Fraude à la rénovation : Enedger mise sur l’IA pour renforcer les contrôles
Publié le 19 novembre 2025, mis à jour le 19 novembre 2025 à 17h37, par Raphaël Barrou

« La fraude coûte près d'un milliard d'euros par an, c'est beaucoup trop ! ». Au premier jour du Salon des maires 2025, à Paris Porte de Versailles, Guillaume Loizeaud annonce une estimation de la fraude à la rénovation énergétique.
Mais le président d’Enedger, jeune entreprise qui propose de lutter contre les irrégularités via l'intelligence artificielle, veut croire que le secteur peut retrouver la confiance des collectivités locales. À condition de faire la chasse à cette fraude massive.
« Plus on a de fraudes, plus on a de complexité réglementaire et plus les temps de traitement des dossiers de financement sont longs », résume-t-il. Selon M. Loizeaud, les irrégularités finissent donc par impacter l'entièreté du chantier.
Pour lui, le combat contre les fraudes par la réglementation a échoué à obtenir des résultats concluants : « Cela fait 15 ans que l'on rajoute des couches de réglementation. Preuve en est que ça ne suffit pas à juguler le phénomène des fraudes ».
Restaurer la confiance pour préserver le financement de la transition écologique
Pour Enedger, la solution est donc technologique. Grâce à l'intelligence artificielle et à la blockchain, la marque valide la véracité des données d'une opération d'économie d'énergie avec des contrôles automatiques. Le dispositif vérifie ainsi : les entreprises et leurs qualifications, les bénéficiaires (entreprises ou particuliers), les bâtiments concernés par la rénovation et les gains de performance énergétique constatés après la rénovation.
L'entreprise affirme discuter avec Qualibat de la possibilité de connecter directement la base des labels RGE, qui sont délivrés par l'association, avec son dispositif de vérification.
Enedger ne cache pas ambition de restaurer la confiance envers la filière, de manière à garantir l'utilisation faite du financement. « Les aides pour le financement de la transition énergétique, c'est quelque chose d'extrêmement précieux dont on a tous besoin et qu'il faut protéger. Si on nous enlève ce système d'aides demain matin, ça va être un carnage économique et on aura tout perdu. »
La solution Enedger comprend une application, qui permet de prendre des photos géolocalisées et horodatées. « Elles sont la preuve sur site de l'opération elle-même. Avec la photo géolocalisée, on ne peut plus utiliser des photos qui ont été utilisées 50 fois. »
Des devis qui ne peuvent plus être falsifiés selon Enedger
Les devis sont également analysés par l'IA, qui indique les non-conformités pour éviter aux artisans de laisser des erreurs dans leurs documents. Une fois que le document est validé, il peut être protégé dans la blockchain. « À partir de ce moment-là, ce document ne peut pas être falsifié, on ne peut pas avoir de doublon, il est protégé ! », s'enthousiasme Monsieur Loizeaud.
L'inscription coûte 100 € par entreprise par an, puis 15 € par opération d'économie énergie. « Ce n'est pas cher ramené au montant des aides sur une opération », justifie-t-il. « On a souhaité démocratiser cette solution de confiance, que le prix ne soit pas un sujet et que cela ne soit pas une objection pour que l'ensemble de la filière l'adopte. »
Après avoir fait ses preuves en France, Enedger envisage, à l'avenir, de proposer ses services à l'échelle européenne. « On a, au niveau du continent, 35 millions de bâtiments à rénover d'ici 2030 », rappelle Guillaume Loizeaud, en faisant allusion aux objectifs annoncés par la Commission européenne.
Par Raphaël Barrou














