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Au T1 2022, +19 % de défaillances pour les entreprises de la construction

Publié le 12 avril 2022

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Avec +34,6 % de défaillances par rapport au T1 2021, les entreprises françaises retrouvent petit à petit la moyenne d'avant-crise, selon une étude Altares publiée ce mardi. La construction s’en tire plutôt bien, avec seulement +19 % de défaillances. Dans le détail, le gros-œuvre (+12 %) s’en sort mieux que le second-œuvre (+34 %). Si la sortie progressive du soutien gouvernemental aux entreprises explique ce retour à la hausse, les aides devraient certainement se maintenir face aux tensions d'approvisionnement ravivées par la guerre en Ukraine.
Au T1 2022, +19 % de défaillances pour les entreprises de la construction - Batiweb

« Pas de déferlante, mais plutôt un dur retour à la réalité ». Voilà comment l’étude du groupe Altarès, diffusée ce mardi, résume les défaillances d’entreprises au premier trimestre 2022.

+34,6 % de défaillances d’entreprises par rapport au T1 2021

 

9 972 procédures collectives pour défaillances ont été ouvertes depuis le début de l’année, soit une hausse 34,6 % par rapport à un an plus tôt.

Dans le détail, l’ouverture de procédures amorcées en novembre dernier a abouti 220 jugements ce trimestre. Un quart sont des procédures de redressement judiciaires, en augmentation de 46,6 % mais qui restent en dessous des 30 % observés en 2018. Altares compte 7 564 liquidations judiciaires (+31,7 %), suivies des procédures de sauvegarde (+29,4 %), représentant cependant 2,2 % de l’ensemble des procédures.

Globalement, le nombre progresse par rapport au T2 2021, période durant laquelle 6 587 procédures ont été observées. Le niveau actuel demeure cependant inférieur à ceux d’avant-crise, le T1 2020 enregistrant 10 902 défauts, et les T1 de 2018 et 2019 frôlant les 14 000.

« En 2020 et 2021, moins de 61 000 procédures collectives ont été ouvertes contre 107 000 lors des deux années précédentes. Plus de 46 000 entreprises ont été sauvées de la défaillance durant la longue période Covid. Sans le fameux « quoi qu’il en coûte » gouvernemental, la crise sanitaire aurait pu provoquer bien plus de procédures », recontextualise Thierry Millon, directeur des études Altares.

« Au 1er trimestre 2022, l’étau de la crise sanitaire se desserre et les aides s’arrêtent. Un retour à une forme de normalité qui implique aussi une reprise des défaillances. La hausse s’amorce donc et elle est déjà très nette dans les secteurs qui comptent sur la reprise des habitudes de consommation comme aller au restaurant ou chez le coiffeur », poursuit-il. 

La construction bien en dessous de la moyenne globale

 

L’étude Altarès relève effectivement une hausse plus forte des défaillances côté activités B2C, notamment dans la restauration, où le phénomène double (+111 %). La résistance à cette période semble plus forte au sein des activités B2B : transports (+37 %), industrie manufacturière (+29 %), services aux entreprises (+17 %), agriculture (+12 %)...

La construction est sur la même tendance, la hausse des défauts étant moins rapide qu’au niveau de la moyenne nationale (+19 %). Parmi les secteurs spécifiques, le gros œuvre s’en tire le mieux (+12 %), soutenu par la maçonnerie générale (+8 %). D’autres domaines de la construction virent cependant au rouge, notamment le second œuvre (+34 %), tiré par les travaux d'installation électrique (+45 %) ou de plâtrerie (+40 %).

D’autant que la construction – avec le commerce et l’industrie – constituent le cœur des PME de 10 à 49 salariés, dont les défaillances explosent de 56 % sur un an au T1 2022. Il n’empêche que la majorité des entreprises en cessation de paiement sont des TPE (94 %).

Et quand ce n’est pas la taille, c’est l’âge de l’entreprise qui fait bouger le curseur. « Près de la moitié (48 %) des entreprises entrées en défaillance au 1er trimestre ont été créées il y a moins de 5 ans. Plus sévère encore, les défaillances chez les entreprises fondées pendant ou juste avant la crise ont flambé de 52 %. 1 927 procédures concernent des structures de moins de 3 ans. 83,8 % sont immédiatement placées en liquidation judiciaire », constate ainsi Altares.

Le « quoi qu’il en coûte » gouvernemental laisse place au plan de résilience

 

Un bilan qui ébranle l’embellie prévue pour cette année. « En ce début d’année 2022, la confiance en l’avenir gagnait du terrain : les niveaux de trésorerie, les carnets de commande bien remplis laissaient présager une reprise de l’économie », se rappelle Thierry Million. 

« Toutefois, depuis le 24 février et le début de l’invasion russe en Ukraine, l’horizon s’assombrit : la flambée des prix de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement, les pénuries de matériaux, l’inflation qui s’emballe… autant de signaux qui incitent à la prudence. À l’instar du « quoi qu’il en coûte » gouvernemental déployé pendant la crise sanitaire, le nouveau plan de résilience de 7 milliards d’euros devrait contribuer à empêcher la faillite des entreprises directement impactées par la guerre et celles plus durement touchées par l’envolée des prix de l’énergie », contre-t-il.

Bien que l’activité partielle, PGE, et autres soutiens gouvernementaux tendent à maintenir la tête des entreprises hors de l’eau, l’Etat « exhorte les entreprises à tout faire pour continuer à payer leurs factures dans les temps». D’autant que les tensions ravivées par le conflit russo-ukrainien pourraient inciter les entreprises à étaler davantage leurs règlements de factures, afin de protéger leur trésorerie.

Ce qui amène Altares à aborder les résultats de la procédure de traitement de sortie de crise (PTSC). Créé par la loi du 31 mai 2021 relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire, le dispositif doit permettre d'assurer la survie des entreprises en difficultés financières depuis la pandémie. Un accompagnement qui doit prendre fin le 2 juin 2023, et réservé aux entreprises de moins de 20 salariés à la date de la demande et affichant des finances satisfaisantes avant la crise (moins de 3 millions d’euros de total de passif hors capitaux propres plus précisément).

« En principe donc, cette nouvelle procédure peut concerner de très nombreuses entreprises en cessation de paiements. Cependant, ces dernières doivent pouvoir payer leurs salariés. En effet, à la différence du redressement judiciaire, la PTSC ne permet pas de bénéficier d’une avance du régime de garantie des salaires (AGS), ce qui peut s’avérer être un frein », développe Altares.

Cinq mois après le début de la PTSC, à peine plus d’une trentaine de procédures ont été ouvertes, dont 18 sur le premier trimestre 2022 et 14 au cours du dernier trimestre 2021. Résultat, deux entreprises ont été soumises à un redressement ou à une liquidation judiciaire, tandis que 10 ont validé un plan sur une durée de 5 à 10 ans. 


Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 
 

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