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Ce que le BTP doit retenir du plan de sobriété énergétique

Publié le 07 octobre 2022

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Ce jeudi, le gouvernement partageait sa feuille de route pour la sobriété énergétique, un des trois leviers activés pour lutter contre la crise énergétique. Au programme des mesures concernant le BTP : automatiser les consommations énergétiques dans tout type de bâtiment et des accompagnements pour les entreprises et industries.
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« La crise énergétique nous pousse à revoir nos habitudes et à accélérer pour sortir, plus vite, de la dépendance aux énergies carbonées », rappelle Elisabeth Borne, dans son plan de sobriété énergétique, diffusé ce jeudi. 

La Première ministre abonde : « La crise climatique n’est plus un concept d’experts, c’est une réalité tangible et ravageuse. Canicule, sécheresse, incendies... : chacun a pu mesurer les effets du dérèglement climatique cet été. (…) Dans ce contexte, l’hiver prochain sonne comme un défi. En agissant ensemble, nous pouvons éviter les pénuries, les coupures et limiter l’impact économique de l’arrêt quasi total des livraisons de gaz par la Russie (…) ».

Car si l’anticipation et la diversification des approvisionnements fait partie de la stratégie gouvernementale, à cela s’ajoute la réduction de 10 % des consommations énergétiques globales. Un levier activé fin juin, avec des groupes de travail avec différents acteurs, dont ceux du logement, à l’initiative d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

Encourager les programmateurs thermiques intelligents dans les logements et autres bâtiments

 

Dès le début de la guerre en Ukraine et le crise énergétique, le gouvernement a mis l’accent sur la rénovation des logements. En résulte l’augmentation des aides MaPrimeRénov’ et des CEE pour le changement de chaudières fioul, y compris à condensation. « Ces aides permettent à un ménage aux revenus très modestes de bénéficier d’une aide allant jusqu’à 15 500 € pour une chaudière biomasse performante par exemple », précise le plan de sobriété énergétique. 

Mais ces changements de systèmes de chauffage vont de pair avec l’obligation, depuis 2018, d’installer des programmateurs intelligents dans les chaudières (de l’ordre de 600 000 logements par an) comme dans les compteurs. Selon une source Synasav citée par le gouvernement, ces dispositifs intelligents permettent d’économiser entre 5 et 15 % de gaz. 

D’autant que l’obligation visant tous les nouveaux bâtiments résidentiels d’ici 2025, s’étendra aux bâtiments tertiaires et résidentiels existants. Dans les bureaux, la température maximale de chauffe est de 19°C en présence des occupants, de 16°C la nuit et de 8°C lorsque le bâtiment est fermé plus de trois jours. Ce qui encourage davantage l’installation de systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments (BACS) pour un pilotage intelligent et par extension 20 % de gaspillage énergétique évité. 

Un guide dédié sera diffusé aux gestionnaires de bâtiments d’ici novembre 2022, tandis que le gouvernement lancera une discussion pour étendre cette obligation aux bâtiments tertiaires équipés de chauffage ou de refroidissement d’une puissance supérieure à 70kW, d’ici 2027. 

Dans les bâtiments résidentiels comme tertiaires, le plan de sobriété énergétique appelle à un décalage du début et de la fin de période de chauffe, en cas de température clémente. Cela vaut également pour la consommation d’eau chaude sanitaire, pour réguler la gestion des pointes de demande électrique, notamment celle du matin de 8 h à 13 h.

Côté bâtiments publics, différents travaux rentables à court terme peuvent être lancés : outils de régulation et de pilotage comme des thermostats intelligents, changement de chaudière, isolation, passage de l’éclairage en LED... Tant de chantiers que tendent à couvrir le programme Résilience de 50 millions d’euros, complété dès octobre 2022 par une autre dotation de 150 millions d’euros. 


Des aides et de la sensibilisation pour les entreprises et industries

 

Les entreprises - y compris du bâtiment - sont également concernées par la sobriété énergétique, entre réduction de l’éclairage et limitation des déplacement inutiles. C’est dans cette idée que La Poste a lancé le programme Baisse les watts, pour accompagner les TPE et PME des secteurs énergivores, doté de 26 millions d’euros. 26 millions d’euros investis dans la sensibilisation et la formation à l’amélioration des performances énergétiques en entreprises. 

BPI France, de son côté, a mis en place le Climatomètre transmettant aux entreprises des ressources et formations en ligne et compilant des leviers de financement (Coq vert, Diag eco-flux, etc.). Sans compter le prêt vert économie d’énergie de l’Ademe et Bpifrance, qui vise à soutenir les programmes d’investissements verts de TPE, PME et d’entreprises de taille intermédiaire. 

Les chambres de commerce et d’industrie (CCI) et les chambres de métiers et de l’artisanat (CMA) mettent à disposition le dispositif TPE & PME offrant diagnostic, analyse et accompagnement énergétique jusqu’à un an. Son dispositif Visite énergie envoie un conseiller spécialiste effectuant gratuitement une visite des locaux d’entreprises et préconise un plan d’action visant à réduire les consommations. 

Mais qu’en est-il de la marche à suivre du côté des industries, dont on encourage la décarbonation ? C’est le cas des industries de tuiles, particulièrement voraces en gaz et dont la production est menacée depuis le début de la guerre en Ukraine, comme alertait la FFB en mars dernier

Selon le plan de sobriété énergétique du gouvernement, il convient de mener aussi dans les usines des audits et diagnostics d’efficacité énergétique. La plateforme Je décarbone recense ces prestations et planifie des ateliers nationaux et régionaux. Une manière d’inciter les industriels à passer le cap et s’engager dans des investissements rapides de travaux : systèmes de management de l’énergie, capteurs, isolation thermique des réseaux de chaleur, étanchéité des réseaux...

« Par ailleurs, dans un contexte de tensions sur les approvisionnements en électricité et en gaz, une planification des maintenances et des plans de production adaptée peut réduire les consommations d’énergie lors des périodes de tension sur le réseau national. Les industriels énergo-intensifs s’engagent, dans la mesure des flexibilités offertes par leurs procédés, à renforcer le calage de leurs plans de production en fonction des signaux de tension signalés no- tamment par le dispositif ÉcoWatt », ajoute le gouvernement dans son plan de sobriété énergétique. 

Écowatt, le Bison futé de la consommation électrique 

La crise énergétique et le plan de sobriété qui en découle a été l’occasion pour le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) d’ajuster son dispositif Écowatt. 

Dès cet hiver, ce système signale la situation du système électrique en France à travers un code couleur : vert pour normale, orange pour tendue mais a priori sans coupure, ainsi que rouge pour très tendue. Les journées orange et rouge sont annoncées trois jours à l’avance pour inciter tout consommateur à adopter les gestes recommandés par le gouvernement et éviter d’éventuelles coupures. 


Pour ce qui est de la logistique, France logistique et ses membres ont identifié plusieurs leviers de sobriété. D’abord dans l’immobilier logistique, avec réduction de l’éclairage (recours aux LED, systèmes de détection de présence) et de consommation de chauffage (consignes de température, etc.). Sans compter l’optimisation des recharges de batteries (véhicules, chariots) en évitant les plages horaires les plus tendues (8h-13h, 18h-20h).

D’ailleurs, à propos des transports de marchandises, le plan de sobriété énergétique préconise les formations à l’éco-conduite, l’optimisation des tournées de livraison ainsi que le verdissement des flottes automobiles, en se référant à l’outil verdirmaflotte.fr  par exemple. Tout un panel de gestes qui nous rappellent celles engagées par les distributeurs des matériaux de construction, par une charte diffusée par la FDMC.


Virginie Kroun 

Photo de Une : Adobe Stock
 

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