catégorie 2, c'est-à-dire tous les matériaux hors inertes, il était prévu de doubler les volumes en 2025 par rapport à 2024. Les objectifs à mi-parcours ont été dépassés de 30 %. Côté plâtre et menuiseries, la collecte augmente encore plus vite que la moyenne des autres. C’est un succès. Ça, c'est le verre à moitié plein.
Valobat verrait-il le verre à moitié vide sur d’autres points ?
Hervé de Maistre : Valobat est une entreprise dont le mode de fonctionnement est complètement dirigé et conditionné par un cahier des charges défini par l'État. Au début de l'année 2025, l'État a décidé un moratoire et une refonte de la REP PMCB. Il y a des discussions, des réflexions, qui n'ont toujours pas abouti.
Nous sommes dans une forme d'incertitude depuis maintenant près d'un an. Cela devient très compliqué de construire des plans d'action, de continuer même l'activité, quand il n’y a pas de visibilité.
La réalité, c'est que l'ensemble des parties prenantes s'accordent à dire que le dispositif, tel qu'il a été prévu aujourd'hui dans le cahier des charges, n'est pas pérenne. Comme les autres parties prenantes, nous attendons impatiemment des conclusions.
Je salue tout de même la volonté des pouvoirs publics, dont Mathieu Lefèvre, ministre délégué sur le sujet, d'aboutir sur un dispositif avec un texte prêt à mettre en consultation et pour une mise en œuvre de la nouvelle REP début 2026.
Comment se sont déroulées les concertations ?
Hervé de Maistre : Il y a eu deux phases de concertation, dont une pilotée par l'État entre mars juillet. Ensuite, il y a eu une deuxième déléguée par l'État aux éco-organismes, septembre. Début novembre, le ministre nous a indiqué qu’il fallait diviser les coûts de la REP par deux, voire par trois, et revenir sur le principe de la gratuité pour les professionnels.
Quelle posture adopte Valobat face à ces conclusions ?
Hervé de Maistre : La première chose, c'est que, fondamentalement, à Valobat, nous sommes en faveur de cette refondation. Nous pensons depuis un certain temps que le modèle tel qu'il a été défini a beaucoup de faiblesses, d'absence de lisibilité pour un certain nombre de parties prenantes, et il n'est pas soutenable économiquement.
Ce qui est peut-être le plus grave et le plus embêtant pour nous, c’est que l'inflation des coûts dans le modèle actuel est impossible à couvrir et rendrait impossible l'atteinte des objectifs de cette REP.
Nous soutenons les grands principes tels qu'ils sont aujourd'hui retenus, et une meilleure transparence en amont pour les différents acteurs via la contribution visible. C’est-à-dire qu’elle apparaisse visiblement sur les factures des acheteurs et revendeurs, de manière à identifier celles qui ont bien été acquittées. Ce qui éviterait des free riders, qui ne payent pas l’écocontribution, et ainsi une concurrence déloyale, vis-à-vis des acteurs qui jouent le jeu.
Une mesure que Valobat soutient particulièrement dans le cadre de cette refonte ?
Hervé de Maistre : Il y a des familles de produits qui constituent des volumes très importants. Notamment les produits inertes, métalliques, bois, etc. On les appelle couramment « matures », parce qu'avant que la REP existe, des filières de recyclage fonctionnaient avec des taux de valorisation et de recyclage très significatifs. La difficulté, c'est que ces produits matures représentent des coûts très importants pour la REP, à peu près 75 %.

D’un autre côté, il y a les matériaux non matures (menuiseries extérieures, isolants en laine de verre, etc.) qui, d’un point de vue environnemental, ont besoin de bénéficier de la REP. Ce qui est proposé aujourd'hui dans les orientations, c'est d'alléger les coûts de la REP pour les matériaux matures et de les focaliser sur les matériaux non matures.

Si la reprise des matériaux non matures reste gratuite, la question d’une reprise payante de matériaux non matures se pose. Mais dans ce cas, plusieurs options sont possibles : reprise payante sur les gros chantiers mais gratuite pour les petits apporteurs, payante pour tous les professionnels mais gratuite pour les ménages dans les collectivités locales, voire payante pour tout le monde. La question est : jusqu'où va-t-on ?
Et pour le réseau de collecte ?
Hervé de Maistre : Il faut aussi maintenir un maillage sur le territoire, afin d’assurer un service de collecte adéquat et de désengorger les déchetteries municipales. La mission de celle-ci est d'apporter un service de reprise aux particuliers et non d'apporter un service aux professionnels.

N’oublions pas qu'un des objectifs principaux de la REP PMCB, c'est de lutter contre les dépôts sauvages, problématique qui préoccupe tous les élus locaux. Le plan qu'on propose comprend une transition pour une reprise efficace des déchets des professionnels sur les réseaux professionnels et un plan de détection des dépôts sauvages.
Ces orientations aujourd'hui, telles qu'elles ont été définies par le ministre et les grandes lignes proposées dans la refonte, vont dans le bon sens. Il est indispensable d'avancer maintenant vite, d'aller vers des conclusions tranchées et nettes, et de ne pas faire de la demi-mesure. Car actuellement, on parle d'un report en 2027 au lieu d’une application en 2026.
Propos recueillis par Virginie Kroun














