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Plan anti-chute : et l’avis du bâtiment dans tout ça ?

Publié le 17 mars 2022

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Fin février, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, et Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, lançaient leur plan anti-chute. Une série de mesures visant à réduire de 20 %, d’ici 2024, le nombre de ces accidents nuisant à la population des plus de 65 ans en France. L’intention est bonne, mais aurait mérité plus d’information et de concertation avec les acteurs du bâtiment. C’est ce qu’estiment l’AFISB, la CAPEB, la FDME, la FNAS, la FFIE, et IGNES, co-signataires d'une tribune.
Plan anti-chute : et l’avis du bâtiment dans tout ça ? - Batiweb

On le sait : chaque année, deux millions de personnes âgées de plus de 65 ans sont victimes de chutes accidentelles. Première conséquence : plus de 130 000 hospitalisations et 10 000 décès. Des conséquences physiques couplées à des griefs psychologiques et sociaux, car révélateurs d’une prise en charge encore incomplète de la perte d’autonomie

L’impact financier n’est pas non plus négligeable, car les chutes chez les séniors engendrent un coût pour la collectivité́ de 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard géré par l’Assurance Maladie à elle toute seule. Et les dégâts risquent de se corser face au vieillissement de la population, qui accueillera normalement 2,4 millions de personnes de plus de 65 ans en plus d’ici 2030.

D’où la publication, fin février, d’un plan national triennal anti-chute des personnes âgées, lancé par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, et Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie. S’inspirant des ambitions européennes sur le sujet, ce plan vise la réduction de 20 % des chutes mortelles ou invalidantes des personnes de 65 ans et plus d’ici 2024.

Pour ce faire, la feuille de route a défini cinq grands leviers. On compte notamment la proposition d’aménager dans le logement des outils dédiés au repérage des risques, couverts par l’aide MaPrimeAdapt’. À cela s’ajoutent des mesures pour sensibiliser les séniors à ces risques, retrouver et prolonger leur mobilité après accident, favoriser l’activité physique ainsi que la téléassistance.

 

Les acteurs du bâtiment saluent le plan, mais auraient aimé être consultés

 

Le plan antichute a suscité des réactions, y compris du secteur du bâtiment pour toutes les propositions d’aménagement. 

C’est le cas notamment de l’Association Française des Industries de la Salle de Bains (AFISB), de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), de la Fédération des Distributeurs de Matériel Électrique (FDME), Chauffage, Climatisation et Canalisations (FNAS), de la Fédération Française des Intégrateurs Électriciens (FFIE), des Industriels des solutions électriques et numériques du bâtiment (IGNES).

Les présidents de ces cinq organisations professionnelles ont salué l’objectif ambitieux du plan anti-chute, dans une tribune publiée ce mercredi 16 mars. 

« Toutefois, en tant que professionnels du bâtiment, nous déplorons vivement de ne pas avoir été consultés et ce bien en amont de la sortie de cette campagne. Nous sommes intimement convaincus que c’est grâce à un travail en totale synergie entre les acteurs des secteurs du bâtiment et du médico-social que le gouvernement pourra espérer atteindre ses objectifs chiffrés et, plus largement, réussir une réelle adaptation du logement des seniors », déplorent-ils. 

Les présidents attirent également l’attention sur l’expertise des entreprises du bâtiment, concernant les installations de solutions prévenant ou alertant les risques de chute. Ils la considèrent nécessaire pour assurer la qualité et la sécurité des prestations, proposées par les installateurs sur le territoire. 

Autre bémol du plan évoqué par l’AFISB, la CAPEB, la FDME-FNAS, la FFIE, de l’IGNES : des informations incomplètes, tant sur l’ensemble des aides publiques que le coût des solutions et leurs promesses en termes d’efficacité.

« À titre d’exemple, quelle sera la pérennité de fonctionnement du « chemin lumineux à 25 € » ? Quel sera son impact environnemental ou son éventuelle dangerosité électrique ? Et combien de temps faudra-t-il avant que ce type de système ne se détache du mur pour devenir lui-même l’objet d’une chute ? Qu’en serait-il également d’une barre d’appui dont le système de fixation serait défectueux ? », s'interrogent les organisations. 

Elles regrettent également que le plan omette des solutions telles que celles associées à l’adaptation de la salle de bains et des sanitaires (toilettes suspendues, espace douche sécurisé et adapté en remplacement des baignoires).

L’AFISB, la CAPEB, la FDME-FNAS, la FFIE, de l’IGNES mentionnent en outre « les capteurs de chute ou d’inactivité qui peuvent fonctionner indépendamment de la téléassistance, alors même qu’elles avaient d’ailleurs été mentionnées par le ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran à l’occasion de la clôture du Ségur de la Santé de juillet 2020 ».
 
Autant d’aspects techniques manquant à l’appel, que les organisations expliquent par la dimension sociale trop accordée au plan. 

« Nous espérons que les futurs travaux autour du dispositif MaPrimeAdapt’ soient bien le fruit d’un travail collaboratif associant l’ensemble des parties prenantes des secteurs de la santé et du bâtiment, capables d’apporter leur expertise respective, y compris sur le plan environnemental et économique, pour garantir l’atteinte d’un parc de logements adaptés aux personnes âgées et favoriser de manière effective le bien vieillir à domicile», concluent-ils.

Pour en savoir plus sur le plan antichute, rendez-vous sur le site des Solidarités et de la Santé

 

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock 

 

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