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Le bois-énergie, levier de relance et de transition énergétique

Publié le 05 février 2021

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Les professionnels du bois-énergie ont réuni la presse, jeudi 4 février, pour faire un tour d’horizon des atouts du bois, première source d’énergie renouvelable en France. Si le matériau est au cœur des discours, son développement suscite des interrogations, note les acteurs de la filière. Ils reviennent sur le rôle du bois dans la captation du carbone, la transition énergétique et dans l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de la France.
Le bois-énergie, levier de relance et de transition énergétique - Batiweb

Les professionnels du bois-énergie sont mobilisés et comptent bien poursuivre leur communication pour convaincre le plus grand nombre de la nécessité d’accompagner le développement du matériau, « *première source d’énergie renouvelable en France ». 

Lors d’une visio-conférence de presse, Michel Druilhe, Président de l’Interprofession nationale France Bois Forêt, a souligné : « En France, nous n’avons pas une forêt, nous avons des forêts. Et elles rendent toutes d’inestimables services pour le captage de carbone, et aussi pour les paysages, la filtration de l’eau, la protection des sols, le tourisme, la lutte contre les incendies, et la production de bois ».  « Un m3 d’arbres séquestre l’équivalent d’une tonne de CO2 et la combinaison des différents usages autant. La substitution permet d’éviter l’usage de matériaux très énergivores comme le béton, les métaux, les plastiques ou de consommer des énergies fossiles », a-t-il poursuivi. 

« Il semble évident que le bois ne remplacera pas tous les autres matériaux, mais plus il participera à leur mise en œuvre, et plus il sera efficace », a ajouté Michel Druilhe. « La séquestration du carbone dans le matériau continue tout au long de sa durée de vie. Le cumul de ses effets est capital puisqu’il correspond à 130 millions de CO2 évités, soit 25% des émissions de gaz à effet de serre de la France ». 

Une ressource qui se renouvelle 

Bien sûr « tout cela ne servirait à rien si le bois n’était pas un matériau renouvelable ». La forêt française représente à elle seule 13% de la surface boisée de l’Union européenne, et 17 millions d’hectares en France, soit 31% du territoire national. Une forêt en croissance constante depuis 1850. L’IGN estime qu’en 35 ans, on est passé de 1,8 milliards de m3 d’arbres à 2,7 milliards de m3 d’arbres. Quant aux prélèvements, sur les 91 millions de m3 d’accroissement annuel naturel de la forêt française, un peu moins de 56% sont prélevés par des professionnels. « La France ne déforeste donc pas ». Qui plus est, la forêt française bénéficie d’une gestion « rigoureuse et raisonnée », et le renouvellement forestier se fait par « régénération ou replantation ». 

L’exploitation forestière est un tout, et le « bois-énergie joue un rôle important dans l’équilibre économique des forêts mais aussi pour le développement de la sylviculture et l’industrie de la transformation ». Les usages du bois sont « intimement liés » s’inscrivant ainsi dans une démarche d’économie circulaire. 

Le bois-énergie en quelques chiffres 

S’agissant de l’usage du bois dans les installations collectives et industrielles, la filière « est en panne depuis 2016 », a révélé Mathieu Fleury, Président du CIBE. Une des raisons, un coût du gaz « très déprécié ces derniers années ». Pour atteindre les objectifs en termes de stratégie bas carbone, 9,2 milliards d’euros doivent être investis sur 10 ans, une somme que les acteurs de la filière sont prêts à débloquer. « Ce sont des flux financiers de 1,3 mds d’euros/an qui sont réinjectés sur le territoire. L’achat, la transformation de ce combustible permet de renouveler la forêt, de créer de l’emploi ». Environ 10 000 ETP sur 10 ans pour la réalisation des travaux et 6 700 ETP pour le fonctionnement des installations. Le chiffre à retenir étant qu’un emploi correspond à 1 000 tonnes de bois. 

La filière est également peu consommatrice de deniers publics, a insisté Mathieu Fleury. « Si on avait une taxe aux alentours de 100 – 120 € la tonne, on n'aurait même plus besoin de fonds publics pour mettre en œuvre nos projets ». « Ce débat sur la taxe carbone nous a créé un tort considérable », a-t-il estimé, appelant à remettre sur la table le sujet, en expliquant mieux les choses, et en faisant de la pédagogie auprès des familles encore trop dépendantes des énergies fossiles. 

A ce jour, environ 7 000 installations au bois-énergie fonctionnent en France dont 6 150 de 0 à 2 MW (pour une puissance de 1700 MW de puissance), 570 installations de 2 à 10 MW et 150 installations supérieures à 10 MW, qui vont représenter un peu plus de la moitié de la puissance installée en France. Pour ce qui est de la consommation de bois, elle s’élève, sur ces installations, à 12 millions de tonnes pour quasiment 37 TWh d'énergie générée. 

Le bois-énergie domestique 

Aymeric de Galembert, président du Groupe Seguin, et Co-Président de la commission chauffage au bois du SER, est lui revenu sur les chiffres du chauffage bois domestique, qui consomme à lui seul 65% du bois énergie en France. Aujourd’hui, 7,4 millions de foyers français sont équipés d’un chauffage au bois (contre un objectif de 10,2 à 11,3 millions pour 2028 inscrit dans la PPE). Concernant les emplois directs et indirects sur la filière bois domestique, ils représentent 26 100 ETP en 2019 (étude EY) pour un objectif PPE de 39 600 emplois. Sur le plan économique, c’est une valeur ajoutée de 3,2 mds d’euros, non délocalisable et concentrée dans les zones rurales. 

Parmi les enjeux de la filière, celui de structurer plus encore le marché, un marché plus formalisé qui aurait des vertus en termes d’emplois et de performance énergétique. Aymeric de Galembert a en effet évoqué le fait qu’une grande partie de la consommation provient d’un marché dit « informel » (80% des bûches par exemple). L’État a acté de la vertu d‘accroitre la filière formelle : « il est question d’un abaissement du taux de la TVA à 5,5% pour encourager et limiter la différence de tarifs entre le marché informel et le marché organisé », a-t-il précisé. 

Si la question de la QAI se fait toujours aussi présente, il a rappelé la performance des nouveaux appareils avec des émissions de particules qui sont aujourd’hui 5 fois plus faibles que les seuils qui distinguaient les meilleurs appareils il y a 15 ans dans le cadre du label Flamme Verte, et 10 fois moins importantes que sur les anciens équipements. « La clé est d’inciter au renouvellement du parc d’appareils » via la pérennisation des dispositifs de financements incitatifs (MaPrimerenov’, Fonds air-bois), et la mise en place d’un un soutien spécifique au remplacement. Et de veiller à la bonne installation et à l’entretien des équipements (ramonage deux fois par an), ainsi qu’à l’utilisation d’un combustible de qualité (sec, écorcé, fendu) avec un allumage par le haut. 

*Le bois énergie représente la première des énergies renouvelables en France, totalisant à lui seul environ 36% des énergies renouvelables produites, soit 114,56 TWh. 

Rose Colombel
Photo de une : ©Adobe Stock

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